Titulaire pour la deuxième fois consécutive au poste de troisième ligne médiane, Matthias Haddad a certainement été le meilleur joueur rochelais sur la pelouse castraise malgré la défaite de La Rochelle (28-24). Il revient sur la performance de son équipe qui a su revenir dans le match même si elle était menée de vingt-deux points à la pause.
Aviez-vous peur de vivre un cauchemar en étant mené 28-6 à la pause ?
Oui et non car nous avons beaucoup d’abnégation et de caractère. Nous sommes venus jouer un match à Castres. On commence face au vent et on fait des erreurs un peu bêtes. Mais nous n’avons pas vraiment paniqué. Nous n’étions pas inquiets et nous voulions croire au projet. Il a juste fallu effacer de petites erreurs et puis, en seconde période, avec le vent dans le dos, on a vu que c’était plus à notre portée. On a su revenir dans le match mais malheureusement pas assez.
Le vent est presque tombé à la pause. Avez-vous eu peur de ne pas pouvoir en profiter ?
Non parce que mentalement, tout le monde se disait qu’on jouait avec le vent dans le dos. Nous avons joué avec beaucoup de vitesse. Nous avons eu quelques ballons rapides dans la mêlée pour nous permettre de démarrer. On a vu des joueurs avec ce caractère, ce cran pour pouvoir arriver à un résultat. Après le carton rouge, Dillyn nous a dit que ce serait une belle histoire si nous parvenions à gagner. On savait que c’était un match important dans un championnat qui est long et où on a besoin de tout le groupe. Nous avons eu de nouveaux joueurs, des jeunes qui n’ont pas l’habitude de jouer. Cela aurait été une victoire fondatrice, surtout après nos dernières prestations à l’extérieur. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Comment expliquez-vous l’indiscipline de la première mi-temps ?
Nous avions beaucoup d’envie et malheureusement cela se combine parfois avec de l’indiscipline, ou du moins un manque de lucidité. Ce fut le cas, notamment pour moi, à deux reprises. C’est dommage car cela nous met dans une position où Castres n’en avait pas besoin face au vent. Cela fait aussi partie du rugby. Les Castrais ont aussi commis des erreurs et ils n’ont pas perdu le match. Mais, c’est quelque chose qu’il faudra améliorer pour la réception de Vannes qui viendra avec les crocs pour obtenir un résultat à l’extérieur.
Le carton rouge a coupé pendant quelques minutes votre bel élan. Est-ce que ce sont ces cinq petites minutes qui vous ont manqué à la fin ?
Nous avions préparé plusieurs scénarios. Je suis très triste pour Sandro (Kuntelia). C’est frustrant. Mais nous avions les munitions pour gagner ce match. On a aussi commis des petites erreurs, comme sur ce maul où les Castrais se sont cassé le bras alors que nous pouvions marquer, ce qui a un peu cassé notre dynamique. Mais je suis très fier du caractère et de la réaction de l’équipe qui nous a porté jusqu’au bout du match.
Est-ce un coup du staff technique à la pause qui vous a permis de resserrer ?
Je crois que ce sont les liens qui nous unissent. Nous avions voyagé six heures et demie en bus, ce n’était donc pas pour faire de la figuration. Nous avons également pensé à nos supporters venus. Quand on voit aussi ses amis s’échauffer, on se dit qu’il ne faut pas abandonner. On ne pouvait pas laisser le score comme ça. Il faut un minimum de fierté quand on porte le maillot. C’est pour, au moins, redorer l’image que nous avons lutté jusqu’au bout.
Ce bonus défensif est-il finalement un bon point après avoir été mené 28-6 à la pause ?
C’est frustrant de perdre par quatre points. D’autant que nous avions travaillé sur ce scénario cette semaine. On avait vu ce scénario : dernier coup d’envoi, vingt secondes de jeu et quatre points de retard au tableau d’affichage. Nous étions préparés mentalement à cette éventualité et c’est ce qui nous a permis de tenir le ballon. C’est frustrant car on aurait aimé ramener une victoire pour Jo (Danty) premier en troisième ligne. On voulait qu’il puisse garder le maillot car on ne sait pas s’il va en avoir beaucoup avec un seul numéro dans le dos.
Comment l’avez-vous trouvé dans ce nouveau rôle à vos côtés ?
Jo a des normes très élevées. C’est un match normal pour lui mais c’est un match énorme pour n’importe quel joueur. Jo est une joueuse de classe mondiale qui devrait jouer en équipe de France et j’espère que ce sera le cas dans un avenir très proche. Je l’aime. Il a beaucoup travaillé sans se soucier. Il m’a impressionné par sa rapidité d’adaptation à un tel changement de position. Je ne peux qu’être fier de lui. J’ai beaucoup de respect pour l’homme et le rugbyman ce soir.