Le député insoumis Ugo Bernalicis, qui porte l’affiche du groupe LFI, dénonce « l’instrumentalisation » de ce délit, créé en 2014, pour « réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes et même des syndicalistes ».
La France insoumise (LFI) a déposé mardi 19 novembre à l’Assemblée une proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme qui, selon la mouvance de gauche, a accentué « l’instrumentalisation de la lutte antiterroriste » contre « liberté d’expression », suscitant de vives critiques de la droite et du camp présidentiel.
Le texte, déposé par le député LFI du Nord Ugo Bernalicis et ses collègues LFI, veut supprimer ce délit créé par une loi de 2014, estimant qu’en la matière « la loi du 29 juillet 1881 traitant des faits relatifs aux délits de excuses pour le crime, excuses pour les crimes de guerre, excuses pour les crimes contre l’humanité.
Le député insoumis cite plusieurs avis d’experts et de personnalités pour soutenir son initiative : un rapport de 2019 rédigé par Fionnuala Ní Aoláin, rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme auprès de l’ONU, et une interview du 8 octobre 2024 avec l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, qui dénonce « une véritable dérive, une déviation totale de la loi » car « après les attentats de novembre Le 13 décembre 2015, sous le coup de l’émotion, nous avons commencé à voir le terrorisme partout ».
« Suppression de la liberté d’expression »
« Quelle démocratie peut encore garder son nom lorsque les méthodes antiterroristes sont utilisées pour réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes ou encore des syndicalistes », peut-on lire dans l’exposé des motifs.
« Les moyens de lutte contre le terrorisme en France ont été régulièrement détournés de leur finalité par les gouvernements en place pour réprimer la liberté d’expression », peut-on également lire dans cette présentation.
Ugo Bernalicis cite le cas du leader CGT du Nord Jean-Paul Delescaut, condamné à un an de prison avec sursis en première instance – il a fait appel de cette décision – pour « apologie du terrorisme » via des propos tenus dans un tract de soutien aux Palestiniens .
« Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas en Israël, NDLR), ils ont reçu les réponses qu’ils ont provoquées », peut-on lire dans ce tract.
Auditions de Rima Hassan et Mathilde Panot
Le député LFI évoque également sa présidente de groupe, Mathilde Panot, et l’eurodéputée LFI Rima Hassan, qui ont été interrogées en avril par la police judiciaire parisienne dans le cadre d’enquêtes pour « apologie du terrorisme ».
Mathilde Panot a notamment été entendue au sujet du communiqué publié par son groupe le 7 octobre 2023, dans lequel l’attaque du Hamas en Israël était qualifiée d’« offensive armée des forces palestiniennes », dans un « contexte d’intensification de la guerre ». Politique d’occupation israélienne » dans les territoires palestiniens.
« Difficile d’être plus méprisable », a écrit sur X le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en réaction à ce projet de loi insoumise. « Un projet de loi de la honte. Une infamie de plus des Rebelles», a jugé le président du groupe UDR Éric Ciotti.
« Une semaine après les commémorations des attentats du 13 novembre, LFI propose d’abroger le délit d’apologie du terrorisme. Socialistes, comment prétendre gouverner avec eux ? Le cynisme a ses limites», s’est pour sa part indigné le député macroniste David Amiel, comme plusieurs autres de son groupe.
Face aux critiques, le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé « une nouvelle attaque contre LFI venant de l’extrême droite et servilement reprise par la bureaucratie médiatico-politique ». “Plutôt que de faire des films, lisez le texte du projet de loi”, a-t-il déclaré.