L’L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 75 ans, aurait été arrêté samedi 16 novembre. à l’aéroport d’Alger à son retour de France, accompagné d’un journaliste d’un média français, selon nos sources. Depuis, ses proches sont sans nouvelles de lui. Aucune information n’a encore fuité, ni du côté français, ni du côté algérien. L’information commence à circuler sur les réseaux sociaux.
Arnaud Benedettirédacteur en chef du Revue politique et parlementaire, publié sur : « Nous n’avons aucune nouvelle de l’écrivain Boualem Sansal, membre de [la Revue]depuis son arrivée à Alger le 16 novembre. Selon plusieurs sources, il aurait été arrêté. Si cette information se confirme, la France doit réagir. »
Boualem Sansal, un écrivain dans le collimateur d’Alger
Les démêlés de Boualem Sansal avec les autorités remontent au début des années 2000. Directeur général au ministère de l’Industrie, il a été démis de ses fonctions en 2003 pour ses positions très critiques à l’égard du gouvernement. Des positions qu’il a rendues publiques avec son premier roman, Le serment des barbares, publié chez Gallimard en 1999, et qui a remporté le prix Tropiques et le prix du Premier Roman.
Malgré l’hostilité des autorités, Sansal continue de vivre à Boumerdès, à une heure de route à l’est d’Alger. Lors du grand tremblement de terre de mai 2003 qui a frappé cette région, il a été porté disparu. Enterré sous les décombres, il en ressort indemne. Miraculeux. « Tout le monde me tuait, à Paris et à Alger », nous confiait-il récemment.
Après trois autres romans, L’enfant fou de l’arbre creux (prix Michel-Dard), Dis-moi le paradis et HarragaSansal a publié son premier essai en 2006, Poste Restante, Algertexte acerbe et puissant sur la situation en Algérie. L’ouvrage sera interdit au Salon international du livre d’Alger.
En 2008, son roman Le village allemandqui raconte l’histoire de Hans Schiller, un SS reconverti pour soutenir la révolution algérienne (inspiré d’une histoire vraie), suscite de vives critiques en Algérie. L’ouvrage est censuré et interdit, notamment en raison du parallèle que fait l’auteur entre nazisme et islamisme. « Les gens ne m’ont pas compris, ils m’ont fait dire que les nazis avaient libéré l’Algérie ! » a-t-il déclaré aux médias.
La même année, il refuse de suivre les appels au boycott, lancés par des intellectuels arabes, du Salon du livre de Paris, qui avait choisi Israël comme invité d’honneur. En 2021, l’opinion publique et les médias algériens ont violemment dénoncé sa visite en Israël pour participer à la troisième édition du Festival international des écrivains de Jérusalem. A L’Obsil a déclaré : « Depuis plusieurs années, au travers de mes différents voyages, j’ai rencontré des Palestiniens et des Israéliens au cours des débats auxquels je participe à travers le monde. C’est encore plus vrai depuis l’avènement du Printemps arabe qui a fait tomber les dictatures en Tunisie, en Égypte et en Libye, où la parole a enfin été libérée. En même temps, je me demandais comment exploiter la dynamique du Printemps arabe dans le contexte du conflit israélo-palestinien pour rassembler les intellectuels palestiniens, israéliens, tunisiens, marocains, algériens… Il a fallu briser le cercle qui consiste à maintenir cette pays en dehors de ces mutations, de ces révolutions qui bouleversent non seulement le Maghreb et le monde arabe, mais aussi le monde entier. Je me suis dit pourquoi ne pas rencontrer les Israéliens chez eux. Ils m’invitent, alors j’y vais. »
Les déclarations de Boualem Sansal auraient déclenché la colère à Alger
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Malgré ces hostilités, Sansal continue de vivre à Boumerdès, attaché à cette ville et à son pays, dont il critique les travers, notamment l’islamisme rampant. « Je suis invisible dans ma ville, j’y suis à l’aise, le papy tranquille dont personne n’a lu les livres ni vu les interventions », nous disait-il cet été.
Mais selon nos sources, ses dernières déclarations au média Livre noir, le 2 octobre, dans l’émission Frontièresa déclenché la colère d’Alger et pourrait motiver son arrestation le 16 novembre pour « atteinte à l’intégrité du territoire ». Dans cet entretien, il explique que « lorsque la France a colonisé l’Algérie, toute la partie occidentale de l’Algérie faisait partie du Maroc, Tlemcen, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume. « Les Marocains disent : ‘Ils nous ont promis qu’à l’indépendance, ils nous rendraient ce que la France nous avait volé, et là, ils nous ont menti’, ajoute-t-il. Le régime algérien, un régime militaire, qu’a-t-il fait ? Il a inventé le Polisario pour déstabiliser le Maroc. »