Plusieurs syndicats ferroviaires ont appelé à la grève le 20 novembre 2024. Nous vous faisons le point sur l’état du trafic et les revendications des salariés de la SNCF.
La crainte d’une grande grève renouvelable dans les trains à l’approche des vacances de Noël s’estompe : la grève de jeudi, présentée comme un “ultimatum” avant celle de décembre, sera peu suivie par la SNCF, qui anticipe un trafic quasi normal pour ses TGV.
“Ultimatum”
L’appel à la grève de l’intersyndicale ferroviaire – qui regroupe tous les syndicats de la SNCF – est peu mobilisateur. Il y aura un Intercités sur deux en circulation et sept TER sur dix en moyenne dans toute la France.
La CGT-Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots ont appelé début novembre à un grand mouvement en réponse à la confirmation du démantèlement de Fret SNCF, première entreprise française de transport de marchandises par rail.
L’entreprise doit disparaître au 1er janvier et être remplacée par Hexafret pour le transport de marchandises et Technis pour la maintenance des locomotives. Le processus devrait aboutir à la suppression de 500 emplois sur 5 000, même si la SNCF a promis de reprendre tous les cheminots non retenus dans les autres entreprises du groupe.
Ce démantèlement, sur lequel les syndicats réclament un moratoire, résulte d’un accord signé entre le gouvernement et la Commission européenne, après l’ouverture d’une enquête sur une aide d’État illégale versée à Fret SNCF.
“Je suis assez dubitatif sur ce mouvement social, d’autant qu’il n’y a pas d’autres hypothèses possibles” que du démontage, a rappelé mardi matin le ministre délégué aux Transports François Durovray.
« Privatisation »
« Nous ne pouvons pas laisser passer cela sans rien faire » a déclaré Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de Sud-Rail. L’accord signé avec l’Europe prévoit également une ouverture du capital privé de Rail Logistics Europe, qui regroupe l’ensemble des activités fret de la SNCF, début 2026.
Les syndicats dénoncent une privatisation, que la direction conteste puisque le groupe ferroviaire conservera la majorité du capital.
Dans un communiqué, la CGT-Cheminots a appelé mardi à ce qu’un débat ait lieu au Parlement sur l’avenir de Fret SNCF, comme ce sera le cas sur le traité de libre-échange avec le Mercosur.
“C’est un processus de privatisation au sens large” complète le secrétaire général de la CGT-Cheminots Thierry Nier. « Le même processus appliqué au Fret s’appliquera demain aux voyageurs avec la création de filiales qui révèle la même logique : baisse des coûts, dumping social et dégradation des conditions de travail », continue-t-il.
Organisation du temps de travail
Le 14 décembre, environ 1 200 cheminots d’Amiens, Nice et Nantes seront transférés de SNCF Voyageurs vers des entreprises dédiées ayant remporté les appels d’offres lancés par les régions pour le marché des TER.
Les cheminots transférés conserveront certains avantages (droits à la retraite, facilités de déplacement, etc.) mais verront également toute l’organisation de leur temps de travail réaménagée, afin d’augmenter la productivité.
« Il y a une très forte prise de conscience [parmi les cheminots] que ces changements structurels ne vont évidemment pas dans la bonne direction »assure le secrétaire général de la CFDT-Cheminots, Thomas Cavel.
L’intersyndicale réclame l’arrêt du processus d’affiliation, ou en tout cas des garanties dans l’organisation du travail des cheminots transférés.
Aujourd’hui, près de 60 % des marchés TER sont en appel d’offres et une grande majorité des cheminots travaillant sur les trains régionaux devraient être transférés vers des filiales ou chez des concurrents ayant remporté les marchés – comme Transdev sur l’axe Marseille-Nice –. d’ici la fin de la décennie.
Du côté de la direction de la SNCF, on assure que les travaux pour mener à bien cette démarche sont en cours depuis de nombreuses années et que les négociations sociales sont bien avancées.
« Les Français ne comprendraient pas une grève longue et dure en décembre »a souligné dimanche le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou dans un entretien à A la Tribune dimanche.