“Je m’appelle Pierre Palmade et je suis né le 23 mars 1968.” Costume noir et regard dans le vide avant le début de son procès, entouré de ses deux avocats, l’artiste a été invité par le tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne), où il est jugé ce mercredi pour blessures involontaires, à décliner son identité.
Ce sont ses premiers mots de la journée dans ce procès où il devra expliquer l’accident qu’il a provoqué le 10 février 2023 en fin de journée à Villiers-en-Bière, blessant grièvement les occupants de la voiture : Yuksel Yakut à au volant, son fils Devrim à l’arrière et sa belle-soeur Mila, passagère avant, provoquant la perte du bébé qu’elle attendait.
A l’exception du petit Devrim, toutes les victimes et parties civiles sont à l’audience ce mercredi. Pierre Palmade est arrivé au tribunal vers 7h45, alors que le jour se levait. En taxi avec son avocat Me Céline Lasek, il est entré dans le bâtiment par l’arrière, protégé par les forces de l’ordre, évitant la forêt de médias déjà présente à ce moment-là.
Tentative de requalification de l’affaire en homicide aggravé
Au début de l’audience, Me Mourad Battikh, l’avocat des victimes et de la plupart des parties civiles, a pris la parole. Tout d’abord pour demander que l’anonymat de Mila soit respecté, tant sur les photos qu’au niveau de son nom de famille. Il s’est ensuite employé à tenter de requalifier l’affaire en homicide aggravé, en demandant la comparution volontaire de l’humoriste pour ces faits pour lesquels il a bénéficié d’un non-lieu en cours d’instruction.
« On ne peut pas lui demander de comparaître pour des faits qui ont bénéficié d’un non-lieu », a justement argumenté Me Céline Lasek. Il a accepté. Je m’y oppose et nous ne pouvons pas lui demander. » Pas du même avis, Pascal Couvignou, le président du tribunal, appelle l’artiste à la barre et lui pose la question. « Pierre Palmade, acceptez-vous cela ? » demande-t-il. «Non», répond le prévenu.
“On sait aujourd’hui que cet enfant était viable”
M. Battikh avait pourtant commencé tout son discours sur le sujet, ainsi que sur la reconnaissance juridique du fœtus. « Mila était enceinte de six mois au moment de l’accident qui a entraîné la mort de son bébé », indique l’avocat des parties civiles. Solin était son nom. Nous savons désormais que cet enfant était viable. Il existe un lien de causalité entre l’accident et sa mort. Tout le monde s’accorde à remettre en question la jurisprudence, même Pierre Palmade, qui dit J’ai tué un bébé ou même Je suis responsable de la mort d’un bébé. Ce dossier est l’occasion de rendre le droit meilleur, plus intelligent, plus conforme aux attentes de notre société. »
Ecartant tout lien avec un débat sur l’interruption volontaire de grossesse, a poursuivi Me Mourad Battikh. “S’il y avait eu une césarienne ce jour-là (de l’accident)l’enfant serait né vivant et viable (sic). Sachez que la loi française protège mieux les animaux que l’enfant à naître. Et même la progéniture à naître d’animaux, comme les œufs de certains oiseaux. C’est étonnant ! »
Il a également soutenu tous les actes d’état civil réalisés. « Le décès de Solin a été constaté sur un acte de naissance, sur un acte de décès. Une tombe a été érigée. Cela fait beaucoup d’actes d’état civil pour quelqu’un qui n’est rien. Le fœtus n’est pas protégé des actions d’un tiers. C’est vraiment scandaleux. Je demande solennellement que la jurisprudence évolue. »