l’essentiel
Après la FNSEA lundi, des membres de la Coordination rurale ont bloqué mardi une partie des Lices Georges-Pompidou à Albi, pour exprimer leur colère face à la situation compliquée de l’agriculture.
Il est 14h30. Une cinquantaine d’agriculteurs et une quinzaine de tracteurs arrivent en file indienne, pour prendre possession d’une grande partie des Lices Georges-Pompidou en centre-ville d’Albi. Objectif : s’installer pendant plusieurs heures, entre le Conseil départemental et la préfecture. La Coordination rurale est là pour exprimer son désarroi, comme l’ont fait la veille la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs.
« Notre agriculture est dans un état de désintégration. Mais nous nous battrons jusqu’au bout pour sauver nos emplois, notre passion pour ce métier même si aujourd’hui, c’est très difficile», résume le président départemental, Sébastien Bruyère.
“La première chose, c’est qu’on veut un vrai revenu, avec des prix de vente corrects”, poursuit le vice-président, Nicolas Busolin. « L’aide apportée depuis des années n’a pas empêché notre lutte. » Pendant ce temps, une caravane redessinée aux couleurs du syndicat se prépare pour les grillades.
“La France ajoute des normes à celles de l’Europe”
D’autres ont placardé des affiches « stop à l’agicide ». Un bourreau en mousse est accroché aux portes de la préfecture et d’immenses bâches contre le Mercosur et les fermetures d’exploitations agricoles de plus en plus nombreuses sont placées contre les portes.
« On en a marre des normes qui s’accumulent. Il faut savoir que le gouvernement français ajoute des normes à celles déjà existantes en Europe, comme celle sur les nitrates dans l’eau. Comment voulez-vous que nous soyons compétitifs ? Dans notre pays, il faut laver plus blanc que blanc », poursuit le président de la coordination.
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Globalement, cela rappelle l’inflation galopante depuis le Covid et la guerre en Ukraine. Crainte d’un éventuel libre-échange avec les pays d’Amérique du Sud, dont le Brésil. « J’ai des enfants de 20 ans. Ils seraient intéressés à reprendre le flambeau. Mais quand ils voient notre combat, ils hésitent. Avant, c’était la passion avant la raison. Aujourd’hui, c’est le contraire et ils ont raison.»
“En bio, c’est une catastrophe”
Un autre point crucial arrive : l’eau. « Aujourd’hui, la loi est faite pour nous interdire de créer des réservoirs collinaires. L’objectif est de plaire aux associations environnementales. Comment voulez-vous faire de la culture ou de l’élevage à grande échelle sans eau ? Nous, ce que nous demandons, c’est de nous laisser travailler.
Tout le monde s’inquiète du fait que les fermes tarnaises se vident. Dans un coin, Jean-Marc François, de Rosière, discute : « Je suis dans le bio depuis 1996. Mais ici, c’est vraiment compliqué. La consommation continue de baisser avec l’inflation. La majorité de nos clients ont avant tout une démarche militante. A ce rythme-là, nous nous dirigeons vers le mur. Dans le secteur bio, nous avons besoin de clarté sur plusieurs années. Mais on sent bien que les différents gouvernements, même les partis écologistes, n’y sont pour rien. de nous. »
Le blocage continue. Les passants filment, d’autres regardent. « Je comprends leur colère, leur manque de revenus décents. Ce sont eux qui nous nourrissent. Il faut les soutenir », conclut Maurice.