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Le projet annoncé la semaine dernière par l’entreprise d’envoyer une partie de la production en vrac en Chine mobilise tant parmi les salariés que dans d’autres maisons de cognac. Des syndicalistes de Martell et de Courvoisier sont également venus grossir les rangs de cette manifestation. “Ça nous fait plaisir d’avoir autant de monde”, souligne Matthieu Devers, secrétaire CSE de la CGT, lors de la réunion. Il entre dans les locaux d’Hennessy à 9 heures avec les autres représentants syndicaux pour un CSE extraordinaire avec les membres de la direction.
La production a cessé ce matin sur les sites administratifs, d’eau-de-vie et d’embouteillage de Hennessy. «Tous ces gens là-haut ne se rendent pas compte des conséquences sur l’emploi. »
Même inquiétude pour Charlène Aubert, déléguée syndicale CGT à Courvoisier. « La situation est critique, si nous l’acceptons, cela aura de graves conséquences économiques. » La machiniste précise que l’idée n’a jamais été évoquée dans son entreprise, mais « on se doute que si Hennessy lance le projet, les autres maisons suivront ».
La CGT de Martell interrogera d’ailleurs demain sa direction sur cette idée lors du CSE mensuel. Une trentaine de personnes de la Maison au Martinet font grève aujourd’hui aux côtés de leur collègue de Hennessy. « Il y avait du vent, des bruits de tests en cours, c’est inquiétant pour les sous-traitants, beaucoup de familles seraient en danger » prévient Anthony Jasmin, délégué syndical.
Les syndicats veulent renforcer l’AOC
« Aujourd’hui, nous sommes en grève, mais elle est renouvelable, cela dépendra des annonces de la direction. Le mouvement peut se durcir», prévient Matthieu Devers. Il espère obtenir des précisions sur cet envoi test vers la Chine prévu le 15 décembre. Pour l’instant, le volume, le lieu de départ ou encore la destination ne sont pas connus.
« Aucune maison de cognac ne peut être le fossoyeur de la région. »
« Nous avons un plan d’action établi qui sera réalisé en plusieurs étapes. L’intersyndicale des maisons de cognac veut changer l’AOC, il faut la modifier pour protéger le bassin. » Les syndicats ont déjà prévu de se réunir la semaine prochaine pour discuter des suites à donner au mouvement. Ils souhaitent qu’une étude économique soit réalisée sur la situation de la région. “Nous voulons interpeller les politiques, pour qu’ils prennent parti”, explique Renaud Audidier, secrétaire de la CGT locale de Cognac. Aucun d’entre eux ne s’est encore exprimé publiquement sur le sujet.
“Ce qu’il faut, c’est que la population se rende compte que demain cela pourrait concerner n’importe lequel d’entre nous”, renchérit Fred Merceron, dirigeant syndical FO chez Hennessy, qui s’inquiète également des conséquences pour le territoire. l’emploi, « même vis-à-vis des commerçants ».
En tout cas, de mémoire, aucun salarié interrogé n’avait vu un tel projet aussi avancé. « Je suis chez Hennessy depuis 30 ans, nous avons eu des études sur ce sujet, mais cela n’a jamais abouti. Je suis indigné, tout le monde trouve cela inacceptable. Aucune maison de cognac ne peut être le fossoyeur de la région. »
