Ce fut une soirée écoeurante dans les tribunes du Stade de France. Un froid un peu humide, on reste assis longtemps sans bouger, on a oublié le bonnet et les mitaines à la maison, et voilà qu’on commence la semaine avec les sinus bouchés depuis un moment. C’était aussi une soirée pour tomber malade sur la pelouse de l’enceinte Saint-Denis.
Un méchant rhume, celui provoqué par une rafale qui a soufflé sur l’aile gauche de l’attaque française, et qui a emporté Anton Lienert-Brown et Sevu Reece. Un sursaut nommé Louis Bielle-Biarrey, est venu souffler les deux hommes notamment et globalement les All Blacks pour permettre aux Bleus de prendre l’avantage.
On jouait la 51e minute, et le Stade de France criait, criait et criait encore à chaque mètre pris par l’ailier de Bordeaux-Bègles sur ses deux côtés opposés, même s’il n’est pas le plus lent dans l’avion néo-zélandais de cette tournée. Thomas Ramos venait de frapper un ballon tombé des mains de l’équipe adverse. Et “LBB” a fait le reste, s’élançant comme un fou pour laisser derrière lui deux All Blacks trois-quarts et venir aplatir dans ce qui est devenu son coin de terrain au Stade de France après son doublé, dans la même surface, il a il y a une semaine contre le Japon.
Son neuvième essai en 13 sélections, celui qui a permis aux Bleus de faire le break (51e), lors de la victoire du XV de France, ce samedi 16 novembre, pour un jeune homme de 21 ans très pressé. Sur le terrain, comme dans le vestiaire de cette équipe de France, où son statut et sa cote ne cessent de progresser depuis un an et demi. Appelé pour la première fois en janvier 2023 en équipe de France. Première apparition dans un match de préparation à la Coupe du monde contre l’Ecosse où il avait – déjà – marqué. Et enfin, le plus jeune international français à débuter un match de Coupe du monde en septembre 2023 face à l’Uruguay.
Un tacle décisif sur Will Jordan
Louis Bielle-Biarrey avait franchi un cap dans cette Coupe du monde à domicile, faisant l’impasse sur Gabin Villière pour devenir titulaire pour la suite de la compétition, jusqu’à ce quart de finale maudit face aux Springboks, où il semblait, pour la première fois, dépassé par le défi. Mais sa trajectoire en bleu n’a pas été freinée par cet écueil sud-africain.
Le joueur, à l’aise et détendu devant les médias malgré son inexpérience, s’est encore une fois affirmé lors des moments difficiles du Tournoi des Six Nations cette année. Avec cet essai, déjà au terme d’un sprint fou, pour permettre à l’équipe de France de s’imposer en Ecosse en février. Ce qui en fait encore plus un élément incontournable de l’attaque des Bleus avec son partenaire de Bordeaux-Bègles, Damian Penaud.
Ce dernier patient, Bielle-Biarrey est devenu la flèche principale des Bleus, celui qui adore les ballons. Comme contre le Japon il y a une semaine. Celui qu’on utilise pour aller très vite et très loin. Le jeune homme sait aussi défendre : il l’a montré avec le club girondin en avril, avec un splendide arrêt contre Clermont, et encore face aux All Blacks avec une superbe intervention en bout de ligne sur Will Jordan sur une occasion d’essai. Zélande.
« LBB » a remis sur pied une dernière fois le Stade de France ce samedi soir. Encore un long sprint. Encore des cris. Encore un frisson dans la défense néo-zélandaise. Mais cette offensive finale ne fut pas tentée. C’était déjà magnifique. Cela aurait été incroyable.