Connaîtra-t-on un jour la vérité sur ce qui s’est passé dans ce chalet de Taninges (Haute-Savoie), mardi, où un triple infanticide a été commis ? Le corps d’une femme dont l’identité reste à confirmer, très probablement celle de la mère, principale suspecte, a été retrouvé mercredi, dans une voiture garée en Suisse, de l’autre côté de la frontière avec la Haute-Savoie. Elle souffrait de problèmes psychologiques et a laissé une lettre. Qui était cette femme de 45 ans ? Qu’en disent ses proches et ses voisins ? Quel souvenir laisse-t-elle dans les écoles qu’elle a fréquentées ?
“C’est difficile à croire, c’est complètement irréel”
Au fil des témoignages, on nous a d’abord parlé de Déborah P. comme d’une enfant du quartier. Née à Samoëns, de double nationalité franco-suisse, elle était très impliquée dans la vie locale. Elle faisait partie de l’harmonie municipale depuis plus de 30 ans. de la gare du Haut-Giffre, le flûtiste y venait chaque semaine. Elle était également trésorière de l’école de musique.
“C’est un peu une famille ici, tout le monde se connaît. C’est difficile à croire. Déborah, elle prenait soin de ses enfants comme la prunelle de ses yeux, elle était une bonne mère, très maternelle», nous ont confié des proches qui souhaitent rester anonymes. Des proches qui pleurent les trois petites victimesdeux garçons âgés de 2 et 11 ans et une fille âgée de 13 ans. Les deux aînés étaient le fruit d’une première union et le plus jeune était le fils du compagnon actuel de Déborah P., avec qui elle vivait dans la maison où les trois corps ont été retrouvés .
Le maire de Taninges, Gilles Péguet, renchérit et parle de famille »histoire qui y a toujours vécu. Parents, arrière-grands-parents. C’est une famille complètement issue de notre village, intégrée à notre village, qui était complètement partenaire du village, dans les associations.
Un professeur « exigeant » ou trop strict ?
Côté professionnel, Déborah P. venait de prendre un poste de professeur de CE1 au sein de l’école de Marnaz, à une quinzaine de kilomètres de Taninges, depuis la rentrée de septembre. Elle avait auparavant enseigné à l’école de Taninges, puis, pendant près de dix ans, à l’école de Samoëns. Les parents d’élèves de l’école de Samoëns avaient eux aussi jugé le professeur “grave” et l’a signalé à l’Inspection Académique, via des rapports et une pétition.
Contacted by France Bleu Pays de Savoie, Frédéric Bablon, directeur de l’académie de Haute-Savoie reconnaît qu’il y a bien eu des signalements, mais conteste fermement toute idée de mutation en raison d’une sanction disciplinaire : « Elle n’a pas été automatiquement mutée, ni sanctionnée ! En fait, certains parents d’élèves ont critiqué sa sévérité. En plus, elle était une bonne enseignante. Et donc ce transfert n’était pas dans le cadre d’une sanction, il faut vraiment le préciser (…) c’était une volonté de sa part de venir à Marnaz, de changer de lieu, de changer d’école et donc de vivre une autre expérience. En plus, ça se passait plutôt bien. insiste-t-il.
Et il réfute également le terme “grave” : «Je dirais que c’était une enseignante exigeante et que c’était quelqu’un qui était généralement, à travers les rapports d’inspection qu’elle pouvait avoir, reconnu comme une bonne enseignante. la raison pour laquelle nous n’avons pas engagé de procédure disciplinaire à notre niveau était simplement sa volonté de changer d’école. Il n’y avait aucune faute de sa part dans son école d’origine.
Des unités d’écoute dans cinq écoles
Partout les témoignages traduisent le même étonnement. Au point que l’Éducation nationale a mis en place cellules d’écoute dans cinq écoles : trois écoles primaires où elle a pu exercer et dans deux collèges. Celle de ses enfants à Taninges et celle de Samoëns où fréquentaient l’école ses anciens élèves.