Comment la grande distribution met la pression sur les industriels réfractaires au Nutri-Score

Comment la grande distribution met la pression sur les industriels réfractaires au Nutri-Score
Comment la grande distribution met la pression sur les industriels réfractaires au Nutri-Score

Carrefour a écrit ce mardi à ses fournisseurs pour leur demander d’apposer la barème sur leurs produits, auquel cas il la calculera pour eux. Ceux qui refuseront catégoriquement seront pointés du doigt sur son site.

La missive a été envoyée ce mardi 12 novembre au matin. Plus de 500 fournisseurs industriels de Carrefour sont invités par le distributeur à afficher sur leurs produits le Nutri-Score, cet indicateur encore facultatif qui note les qualités nutritionnelles des aliments et des boissons de A à E. A défaut, le distributeur calculera lui-même le Nutri. -Score de ces produits pour l’afficher sur son site internet. Les constructeurs pourront toutefois s’y opposer, mais il sera clairement indiqué sur le site de Carrefour qu’ils ont refusé que ce score soit calculé.

« En , seuls 40 % des produits hors marques distributeurs affichent le Nutri-Score »regrette Carine Kraus, directrice de l’engagement chez Carrefour. Le distributeur, qui affiche cette notation sur ses produits de marque distributeur depuis 2019, espère tordre le bras aux fabricants pour les obliger à être plus transparents. “Le règlement européen prévoit qu’on puisse le calculer pour eux”sauf s’ils refusent, précise-t-elle. Ils ont trois mois pour informer la marque de leur décision.

Des produits de distributeurs privilégiés ?

Si le Nutri-Score est facultatif, de plus en plus de distributeurs poussent les fabricants à mener cette démarche transparente envers les consommateurs. Une manière d’améliorer leur image… et de mettre en valeur leurs propres produits : les marques distributeurs affichent majoritairement le Nutri-Score, et ont travaillé à améliorer leurs recettes pour obtenir une meilleure note. Chez Carrefour par exemple, 1 500 produits ont été améliorés cette année, assure Carine Kraus.

Premier distributeur français, devant Carrefour, E. Leclerc a déjà adopté une démarche similaire sur son site. Les produits ne possédant pas de Nutri-Score sont signalés par un pictogramme avec un point d’interrogation, indiquant que “la marque ne souhaite pas afficher ou fournir les informations nécessaires au calcul du Nutri-Score”. D’autres marques affichent la balance sur leur site lorsqu’elle est disponible pour un produit, mais n’ont pas encore choisi de pointer du doigt les moins performants.

En septembre, lorsque Danone a décidé de retirer le Nutri-Score à certains de ses produits – dont les yaourts à boire – moins bien notés depuis un changement de mode de calcul, le président du Groupement Les Mousquetaires (Intermarché) Thierry Cotillard a dénoncé un « mauvais signal envoyé aux consommateurs ». “Quand on est leader, il faut donner l’exemple”s’est adressé au patron, croyant que « le Nutri-Score doit nous pousser à faire mieux ». L’enseigne indique toutefois qu’elle n’envisage pas pour l’instant d’action similaire à celle de Carrefour et d’E. Leclerc, tout en restant engagée dans le renforcement du Nutri-Score.

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« Changer le comportement des consommateurs »

Les consommateurs y sont-ils sensibles ? « 45 % des clients le regardent avant d’acheter un produit »assure Carine Kraus de Carrefour, convaincue que cette échelle peut « changer de comportement » consommateurs. « Un client préfère même une mauvaise note à un produit qui ne montre rien et qui le rassure moins. » E. Leclerc, qui pointe déjà du doigt les produits pour lesquels les fabricants ont refusé d’afficher le Nutri-Score, n’a pas communiqué de rapport sur cette mesure.

Chez Carrefour, en plus d’être pointés du doigt par un pictogramme sur le site, les récalcitrants seront également exclus de l’outil « Manger mieux »qui offre aux clients en ligne la possibilité de remplacer certains produits par des équivalents plus sains. Or « 40% des clients qui utilisent cet outil changent au moins un produit dans leur panier »souligne Carine Kraus. Le display, en revanche, ne sera pas déployé dans les magasins. Trop compliqué à ce stade. La décision de la marque promet cependant de pimenter les négociations annuelles entre distributeurs et constructeurs, déjà tendues depuis plusieurs années dans un contexte inflationniste.

 
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