Le BBC le voit “une des critiques les plus sévères” d’Israël par un responsable saoudien depuis le 7 octobre 2023. Lundi, à l’issue d’un sommet à Riyad réunissant une cinquantaine de pays de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Mohammed Ben Salmane a dénoncé le « massacre commis contre les peuples palestinien et libanais », en utilisant le mot “génocide” pour décrire la situation à Gaza. «La première déclaration du genre du Premier ministre du Royaume et de facto son chef»observer le Oeil du Moyen-Orient.
Le Prince a également critiqué « la profanation de la mosquée Al-Aqsa » ou « efforts visant à affaiblir le rôle de l’Autorité palestinienne sur l’ensemble du territoire palestinien ». Comme le rappelle Regard sur le Moyen-Orient, « malgré les spéculations selon lesquelles le Royaume et Israël seraient sur le point de normaliser leurs relations »Riyad a régulièrement critiqué l’État juif pour ses actions au cours de l’année écoulée.
« Les propos du prince sont emblématiques de la frustration diplomatique croissante des Saoudiens »commentaires Al-Monitor, ajoutant que l’Arabie Saoudite cherchait « présenter un front uni avec les nations arabes et islamiques concernant la cause palestinienne ».
D’autres participants ont fait entendre leur voix. « Les mots ne peuvent exprimer la situation désespérée du peuple palestinien »déploré Ahmed About Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe. « Les mesures prises par Israël sapent les efforts en faveur d’une paix durable. Ce n’est qu’avec la justice que nous pourrons établir un pays durable. Le monde ne peut pas détourner le regard »a-t-il insisté, dans des propos rapportés par Al-Jazira.
En toile de fond, le retour de Donald Trump
Sans aller jusqu’à utiliser le mot génocide, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a évoqué « le meurtre systématique de civils à Gaza ». Pour Recep Tayyip Erdogan, Israël a l’objectif « anéantir les Palestiniens ». Dans un discours décrit par Israël Hayom comme au moment où le sommet a atteint “ils sont crescendo”le président turc a appelé à un embargo sur les armes et à la suspension des accords commerciaux avec Israël.
Le communiqué publié à l’issue du sommet regrette un « contexte de crime de génocide » et « réaffirme la pleine souveraineté de l’État de Palestine sur l’Est occupé, capitale éternelle de la Palestine, et rejette toute décision ou mesure israélienne visant à consolider l’occupation coloniale de la ville ». Un communiqué de presse qui « présente de nombreuses similitudes avec celui publié un an plus tôt »note le New York Times. Comme indiqué Al-JaziraToutefois, les 57 membres de l’OCI et les 22 membres de la Ligue arabe n’ont pas réussi « se mettre d’accord sur une action à entreprendre ».
Le BBC mentionne également «Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en arrière-plan du sommet»précisant que les pays du Golfe ont “bonne relation avec lui” et compte sur « son influence et son goût pour les négociations pour mettre fin aux conflits dans cette région ».
Israël semble avoir d’autres attentes. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré lundi que l’élection du nouveau président américain représente « une opportunité importante d’appliquer la souveraineté israélienne aux colonies en Judée et Samarie »nom historique de ce qui fait aujourd’hui partie de la Cisjordanie. « Je n’ai aucun doute sur le fait que le président Trump, qui a fait preuve de courage et de détermination dans ses décisions au cours de son premier mandat, soutiendra l’État d’Israël sur cette question »a assuré le ministre, cité par Temps d’Israël.