ENTRETIEN – La Dame de Fer est mise en lumière dans le premier épisode de la série événement de TF1 où les héroïnes commettent leur premier vol. Le producteur Benjamin Dupont-Jubien nous dévoile les nombreuses contraintes de tournage.
Ce lundi 11 novembre, près d’un an après le début du tournage, TF1 se lance enfin Yeux de chat . La série événement adaptée du dessin animé japonais des années 1980 raconte les débuts des voleuses d’art Tamara (Camille Lou), Sylia (Constancé Labbé) et Alexia Chamade (Claire Romain). Un projet au long cours pour les deux producteurs Mehdi Sabbar et Benjamin Dupont-Jubien. « Il nous a fallu cinq ans pour avoir les droitsnous dit ce dernier. Les Japonais sont très soucieux du respect de leurs marques. Avant toute discussion, nous leur avons fourni un document de 80 pages expliquant ce que nous souhaitions faire avec Yeux de chat. Nous avons eu beaucoup de réunions au cours desquelles nous avons dû gagner leur confiance »» ajoute le producteur, plutôt fier que le mangaka Tsukasa Hôjô ait été séduit par leur projet.
Lors des différentes discussions avec les Japonais, les deux producteurs français ont souligné la possibilité de tourner à Paris et plus particulièrement dans des lieux emblématiques comme le Tour Eiffel le musée du Louvre, la salle de la Monnaie et le château de Versailles. “Cela faisait partie de la promesse”dit Benjamin Dupont-Jubien. Le producteur a accepté de nous dévoiler les coulisses et les contraintes du tournage dans la Dame de fer mises en avant dans le premier épisode.
MAGAZINE TÉLÉ. – Comment utilisez-vous la Tour Eiffel pour filmer ?
Benjamin DUPONT-JUBIEN. – Avant de dire aux Japonais que nous allions tourner à la Tour Eiffel, nous avons contacté la société exploitante pour nous assurer que notre demande était réalisable. Nous avons reçu un accueil très favorable, qui nous a rassurés. La Tour Eiffel est un monument utilisé pour les tournages mais généralement seul le premier étage est loué. Nous avons voulu explorer le bâtiment de la cave aux combles, d’ailleurs nous sommes les premiers à le faire.
Quelle a été la première contrainte du tournage à la Tour Eiffel ?
La Tour Eiffel est ouverte au public 365 jours par an donc nous n’avons pu filmer que la nuit. Nous n’avons pu prendre possession des lieux qu’entre 23 heures et 7 heures du matin, ce qui a nécessité de faire venir toutes les équipes techniques, comédiens et figurants pendant ce laps de temps finalement limité.
Mais cela vous laissait huit heures pour tourner…
Il faut savoir qu’il y a plusieurs ascenseurs à la Tour Eiffel mais la nuit il n’y a qu’un seul monte-charge disponible. Lorsque nous travaillions au 1er étage, il nous fallait une heure pour transporter tout le monde et tout le matériel. Lorsque nous tournions au dernier étage, le tournage ne démarrait qu’à 2h30 du matin, le temps que tout soit transporté. Nous avons également dû planifier le voyage de retour car nous devions que tout soit réglé avant 7 heures.
Comment vous êtes-vous organisé dans ce cas ?
Nous avons mis en place une organisation militaire pour les cinq nuits de tournage. Le réalisateur avait effectué quinze jours de 8 heures de travail de repérage à l’avance. Chaque membre de l’équipe disposait d’un numéro et savait quand entrer dans l’ascenseur pour ne pas créer d’embouteillages. Il faut savoir aussi que la nuit, l’ascenseur est utilisé par les techniciens qui entretiennent la Tour. Il y avait des moments où nous devions attendre que l’ascenseur soit disponible parce qu’il y avait des gars qui transportaient des caisses à outils.
Certains plans de la série sont impressionnants, comme celui où Tamara Chamade escalade la Tour Eiffel…
Nous avions demandé des autorisations particulières pour pouvoir faire grimper Camille Lou le long de la Tour Eiffel et installer une cablecam, une caméra sur un câble qui est relié à deux points. Pour parvenir à ces deux points, il a fallu procéder à des expulsions et nous avons donc demandé des autorisations spéciales. Lorsqu’on touche à un monument national, il doit être validé par les Bâtiments de France, il doit être agréé par les ingénieurs. Deux jours avant le tournage, nous n’étions pas sûrs d’avoir les tampons nécessaires pour pouvoir tourner.
Et la sécurité ?
Des lignes de vie ont dû être installées partout. Pour sécuriser les comédiens et tous les techniciens qui suivaient, nous avons fait appel à une équipe de cascadeurs. Habituellement, comme la Tour Eiffel est étroite, les réalisateurs placent simplement leurs caméras et capturent les images de cette façon. Alexandre Laurent souhaitait avoir une mise en scène mobile y compris sur les escaliers et sur les poutres ce qui rendait le tournage éprouvant mais très compliqué car il fallait mettre des lignes de vie dans tous les sens pour pouvoir assurer la sécurité des équipes et des comédiens.
Quelles autres demandes particulières aviez-vous pour un tournage à la Tour Eiffel ?
La nuit, quand on est sur la Tour Eiffel, ce qui est joli c’est la vue sur Paris. Mais à partir d’une certaine époque, tous les monuments s’éteignent. Nous avons donc demandé l’autorisation à la mairie de Paris pour pouvoir éclairer ces monuments les nuits où nous tournions à la Tour Eiffel. Nous avons fait la même chose lors du tournage à la Monnaie.
Comment avez-vous géré l’éclairage et l’éclat de la Tour Eiffel qui s’éteint également à minuit ?
Nous avions simplement accès au boîtier de commande pour l’allumer manuellement. Mais ce que nous ne savions pas, c’est qu’une fois que vous aviez activé et désactivé manuellement le scintillement, vous deviez attendre 20 minutes avant de pouvoir le réactiver. Pour une raison technique que je n’ai pas encore comprise, il ne s’allume pas comme une lampe. Cela signifiait qu’une fois que nous avions pris notre photo et l’avions éteinte pour pouvoir la remettre, nous devions attendre 20 minutes. Autant vous dire que perdre 20 minutes du temps dont nous disposions était limité à nous, on ne pouvait pas rater ça.
Tourner à la Tour Eiffel a forcément un coût…
Oui c’est cher de louer la Tour Eiffel mais ce qui coûte cher c’est tout ce qu’il y a autour. Nous avons payé plus pour la logistique, les installations techniques et la sécurité que pour la location du bâtiment.