Guirec Soudée est un homme pressé. Dans l’attente de l’aventure de votre vie. “Le plus dur, c’est d’attendre de partir” » raconte le skipper Guirec Soudée, qui s’affaire lundi 21 octobre, sur son Imoca Freelance.com, amarré au port des Sables d’Olonne (Vendée). Pour sa première participation au Vendée Globe, le Breton de 32 ans ne vise pas un classement mais souhaite “simplement” vivez pleinement votre aventure et réalisez ce voyage à la voile autour du monde, seul et sans escale ni assistance, « de la meilleure façon possible ».
Depuis son plus jeune âge, Guirec Soudée est animé par son besoin d’aventure, d’espace et de liberté. Même petit, il passait tout son temps sur l’eau, sur son île natale d’Yvinec (Côtes-d’Armor). « J’ai eu mon premier bateau à 7 ans et je partais pêcher des journées entières. Et à travers les histoires de mon père, qui naviguait avec Eugène Riguidel [navigateur, vainqueur de la Transat en double en 1979]Je rêvais beaucoup d’aller traverser les océans à la voile. La petite graine a ensuite été plantée en moi, puis a germé. dit ce jeune marin dont le visage est encore jeune malgré sa légère barbe.
A 18 ans, il peut enfin exprimer pleinement son envie d’aventure. Il quitte sa Bretagne natale pour l’Australie « les mains dans les poches » dans le but de travailler pour acheter un bateau et “partir à l’aventure”. « Il est parti avec 200 euros en poche et ne parlant pas un mot d’anglais. En arrivant à l’aéroport de Sydney, il m’a appelé car il ne savait pas comment remplir les formalités douanières. Puis il s’en est sorti. dit sa sœur aînée Nolwenn, qui ajoute : « Avec Guirec, ça ne doit pas être trop facile. Comme il aime le dire, l’aventure commence quand les problèmes surviennent.
Deux ans plus tard, il revient en France et achète son bateau. « L’aventure a commencé à partir de ce moment et elle ne m’a jamais quitté. » il se souvient. Son palmarès de défis le prouve. Dans 2013, à l’âge de 21 ans, il entame une tournée mondiale, “qu’il comprend comme ses propres études”, glisse sa sœur. Celui-ci durera cinq ans, accompagné de sa poule Monique, qui lui offrira de la compagnie et des œufs frais. Durant ce voyage, il traversé l’Atlantique seul, sans moyens de communication et en totale autonomie, puis hiverne 130 jours dans les mêmes conditions, dans les glaces du Groenland. “Un des plus beaux moments de sa vie” mais aussi “le plus dur”, il l’avoue, en raison des conditions extrêmes et du décès de son père survenu au lendemain du début de son projet.
« Mon père était vraiment mon pilier, témoigne Guirec Soudée. Commencer l’hiver avec la nouvelle la plus difficile que j’aurais pu apprendre, et sachant que j’allais avoir beaucoup de problèmes derrière moi, ce n’était pas facile mais cela s’est renforcé. Et c’était une Source de motivation supplémentaire qui m’a aidé dans les moments difficiles. » Suivra toujours la traversée du pRilleux Solo Passage du Nord-Ouest – où il devient le plus jeune navigateur à réaliser cet exploit – les quarantièmes rugissants, les cinquantièmes hurlants et la traversée du mythique cap Horn. Comme si cela ne suffisait pas, cela se poursuit en 2021.‘Atlantique ramer sans assistance en 74 jours puis revenir en 107 jours.
Un de plus, Guirec Soudée est pleinement dans son élément. D’ailleurs, son rapport à la mer, il l’évoque avec une certaine émotion. « On dit que j’ai de l’eau de mer qui coule dans mes veines. Ce n’est pas complètement faux. il sourit, les yeux pleins de malice. “Chaque fois que je vois la mer, elle bouge, poursuit-il, assis les jambes croisées à l’avant de son Imoca, face à la mer. Je me sens vraiment bien là-bas et c’est aujourd’hui l’un des seuls endroits où l’on peut encore avoir une totale liberté.
Cet hyperactif, qui a appris la navigation par lui-même, a toujours ressenti “le besoin d’être dehors” et “utiliser ses mains”, alors qu’il n’a jamais réussi à s’insérer dans le moule du système scolaire. « Il a un projet en ce moment. Et il peut parfois se disperser, mais jamais sur son appui, lorsqu’il est en mer”, confie Lucie Queruel. Le capitaine et directeur technique du projet Vendée Globe, qui lui donnait des cours de voile lors de leur rencontre il y a quinze ans, souligne également “son esprit d’acier, sa plus grande force”, et “sa superbe capacité d’apprentissage”. “C’est une blague, confie sa sœur aînée Nolwenn. Il a une énergie illimitée et il donne toujours suite à ses idées. Il est tellement intéressé par tout que c’est parfois un peu fatiguant, mais cela fait partie de sa personnalité, la mentalité extraordinaire nécessaire pour faire tout ce qu’il a accompli.
Et ce n’est pas le skipper Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum en Imoca en 2006 et 2010, et troisième du Vendée Globe 2001, qui dira le contraire. Guirec Soudée l’a convaincu de participer avec lui à la Transat Jacques Vabre en 2023 (ils terminent 20ème), à bord de Freelance.com (Imoca avec lequel Roland Jourdain a remporté la Route du Rhum en 2010). « Quand il ne peut pas entrer par la porte, il entre par la fenêtre. Vous ne pouvez pas lui dire non. plaisante « Bilou », qui l’a également accueilli dans ses locaux de Concarneau (Finistère) pour sa préparation au Vendée Globe.
« Guirec est un personnage rare. Il fait partie des personnes « illuminées et éclairantes ». Il a cette façon de transformer une situation très sombre en un petit éclat de lumière.
Roland Jourdain, skippersur franceinfo : le sport
Déterminé, sans être tête brûlée, il s’est néanmoins calmé après la naissance de ses enfants. « Je fais plus attention quand je vais à l’avant de mon bateau et que ça « tangue », alors qu’avant j’y allais sans réfléchir. » reconnaît le skipper. Dimanche sera aussi synonyme du début de sa prochaine aventure, puisqu’il continue de découvrir le monde de la course au large.
« C’est clair que je suis celui qui a le moins d’expérience sur les bateaux de course, mais j’ai quand même quelques points forts à ne pas négliger, il sourit, serein et confiant. Il “Mais j’ai dû travailler très dur ces trois dernières années pour combler tous mes défauts que j’avais forcément, en étant jeté directement sur un bateau de course de 18 mètres.” note ce marin, pour qui le Vendée Globe « c’est bien plus qu’une régate ».
« S’il y a une course qui est faite pour lui, c’est le Vendée globe, car il a une grande force mentale et une telle expérience de la vie en mer, avec les éléments, que je n’ai aucun souci pour lui »assures Roland Jourdain.
Cette première participation est-elle le début d’une spécialisation pour le Breton ? “Ce qui m’intéresse c’est d’essayer plusieurs supports, je n’ai pas envie de faire de l’Imoca toute ma vie. Ce n’est qu’une étape. c’est lui qui décide, même si l’idée nouvelle de compétition ne lui déplaît pas. Mais une fois n’est pas coutume, les idées fusent dans la tête du marin. « Peut-être qu’une fois ce Vendée Globe fait à l’endroit, je le ferai à l’envers, se souvient-il avec malice. Ce qui est sûr, c’est qu’attendre quatre ans pour faire le tour du monde m’est tout simplement impossible.