Depuis jeudi soir, les vidéos tournées à Amsterdam tournent en boucle sur les réseaux sociaux et sur certaines chaînes d’information en continu. Ici, un corps au sol, apparemment inconscient, a donné des coups de pied ; là un autre pourchassé par un groupe de personnes vêtues de noir dans les rues de la capitale des Pays-Bas… Apparemment pris à partie pour le sort que leur gouvernement inflige au peuple palestinien, les partisans israéliens ont été directement visés dans la nuit de jeudi à vendredi. suite à un match de Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, remporté par le club néerlandais (5-0).
Envoi de deux avions
Déployée massivement à l’occasion de l’événement sportif, la police d’Amsterdam, citée par l’agence néerlandaise ANP, a indiqué avoir procédé à 57 arrestations après les incidents survenus en marge de la rencontre, sans donner plus de précisions. UN ” Pogrom antisémite au cœur d’Amsterdam » Le président israélien Isaac Herzog a réagi sur X, tandis que le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a également dénoncé « attaques antisémites contre des Israéliens “, les appelant ” inacceptable « . Avant d’ajouter que le calme était revenu dans la capitale – il a également précisé, semblant rapporter une instruction donnée par le Premier ministre israélien, que « M. Netanyahu a insisté sur le fait que les auteurs de ces actes devaient être recherchés et poursuivis en justice. ».
De son côté, le chef du gouvernement d’extrême droite d’Israël, qui mène depuis plus d’un an une guerre d’extermination à Gaza qualifiée par la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, de véritable « génocide », a déclaré avoir évoqué ” attaque antisémite préméditée « . Ce dernier a dit considérer « l’incident effroyable avec la plus grande gravité », tout en assurant que « les images difficiles de l’agression contre nos citoyens à Amsterdam ne seront pas ignorées « . En plus de demander aux autorités locales « sécurité accrue pour la communauté juive aux Pays-Bas », a-t-il annoncé le « envoi immédiat de deux avions d’urgence » pour porter assistance aux partisans israéliens.
De la des partisans réputés proches de l’extrême droite
Les réactions n’ont pas manqué en France, où le président du Crif, Yonathan Arfi, a dénoncé ce vendredi matin « un lynchage de masse » à l’antenne de la chaîne d’information BFM-TV. ” C’est l’antisémitisme le plus grossier qui refait surface à travers ces images », a-t-il affirmé, jugeant que des partisans israéliens avaient été visés » non seulement au nom du conflit qui se déroule à Gaza mais aussi parce qu’ils sont juifs « . Quels éléments lui permettent d’affirmer cela ? Rien dans son explication à l’antenne n’étayait sa déclaration. Une chose est sûre, peu de médias rapportent d’autres incidents survenus dans la journée de jeudi, avant le match, et notamment les provocations de groupes de supporters israéliens dans les rues d’Amsterdam.
La police d’Amsterdam a déclaré jeudi qu’elle était « particulièrement vigilant « sur son compte X, après avoir fait état de plusieurs incidents, dont un drapeau palestinien arraché d’une façade » par des inconnus « . Plusieurs vidéos semblent indiquer que ces « inconnus » étaient en réalité un groupe formé par une partie bien précise des supporters du club israélien. ” Lorsque vous suivez le football, les supporters du Maccabi Tel-Aviv sont réputés pour abriter la plus grande frange de hooligans d’extrême droite, racistes et violents. » a rapporté sur X le député NFP/LFI Raphaël Arnault, réputé pour sa connaissance des milieux violents d’ultra droite. ” Hier à Amsterdam, ils ne sont pas venus cueillir des jonquilles » a exprimé le député, avant d’ajouter, vidéo à l’appui, que « ces fameux « supporters » sont restés mobilisés jusque tard après le match pour pouvoir se battre (comme ils le font à presque chaque déplacement), sur fond de provocation raciste ».
« Les supporters du Maccabi Tel Aviv battus après avoir passé des jours à crier des chants racistes et à faire l’éloge de l’armée israélienne », a déclaré Assan Lakehoul, secrétaire général du MJCF, non sans rappeler que les violences dans et autour des stades sont « insupportable et injustifiable « . « Supporters » ou « hooligans » ? Une chose est sûre, des vidéos montrent effectivement des comportements indignes de la part des supporters du club de Tel-Aviv, avant, pendant et après le match, tandis que des altercations ont eu lieu dans l’après-midi entre supporters chauffés à blanc et militants pro-palestiniens.
Drapeaux palestiniens arrachés et chants racistes
Comportements agressifs dans la rue, taxis lapidés, slogans racistes, drapeaux palestiniens arrachés dans les rues de la ville, minute de silence en hommage aux victimes des inondations de Valence non respectée dans le stade… Pour le site spécialisé Middle East Eye (MEE ), sans aucun doute, ils sont bons » Des hooligans israéliens (qui) ont provoqué des affrontements avec des habitants d’Amsterdam », après avoir notamment scandé des chants anti-arabes ou appelé au nettoyage ethnique.
Avant le match, des supporters se dirigeant vers le stade Johan Cruyff Arena ont été filmés en train de scander « Laissons Tsahal (armée israélienne) baiser les Arabes », ou encore « Il n’y a plus d’écoles à Gaza parce qu’il n’y a plus d’enfants » (traductions diffusées sur X, non vérifiées). Plusieurs incidents donc qui font regretter au MEE que Dick Schoof n’ait pas évoqué « attaques commises par des hooligans contre des citoyens néerlandais » dans ses condamnations des violences de la veille. Au total, cinq personnes ont été hospitalisées et 62 arrêtées, selon un porte-parole de la police locale. Le journal israélien Haaretz a rapporté que dix Israéliens avaient été blessés et que « le contact avec au moins deux autres personnes a été perdu ».
La maire d’Amsterdam, Femke Halsema, qui a ordonné le retrait d’un rassemblement pro-palestinien de la zone du stade, a ajouté que les autorités étaient encore en train d’évaluer l’ampleur de l’incident. Le lendemain, tous les regards sont tournés vers la France qui doit accueillir le match France-Israël au Stade de France jeudi 14 novembre. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a déjà indiqué qu’il n’envisageait pas l’idée d’une délocalisation, voulant être ferme sur la capacité de la France à accueillir la sélection israélienne la semaine prochaine.