Par
Maxime Pimont
Publié le
7 novembre 2024 à 18h41
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« Travailler plus pour gagner autant, c’est hors de question. » Les chauffeurs de bus de la société Francilité Seine et Oise étaient en grèvece jeudi 7 novembre 2024.
Au dépôt de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), aucun des 90 chauffeurs n’a travaillé de la journée. La majorité était en grève, le reste « en arrêt maladie ou en vacances ». UN action identique bloqué le dépôt de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), composé de près de 300 chauffeurs dont la moitié sont en grève.
« Préserver nos acquis sociaux »
Pourquoi ces conducteurs sont-ils en colère? Ils craignent de perdre une grande partie des acquis sociaux négociés il y a des années. Cette préoccupation fait suite à la création, le 10 novembre 2023, de la société Francilité Seine et Oise.
Cette dernière a regroupé les différentes sociétés des deux dépôts des Yvelines et du Val-d’Oise en une seule unité, et de nouveaux appels d’offres ont été lancés. ” Ils sont à prix réduit . Aucun n’est rentable, ils sont tous déficitaires», critique Ali Belhadi, dirigeant syndical des transports à Force ouvrière.
« La direction essaie de réduire ses pertes en s’attaquant aux salariés, en nous faisant perdre nos avantages sociaux et en dégradant nos conditions de travail. »
Travailler plus plutôt que d’embaucher
La direction de Francilité Seine et Oise souhaite renégocier les accords d’entreprise et revoir les avantages sociaux des salariés. « Nous nous retrouverons dans la même situation que d’autres confrères des autres dépôts de la Grande Couronne. A Lieusaint, en Seine-et-Marne, ils sont restés sept semaines en grève. »
« Nous avons 65 services à Conflans, la direction en veut plus. Les syndicats en ont proposé 75, mais ils nous disent non, car ils ne peuvent pas embaucher dix chauffeurs supplémentaires. Ils préfèrent augmenter leurs horaires de travail, pour le même salaire et alors que certains ont une vie de famille. »
“On nous refuse systématiquement nos RTT”
Les automobilistes dénoncent également largement conditions de travailqui ne cessent de se détériorer. «Quand un quai est bondé, parce que quatre bus ne sont pas passés, on prend tout au visage», décrit un employé.
« Nous sommes fatigués. Cela augmente le risque d’accidents du travail et d’arrêts de travail. Il y a des conducteurs qui ne se sentent pas bien en descendant du bus. »
Un autre s’indigne du cumul des jours de repos. «Dès qu’on veut prendre des congés ou des RTT, on nous refuse systématiquement, parce qu’on nous explique qu’on est en en sous-effectif … »
Une situation qui impacte aussi les usagers, entre bus bondés, en retard… « Depuis la création de cette nouvelle entité, c’est le fiasco total», s’insurge Ali Belhadi.
Circulation perturbée jusqu’à nouvel ordre
La direction tergiverse-t-elle ? La législation joue en sa faveur. Au bout de quinze mois, si aucun nouvel accord d’entreprise n’est signé, la Francilité Seine et Oise pourra finunilatéralement à ceux actuellement en vigueur. Date limite : fin juin 2025.
L’exploitant du dépôt, Francilité Seine et Oise, n’a pas répondu pour l’instant aux sollicitations de 78 actu. De son côté, Île-de-France Mobilités, la maison mère, réclame un retour à la normale.
« Île-de-France Mobilités condamne les blocages des centres de bus et espère que le dialogue social entre le personnel et l’opérateur pourra reprendre au plus vite afin de ne pas pénaliser les voyageurs à long terme. Nous suivons la situation avec attention. »
Sur le site Île-de-France Mobilités, il est toujours indiqué : « Circulation interrompue sur l’ensemble du réseau Cergy-Pontoise Confluence jusqu’à nouvel ordre . »
“Nous ne laisserons pas cela arriver”
Court préavis de grève jusqu’en mai 2025. Certains chauffeurs de bus ont déjà prévu de maintenir le débrayage jusqu’au samedi 9 novembre.
« Il est hors de question de laisser cela se produire. Ils ne nous écoutent pas. Nous ne sommes pas pris en compte par la direction. Nous devons ouvrir une négociation juste et sérieuse. Si personne n’a quitté les deux dépôts, c’est qu’il y a un vrai malheur. »
Les utilisateurs risquent de devoir patientsavant de retrouver une circulation optimale des bus.
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