La route est parfois cruelle. Une seconde d’inattention ou une erreur de jugement peut conduire au pire. A la fin de l’été, dans la commune de Goux-les-Usiers, ce n’est pas un détail qui a conduit au pire, mais une série de pannes, commises par le conducteur d’une Audi RS6.
Conducteur éjecté par la vitre arrière
Le 7 septembre, vers 12h20, ce violent accident a été constaté sur la RN 57. Les secours ont soigné trois victimes, dont un homme en arrêt cardiaque, allongé à proximité de son véhicule. Son passager et le conducteur d’une deuxième voiture ont été grièvement blessés. La police a ouvert une enquête pour tenter de comprendre les raisons de ce drame. Et après quelques observations, les premiers éléments pointaient vers une collision à grande vitesse.
Une voiture qui roule vite
L’enquête a pu s’appuyer sur une caméra située à proximité des lieux. La vidéo prise depuis cet appareil a permis de visualiser une partie de la scène. « La Dacia freine, mais ne s’arrête pas avant de bouger. Le conducteur ne porte pas de ceinture de sécurité», commente un gendarme sur le signalement en visionnant les images.
« Nous regardons l’Audi arriver. Elle freine très nettement. On voit également l’arrière se relever avant l’impact. » Des témoins rapportent avoir été dépassés par la berline allemande, quelques minutes avant la collision. « Elle roulait très vite », selon leurs dires, et l’homme au volant n’a pas hésité à doubler dans une zone particulièrement dangereuse.
Une reprogrammation interdisant l’usage de la voiture
A l’audience de ce mercredi, Quentin Le Derout a reconnu cette vitesse excessive. « J’ai ralenti devant le radar parce que je savais qu’il était là. Ensuite, j’ai laissé la voiture rouler. Quand je suis arrivé au carrefour, je crois que j’étais à 100-110 km/h », affirme calmement le jeune homme.
Agé de 25 ans, ce chauffagiste travaillant en Suisse avait acquis ce véhicule quelques mois plus tôt. Après une visite dans un garage, il augmente la puissance de sa voiture à 700 chevaux. Une modification qui l’empêchait de circuler sur route ouverte. «J’ignorais qu’après la reprogrammation, il m’était interdit de circuler librement», explique l’accusé. « Pourtant, c’était mentionné sur la facture du mécanicien », observe le président Robert Pech.
Fautes partagées pour la défense
Formulairee Bernard, avocat des familles des victimes : « L’homicide involontaire est un terme inacceptable aux oreilles des familles des victimes. Monsieur Le Derout est un meurtrier de la route. Ce qui le ronge, c’est la peine de prison. Mais le fait que Claude Garnier soit mort ne le dérange pas du tout. » Il évoque également un détail important : « L’Audi a été retrouvée à 160 m de la collision. Monsieur ne roulait pas à 110 km/h, c’est faux ! »
Face à lui, Me Pichoff a donné sa vision de la question. « Mon client est accusé d’un excès de vitesse supérieur à 50 km/h. Cette infraction concerne les données métrologiques, c’est à dire les radars. Nous n’en avons pas, donc il n’y a pas d’excès de vitesse légalement parlant mais une vitesse inappropriée », explique le pénaliste. Enfin, il est revenu sur les circonstances exactes de l’accident. « Que reste-t-il une fois qu’on a analysé ce drame avec la vidéo et les témoignages ? Je me trouve à une intersection dangereuse, un véhicule roule à une vitesse excessive. Par contre, j’ai un véhicule arrivant sur une route secondaire qui viole le droit de passage, glisse sur le stop et dont le conducteur n’est pas retenu. Je pourrais être accusé d’une infraction. Les trois autres, non. »
Le procureur de la République, représenté par Alexandra Chaumet, a requis cinq ans de prison ferme avec maintien en détention. A l’issue du délibéré, Quentin Le Derout a été condamné à quatre ans de prison avec maintien en détention. Son permis de conduire lui a été retiré.