Le cheval de bataille de l’industrie des courses de chevaux. Ce jeudi, elle sera dans la rue à Paris. « Le rendez-vous est à Denfert-Rochereau et nous marcherons jusqu’aux Invalides », explique Lucien Matzinger, président de la fédération régionale des courses de l’Est de la France. Jamais auparavant il n’avait manifesté. Il a pourtant organisé des manifestations à l’hippodrome de Strasbourg-Hoerdt.
L’industrie des courses de chevaux exprime rarement son mécontentement. “Mais ici, il faut être unis car nous sommes tous menacés”, insiste-t-il. Si le projet de taxation supplémentaire voulu par le gouvernement dans son budget 2025 est validé, “soit 40 000 euros de moins qui rentreront dans les caisses” de l’hippodrome alsacien.
Surtout, Lucien Matzinger estime que cet amendement qui prévoit d’augmenter la taxe de 6,9% à 7,5% sur les revenus bruts des jeux de paris hippiques “est un mauvais calcul”. Il s’explique à 20 minutes.
Pourquoi ce jour mort jeudi ?
Car c’est toute la filière des courses de chevaux qui pourrait être touchée. Cela inclut les entraîneurs de chevaux ainsi que le personnel des courses, les jockeys et les éleveurs. On parle de 25 000 emplois directs.
Ce projet de taxation supplémentaire vous met-il en danger ?
Alors, déjà, les deux amendements qui le prévoyaient ont été rejetés lundi à l’Assemblée nationale mais nous maintenons la manifestation. L’État souhaite augmenter son prélèvement sur les revenus bruts des jeux. En clair, il gagne désormais 830 millions d’euros chaque année grâce aux 6,9% déjà prélevés et cela lui permettrait de passer à 860 voire 865 millions d’euros. Ce qui veut dire qu’on aurait 30 à 35 millions d’euros de moins à redistribuer aux acteurs du secteur.
Quelles conséquences cela aurait-il ?
Concernant notre société de courses, qui est une association, cela réduirait nos revenus de 6 %. Nous aurions environ 40 000 euros de revenus en moins chaque année. Je pense que nous serions encore capables de survivre et d’organiser nos 16 meetings annuels (pour 130 courses) mais nous aurions du mal. On n’investirait plus, on ne refaireait plus les pistes, etc. Mais il faut voir plus loin : s’il y a moins d’argent à redistribuer, certains éleveurs ou entraîneurs arrêteront. Ce qui fera qu’il y aura moins de chevaux, donc moins de partants dans les courses. Résultat : les parieurs parieront moins et, à terme, l’État perdra de l’argent. C’est un mauvais calcul de nous taxer encore plus, c’est une vision à court terme.
Comprenez-vous que le gouvernement s’attaque aux paris hippiques ?
Aider est tout à fait normal. Nous voulons même faire gagner de l’argent à l’État. Mais ici, c’est l’inverse qui se produira si ce prélèvement augmente. Si l’on encourage les paris hippiques, les coureurs joueront davantage et cela rapportera plus d’argent.