« Rendre sa grandeur à l’Amérique ». Encore. Donald Trump est de retour à la Maison Blanche et sa victoire est incontestée. “Une seconde chance”, titre Le Wall Street Journal, qui mentionne dans son éditorial un « incroyable retour politique ». Un coup de tonnerre, alors que tous les sondages prévoyaient un scrutin très serré et des résultats qui tarderaient à venir. Cela ne s’est pas produit.
Elu une première fois en 2016 à la surprise générale, battu de peu en 2020 par Joe Biden lors d’un vote dont il n’a jamais reconnu les résultats, Donald Trump sera bel et bien le 47e président des États-Unis.
Au terme d’une campagne complètement folle et d’une violence rare, le candidat républicain s’est même imposé assez confortablement face à son adversaire, Kamala Harris. Sans tarder, Donald Trump, qui revendique une victoire “jamais vu” dans le pays, a promis un nouveau “âge d’or” aux Américains. Les Républicains regagnent même le Sénat, où ils sont assurés d’avoir la majorité.
L’ex-président a parcouru un long chemin. En 2021, après les émeutes du Capitole, certains disaient que c’était fini, même si de nombreux analystes prédisaient que le trumpisme survivrait. Le milliardaire a su rebondir en remportant une nette victoire à la primaire républicaine. Avant d’être victime d’une tentative d’assassinat le 13 juillet, à Butler, en Pennsylvanie. Sa photo, son visage ensanglanté et son poing levé en signe de défi, restera comme l’une des images fortes de l’élection présidentielle. Le candidat républicain part immédiatement en campagne, « blessé mais plus fort que jamais », puis expliqué Politique, ses partisans se sont galvanisés.
Face à un président vieillissant (et encore candidat à l’époque), Donald Trump était le grand favori. Huit jours plus tard, Joe Biden jetait l’éponge. Trop tard, sans doute, comme le souligne Susan Page dans Les États-Unis aujourd’hui. Le responsable du bureau de Washington du quotidien américain s’interroge sur le poids d’un « Un fardeau nommé Joe Biden » pour son vice-président. C’est un euphémisme de le dire. L’euphorie autour de la candidature de Kamala Harris, investie en août, a été de courte durée.
Ce n’est pas tout à fait une coïncidence, expliquait Nate Cohn la semaine dernière dans une longue analyse publiée dans le Le New York Times. «Les revers actuels des démocrates semblent s’inscrire dans une mauvaise passe généralisée pour les partis au pouvoir. Les électeurs semblent aspirer au changement. » il écrit. Mais il n’y a pas que ça : depuis plusieurs années, « Les démocrates sont sur la défensive sur les questions de fond. Ils ont orienté à droite leur discours sur l’immigration, l’énergie et la criminalité. Ils ont mis en sourdine leurs priorités traditionnelles. La longue période de domination libérale sur la scène politique américaine pourrait bien toucher à sa fin.»
Une incapacité à se réinventer qui aura grandement profité à Donald Trump. Car, dans le même temps, il a durci un peu plus son discours, multipliant les excès, utilisant un langage de plus en plus crasseux, sexiste, raciste. « Vermine », « parasites », « ennemi intérieur » : Donald Trump parle comme Hitler, Staline et Mussolini, a récemment accusé Anne Applebaum dans L’Atlantique.
Le sulfureux milliardaire est-il un fasciste ? La question agite les médias américains ces dernières semaines. Pour mieux comprendre les termes du débat, lire la rencontre avec l’historien américain Robert Paxton publiée dans Le magazine du New York Times.
Comment s’annonce la nouvelle présidence Trump ? Bien pire, dit Doyle McManus dans le Los Angeles Times, en s’appuyant sur les récentes déclarations de plusieurs de ses anciens conseillers, et non des moindres : John Kelly, John Bolton… « Un deuxième mandat de Trump ne sera pas une répétition anodine de la première version. » prévient le chroniqueur. « Quand Trump dit qu’il ordonnera aux procureurs de poursuivre Joe Biden et “les Pelosi”, il ne plaisante pas. Lorsqu’il insiste sur le fait qu’il punira des entreprises comme Amazon s’il ne tient pas compte de leurs opinions, il ne plaisante pas. Lorsqu’il dit croire que la Constitution lui donne ‘le droit de faire n’importe quoi[il veut] en tant que président”, il ne plaisante pas.
Même souci Temps Financier. « Trump a pour mandat de réformer les États-Unis de manière incroyablement perturbatrice, écrit Edward Luce. Il n’y aura pas de retour en arrière » après ce tremblement de terre électoral. Le monde a été prévenu.