Le Wisconsin, avec ses dix « électeurs », est une pièce maîtresse de ce que l’on appelle habituellement le « mur bleu », cet alignement d’États (dix-huit au total) qui, en votant tous pour le candidat démocrate depuis 1992, lui ont systématiquement assuré la victoire aux élections. élection présidentielle – George W. Bush a été le seul, en 2000 et 2004, à réussir à contourner ce mur bleu. C’est la défection de trois de ses éléments – la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin – qui a permis à Donald Trump de s’imposer en 2016. Dans le cas du Wisconsin, il a fallu remonter, avant cela, à Ronald Reagan pour acter la victoire d’un Républicain.
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Un État qui fait des présidents
Le Wisconsin est également devenu un indicateur de tendance. Lors des quatre dernières élections présidentielles, celui qui a gagné dans le Wisconsin a également obtenu les clés de la Maison Blanche. L’issue est cependant devenue plus incertaine qu’auparavant. Sur les six dernières élections présidentielles dans le Wisconsin, quatre ont été remportées avec une marge inférieure à 1 % des voix. Donald Trump l’a emporté avec une marge de 22 750 voix, et Joe Biden avec 20 680 (sur plus de trois millions de suffrages exprimés). Seul Barack Obama a réussi à distancer John McCain et Mitt Romney.
Dans ces conditions, chaque électeur compte. Hillary Clinton a commis une erreur fatale en supposant que le Wisconsin lui appartenait et qu’il n’était pas nécessaire d’y faire campagne – elle n’y a jamais été vue une seule fois. Cette année, les candidats y vont et reviennent. Le Parti républicain a organisé stratégiquement sa Convention nationale, pour inaugurer Donald Trump en juillet, à Milwaukee, la capitale économique et plus grande ville de l’État. L’ancien président a également effectué plusieurs visites dans le Wisconsin, comme Joe Biden d’abord, puis Kamala Harris. Le petit aéroport d’Eau Claire, au nord de LaCrosse, dans le 3e arrondissement, n’a probablement jamais vu passer aussi souvent des candidats à la présidentielle ou à la vice-présidence.
La route vers la Maison Blanche
« La route vers la Maison Blanche passe par le Wisconsin », a logiquement déclaré Kamala Harris lors d’un de ses déplacements dans le « Badger State ». Il traverse également son 3ème Arrondissement. Sans doute, en faisant le plein de voix à Milwaukee, à Madison, la capitale, et dans d’autres villes, la candidate démocrate peut espérer l’emporter sans avoir à s’imposer dans cette circonscription. Cependant, rassembler le plus de voix possible le protégerait certainement des mauvaises surprises auxquelles le Wisconsin semble s’habituer.
C’est le même raisonnement qu’utilise la sénatrice Tammy Baldwin, qui brigue un troisième mandat contre le républicain Eric Hovde, homme d’affaires et banquier californien désormais basé dans le Wisconsin. Les sondages donnaient à la démocrate une avance confortable, mais l’écart s’est réduit de façon spectaculaire ces dernières semaines, ne lui laissant qu’un mince avantage de 1% sur Hovde, qui ne jure désormais que par Trump. Baldwin fait donc face à la réélection la plus difficile de sa carrière et sa possible défaite pourrait tout simplement ruiner les espoirs du Parti démocrate de conserver le contrôle du Sénat.
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Déloger un émeutier du Capitole
La 3e circonscription revêt enfin une importance capitale pour déterminer la prochaine majorité à la Chambre. C’est l’une des trente et une circonscriptions électorales que les démocrates ciblent en priorité pour la reconquérir. Son adjoint actuel est Derrick Van Orden, un ancien plongeur des Navy Seals d’élite. Après avoir obtenu son diplôme d’une université privée en ligne, il est devenu acteur et propriétaire de café une fois à la retraite, avant de se lancer en politique. Élu en 2022 après une vaine tentative deux ans plus tôt, il est l’un des plus ardents soutiens de Donald Trump. Il faisait partie des assaillants du Capitole le 6 janvier 2021…
Le district a depuis longtemps pour tradition d’élire des républicains modérés. Le prédécesseur de Van Orden, Ron Kind, qui a servi pendant vingt-six ans, était l’un des trois seuls démocrates élus au cours du XXe siècle. Al Gore, John Kerry et Barack Obama ont néanmoins remporté chacun la circonscription à l’élection présidentielle, mais c’est Donald Trump qui a remporté l’élection en 2016 comme en 2020. Les démocrates ont investi massivement pour inverser la tendance et garantir la victoire de leur candidat à la Chambre, Rebecca Cooke, entrepreneur de 36 ans et ancienne militante politique à Washington. Pour les LaCrosse Democrats, dont le nom vient d’un jeu joué par les Indiens Dakota avec un bâton en forme de crosse épiscopale, ce serait un coup gagnant célèbre.