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Les groupes Michelin et Auchan ont annoncé deux plans sociaux particulièrement importants. Le gouvernement Barnier a exprimé son « désaccord » avec ces annonces.
Ce sont des annonces qui ont surpris un grand nombre de salariés. En début de semaine, les groupes Auchan et Michelin ont tous deux annoncé des plans sociaux particulièrement importants. D’une part, le géant français du pneumatique a annoncé aux salariés la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes (Morbihan), qui comptent au total 1.254 salariés. Quant à Auchan, pas moins de 2.400 emplois sont menacés, alors que début 2024, le groupe a annoncé le rachat de plusieurs dizaines de magasins Casino.
Ces annonces n’ont pas laissé le gouvernement indifférent : ce mardi 5 novembre, le Premier ministre Michel Barnier a exprimé son « désaccord », expliquant avoir rencontré le PDG du groupe Michelin, Florent Menegaux, « il y a quelques jours ». “Je suis inquiet de savoir ce que nous avons fait dans ces groupes avec l’argent public que nous leur avons donné”, a commenté le chef du gouvernement à l’Assemblée nationale. Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a de son côté demandé « un plan de soutien exemplaire aux salariés et aux territoires ».
Chez Michelin, une décision « unilatérale » ?
La direction du géant français justifie sa décision en expliquant que Michelin traversait une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique. “C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne de côté”, a déclaré Florent Menegaux, PDG de Michelin, dans un entretien. Michelin avait déjà considérablement réduit son empreinte en France, son premier pays. Avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La Roche-sur-Yon, elle aura fermé six usines en vingt ans.
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Selon le premier syndicat du groupe, la CFE-CGC, ces fermetures sont « une décision unilatérale, brutale et mal anticipée », a condamné son délégué syndical central José Tarantini. “Nous comprenons qu’il puisse y avoir des restructurations, ce qui ne signifie pas fermeture de site”, a souligné M. Tarantini. “Aujourd’hui, nous fermons deux sites et mettons au chômage plus de 1.200 salariés pour que Michelin puisse faire plus de profits et donner plus de dividendes à ses actionnaires”, s’est insurgé le délégué syndical central CGT Romain Baciak.
Chez Auchan, un plan social jugé « catastrophique »
Longtemps considéré comme l’un des acteurs les plus performants sur le plan social de la grande distribution, Auchan a enchaîné les mauvaises années économiques, et sa holding Elo Groupe a annoncé en juillet une perte nette de près d’un milliard d’euros sur son chiffre d’affaires. premiers six mois de 2024. Plusieurs facteurs expliquent les difficultés d’Auchan en France : d’abord sa part de marché, à 9,1 % au dernier décompte, qui en fait le cinquième acteur du marché français, loin derrière le leader E. Leclerc (24,1 %). De plus, Auchan fonctionne sur un modèle intégré – il est propriétaire de ses magasins – contrairement à des enseignes comme E.Leclerc et Intermarché qui regroupent des indépendants. Ce modèle intégré génère des coûts d’exploitation plus élevés.
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La direction espère limiter le nombre de licenciements grâce à un accompagnement des salariés concernés, des reconversions, des congés de reclassement et un plan de départs volontaires. Il prévoit également la création de 114 postes dans les activités « drive » (reprise des achats en ligne) et 205 au sein des fonctions support.
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Du côté des partenaires sociaux, l’annonce laisse un goût amer : « C’est catastrophique. Cela laissera de très nombreux salariés en difficulté, des familles. C’est choquant, scandaleux», s’est indigné Franck Martineau, délégué syndical FO Auchan Retail. Le plan social doit être « à la hauteur du sacrifice demandé aux salariés, avec un maximum de reclassement », a souligné Gilles Martin, délégué CFDT Groupe Auchan-France. Les syndicats, soulignant l’absence de « stratégie à long terme » de la part de la direction, se montrent pessimistes quant aux chances d’éviter la « perte » d’emplois. Les négociations doivent se poursuivre « la semaine prochaine », après l’ouverture du plan social.