«Ces décisions constituent un choc social sans précédent pour les salariés de l’entreprise»écrit la CGT Auchan France dans un communiqué. Depuis l’annonce de leur convocation par Auchan, les syndicats craignent un vaste plan social. C’est désormais confirmé : 2 389 postes seront supprimés sur l’ensemble du territoire (dont 138 déjà vacants).
Parmi eux, 466 postes sont menacés par la fermeture de dix magasins : trois hypermarchés (à Clermont-Ferrand Nord, Woippy, Bar-le-Duc), un supermarché à Aurillac et six magasins de proximité MyAuchan (dont la localisation n’est pas encore précisée). ). Conformément à la loi Florange, l’enseigne dispose de six mois pour trouver un repreneur potentiel et sauver des emplois. Mais s’il y a moins d’un mois, 19 magasins Casino fermaient définitivement faute de reprise, rien n’est moins sûr.
Des suppressions d’emplois à tous les niveaux
De leur côté, les 5 000 salariés des 98 Casinos réinvestis par Auchan ne sont pas concernés, conformément aux engagements pris par l’enseigne : conventions collectives et accords ne pourront être remis en cause pendant 15 mois après le changement de propriétaire. Cette stratégie de redressement malgré les difficultés de l’empire Mulliez est pleinement soutenue. Cela a permis de « consolider l’empreinte territoriale d’Auchan, renforcer la marque là où elle était peu présente »on vous explique chez Auchan.
Quant aux autres hypermarchés, visés par les restructurations, 915 emplois sont menacés. Cela comprend notamment la suppression de tous les conseillers commerciaux, des responsables de la planification et de la gestion de la paie, d’une partie des responsables commerciaux et des postes de responsables de la sécurité multi-sites. « La direction souhaite supprimer les postes de conseillers dans la division électroménager et tout déplacer en libre-service, confirms the Force Ouvrière (FO) union representative at Auchan Trignac, Didier Gandon. Dans chacun des trois magasins de Loire-Atlantique (Trignac, Saint-Herblain et Saint-Sébastien-sur-Loire), cela concerne une dizaine de postes. Soit 36 postes pour le département. »
Lire aussi : ENQUÊTE. Va-t-on vers la fin des hypermarchés ?
D’autres salariés (224) subiront la fermeture de trois entrepôts (Lyon, Paris, Lille) qui servaient à la logistique de livraison à domicile (Auchan ECommerce), désormais sous la responsabilité de lecteurs. Enfin, Auchan prévoit de supprimer 784 postes via la mutualisation des fonctions support d’Auchan France, d’Auchan International et de la Direction des Produits Internationaux.
Des difficultés économiques de longue date
Le cinquième distributeur français justifie ce vaste plan social par ses mauvais résultats depuis 2012, avec « une baisse constante de la fréquentation des magasins ». Sur la période, et avant l’intégration des Casinos, sa part de marché est passée de 12,1% à 8%, tandis que ses revenus ont baissé de 2,26 milliards d’euros. « Le format hypermarché est remis en cause, et surreprésenté dans le groupe, donc mécaniquement cela a un impact négatif sur Auchan, explique une Source proche du groupe. Nous devons repenser le modèle. »
A lire aussi : RAPPORTS. L’hypermarché du futur sera-t-il carré ?
Auchan met en avant des frais de siège et de personnel élevés. L’objectif est ainsi de limiter ses coûts de fonctionnement et de poursuivre l’alliance avec Intermarché pour être plus compétitif sur les prix. L’enseigne prévoit également de réduire de 25 % la taille d’une soixantaine de ses magasins. «pour tendre vers 8.000 m2» maximum. Et veut « inventer de nouveaux modèles de magasins »avec plus de spécificités locales, et une optimisation des coûts. Un test est en cours à Bordeaux, et pourrait être progressivement étendu à partir du printemps 2025.
“Malgré et beaucoup de questions”
A l’issue de la réunion d’annonce, Gilles Martin, délégué syndical à la CFDT, fait face « Déception et beaucoup de questions pour les prochaines négociations. » Les revendications du syndicat ? « Reclasser un maximum de salariés exposés. »
“Nous sommes évidemment inquiets”témoigne Didier Gandon. A deux ans de la retraite, ce salarié et délégué syndical de FO de 62 ans est lui aussi toujours concerné par l’annonce. « Je travaille pour la marque depuis 38 ans. C’est dur. »
Le ministre de l’Economie et des Finances, qui considère cette nouvelle “concernant”, a affirmé que l’État veillera à ce que « l’emploi reste au cœur de la stratégie » du groupe. Auchan revendique de son côté la création de 319 emplois, dont 114 pour renforcer lecteurs et 205 dans le cadre d’une mutualisation, avec une recherche interne de profils pour les combler.
« Les discussions commencent seulement avec les partenaires sociaux. Les négociations devraient s’ouvrir la semaine prochaine, avec une nouvelle convocation des instances concernées. explique une Source proche du groupe. Plusieurs mois de négociations sont donc à prévoir, d’abord sur les départs volontaires, les retraites anticipées, puis sur les mesures de reclassement ou de reconversion.
Suspendus aux éventuelles annonces de la direction dans les prochains jours, les délégués syndicaux chez FO s’organisent sur WhatsApp pour partager les dernières nouvelles et informer au mieux les salariés. Dans un communiqué, ils dénoncent : « Il est inacceptable que les salariés paient encore le prix de mauvais choix stratégiques d’un management déconnecté de la réalité. » En quatre ans, c’est le deuxième plan social dont bénéficient les salariés d’Auchan. « Il y a une incohérence dans la stratégie que les salariés ne comprennent pas »gronde Didier Gandon.