LLes supporters de Bayonne n’ont vraiment pas de chance. Le meilleur joueur du monde habite à trois heures de Jean-Dauger, il évolue dans le même championnat que l’Aviron mais ils n’ont jamais eu l’occasion de le voir jouer dans leur stade sous les couleurs toulousaines. Antoine Dupont a foulé une fois la pelouse, en décembre 2020. En plein Covid. Son équipe a gagné devant des tribunes vides.
Cette absence, conjuguée à celles de Mauvaka, Flament, Meafou, Cros, Roumat, Costes et Ramos, retenus avec le XV de France, et une kyrielle de blessés (Ntamack, Arnold, Placines, Marchand, Laulala, Baille, Chocobares) a a égalisé les valeurs et a sans doute rendu un peu plus facile la victoire de l’Aviron (12-8) ce dimanche. Les Basques remportent leur doublé favori, celui qui tombe chaque année, aussi bien à l’aller qu’au retour, depuis trois saisons. Et huit fois lors des douze dernières confrontations entre les deux équipes. Ils affichent un ratio improbable de 6 victoires pour 5 défaites face au club le plus titré du rugby français. Et si on regarde simplement les cinq derniers épisodes chez soi dans cette configuration, c’est un carton : cinq sur cinq.
Top 14. Céréales Makela, les douceurs d’Aviron
Étonnant dans les duels, infatigable dans les rucks et meilleur marqueur d’essais du championnat, l’explosif centre fidjien de 24 ans est l’une des raisons du bon début de saison de Bayonne (3e), qui reçoit Toulouse ce dimanche à 9 heures. :17h
Merci Eric Bayle, diront les mauvaises langues. Le responsable du rugby sur Canal+, diffuseur officiel du championnat, est né sur les bords de la Nive. Grâce à l’algorithme, avant tout ! Le logiciel Ligalytics établit chaque année, de manière presque aléatoire, le calendrier des championnats de la LNR. Et merci Maqala. Le Fidjien a inscrit un doublé, ses 7e et 8e essais de la saison. Le dernier, à la 79e minute d’un match haletant, a offert le succès à son équipe.
Rythme fou
Arthur Iturria (blessé à l’épaule) et ses coéquipiers ne se soucient pas de la fenêtre internationale et de la composition alignée en face. Ils signent un quatrième succès d’affilée. Cela ne leur était plus arrivé en Top 14 depuis octobre 2019. Ils sont 4èmes du championnat et le doivent à une intensité constante en première période. Le rythme était tellement fou, au bout de dix minutes, qu’on se demandait comment les 30 comédiens allaient tenir le coup. Luke Tagi a mis un tampon sur Mallia (10e), Tuilagi a fait exploser Barassi (11e), Jelonch a failli éliminer Habel-Küffner et a reçu un jaune (32e). L’impact physique était là, le cardio aussi, comme ce moustique de Xan Mousquès, partout, tout le temps. Le jeune ailier de 18 ans pesait plus de 30 kilos sur son homologue, le solide Bituniyata. Il s’en fichait, terminant la première mi-temps la tête tremblante, à deux doigts d’inscrire son 4ème essai pour seulement son 3ème match professionnel.
Les Bayonnais prenaient néanmoins l’avantage à la pause grâce à un subtil coup de pied de Machenaud au-dessus de la défense. Orabé a laissé tomber le ballon. Derrière lui selon l’arbitre Kevin Bralley. Et qui passait par là ? Maqala, évidemment. Le meilleur buteur du championnat l’était un peu plus (7-0, 15e).
Une peur terrible
Efficaces dans les airs, avec Chouzenoux dans le rôle de voleur de ballon, les locaux se sont montrés moins efficaces au moment de conclure le premier acte (40e+2). La seconde était forcément moins intense. Notamment pour les Bayonnais. Les hommes de Jack Willis ont confisqué le ballon. Et s’installèrent dans le camp d’en face. Leur patience a été récompensée. Si Mousquès rattrapait Ahki au bout du lacet sur l’aile droite, Bituniyata finissait par trouver l’espace pour marquer (61e). Comme Kinghorn manquait la conversion, l’espoir restait (7-5).
D’autant plus que la bande de Lopez reprenait du terrain. Un peu. Pas longtemps. Cotet a été pénalisé après l’une des seules actions majeures des Basques en seconde période. Bordelai, l’autre pilier aussi. A 25 mètres de sa ligne. Cette fois, Kinghorn a mis le Stade en tête (7-8, 73e). J’ai peur de Jean-Dauger. Segonds a tenté une chute. Contré (76e). Il avait alors le ballon du match au bout de sa chaussure, sur un penalty bien placé (77e). Près de. Cette fois, cela n’arriverait pas. Sauf… Qui est allé là-bas ? Maqala, évidemment. En fin de compte, avec des acrobaties supplémentaires. Dites-lui merci.
Remarques
8/10 Essai
7/10 Chouzenoux, Machenaud, Habel-Küffner, Heguy, Martin, Mousques, Tuilagi
6/10 Cormenier, Orabe, Bosch
5/10 Lopez, Printemps, Bruni, Lune, Paulos
4/10 Maison close, Segond
Les réactions
Clément Poitrenaud (entraîneur des trois-quarts toulousains). « Sur tous les matches de ce bloc, nous avons pris des points partout. Même si nous avons perdu à domicile contre Bordeaux, il n’y a pas eu un match où nous n’avons pas pris de points. Cela prouve que nous sommes compacts en ce moment et que, même si tout n’est pas parfait, nous sommes toujours dans le match. C’est vraiment le point positif de ce début de saison. »
« Si on veut exister à Bayonne, il faut s’engager totalement. Si vous arrivez un peu sans enthousiasme, il arrive ce qui arrive aux adversaires de Bayonne ces dernières semaines : vous prenez des points. Après, c’est vrai que les Bayonnais, on les jouera encore une fois en double dans quelques semaines (NDLR, lors du match retour, en février). Depuis 2020, je ne pense pas qu’on les ait joués à fond. Ça va commencer à se montrer un peu…. Nous allons devoir faire quelque chose. Mais c’était bien aussi d’envoyer un message disant que même en période de doublons, il faudra compter sur nous. »
Yohan Orabé (arrière de Bayonne). « Nous sommes soulagés car c’était un match très tendu. La décision est prise à la fin. En termes d’intensité, c’était le haut niveau. Maqala ? Il joue toujours un rôle important. Nous ne pouvons que le remercier.