Réponses à vos questions sur la guerre au Soudan, « conflit oublié »

Réponses à vos questions sur la guerre au Soudan, « conflit oublié »
Réponses à vos questions sur la guerre au Soudan, « conflit oublié »

Plusieurs femmes se sont suicidées à Al-Jazeera, au centre du Soudan, après avoir été violées par des paramilitaires, dans la guerre entre deux généraux, autrefois alliés et désormais ennemis. Au moins 37 cas signalés en une semaine dans et autour de la ville de Rufaa, dans l’État d’Al Jazirah, au sud de Khartoum, rapporte Sudan Tribune. Les paramilitaires auraient tué au moins 124 personnes, dont un bébé, dans l’État d’Al-Jazeera, au sud de Khartoum, rapporte-t-on. l’agence Reuters et le journal saoudien Arab News. 200 personnes ont également été blessées, selon un groupe pro-démocratie, mais il est impossible de vérifier ce bilan, précise le BBC en raison du manque de communication dans un Soudan en guerre. Pourquoi ce conflit est-il si peu médiatisé, alors qu’il s’agit d’une des pires crises humanitaires au monde selon l’ONU, avec les risques de famine et les traumatismes vécus notamment par les 11 millions de déplacés internes et de réfugiés ? ? Cyril Sauvageot, rédacteur en chef de la rédaction internationale de Radio , répond à vos questions.

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Problème de sécurité pour l’envoi des journalistes, mais possibilité de suivre parfois le conflit à distance : « Oui, clairement, la guerre au Soudan est aujourd’hui sous les radars »reconnaît Cyril Sauvageot, rédacteur en chef de la rédaction internationale de Radio France. « Tout d’abord, c’est regrettable. Et nous, à la rédaction internationale, essayons de suivre ce conflit, mais nous constatons qu’il est difficile de le faire exister dans les médias pour plusieurs raisons. Premièrement, cela est dû au fait que le Soudan est aujourd’hui une sorte de no man’s land médiatique. Il y a très peu, voire aucun, de journalistes étrangers. Nous, du moins, à Radio France, n’en avons plus depuis un certain temps. des journalistes indépendants qui seraient basés sur le terrain, qui pourraient nous faire vivre ce conflit, pour des raisons de sécurité. Et même envoyer des reporters depuis Paris, pour aller couvrir le Soudan en ce moment, c’est compliqué. Donc ce pays. est devenu un no man’s land médiatique. Il n’y a pas ou très peu d’informations qui reviennent du terrain et c’est là notre grande difficulté. Nous essayons, même occasionnellement, de travailler à distance pour maintenir ce conflit vivant. Par quels moyens ? A travers des rapports d’ONG et d’agences des Nations Unies qui apportent néanmoins des informations et des thématiques sur lesquelles on peut s’appuyer, comme les violences sexuelles ou la famine. Nous pouvons contacter des représentants d’ONG qui continuent à travailler sur le terrain, contacter des chercheurs également. Et cela donne aussi une forme d’appétit médiatique, même très ponctuel, pour les chaînes de nos antennes.» explique le rédacteur en chef de la rédaction internationale de Radio France.

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« Le news hook » et la dimension émotionnelle en question dans les choix éditoriaux : « Même si nous avons des spécialistes qui veulent faire exister la guerre au Soudan dans les journaux, il y a aussi des rédacteurs en chef, des présentateurs de journaux qui doivent être convaincus de la pertinence et du bon moment pour trouver la place à ce sujet », poursuit Cyril Sauvageot. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon journalistique, « le news hook ». «Cela m’amène à un autre aspect très important : nous sommes aujourd’hui confrontés à deux conflits internationaux majeurs ayant des implications sur toute la planète, à savoir la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient. Ces deux conflits occupent beaucoup de place dans les médias, avec une dimension émotionnelle très forte. La guerre en Ukraine, car il y a eu une sorte d’identification au peuple ukrainien, aux réfugiés ukrainiens, à un thème européen. Le sujet est explosif et cru même dans la société française. Mais il peut y avoir une forme d’identification et de soutien émotionnel, par exemple vis-à-vis de la société palestinienne, des Gazaouis mais aussi de ce que les gens ont vécu. Israéliens à l’heure du 7 octobre, il peut parfois y avoir quelque chose de beaucoup plus lointain alors que les Soudanais vivent une guerre terrible depuis près de deux ans. Cet aspect émotionnel, on peut le regretter, mais il est énorme dans sa forme. nous abordons les choses dans les médias”analyse Cyril Sauvageot, rédacteur en chef de la rédaction internationale de Radio France.

 
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