Auteur d’un jeu au pied décisif pour Jiuta Wainiqolo samedi contre Lyon (21-10), Paolo Garbisi a tenté de s’animer pendant 40 minutes, avant de se cantonner à un rôle défensif durant toute la seconde période.
Pas de problème pour l’ouvreur italien. « La défense va bien. Ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète. J’aime ça et je suis très confiant… donc pas de soucis »il rit.
Le jeu du RCT, les difficultés d’animation, son coup de pied pour son ailier, son côté perfectionniste et le premier bilan après neuf matches… Paolo Garbisi dresse un constat clair, clair. Sans se cacher, comme d’habitude.
En conférence de presse d’avant-match, vous avez été assez dur sur votre début de saison. Contre Lyon, vous avez pris vos responsabilités. Satisfait?
(Il sourit) Non… Je me dis qu’il y a encore du travail à faire. Surtout dans l’animation. Nous créons des opportunités, mais nous ne savons pas très bien les exploiter. C’est dommage. Il faut encore beaucoup travailler, en équipe, pour trouver une meilleure organisation en attaque, arriver à trouver les couloirs et se donner un peu de répit.
Comment expliquer ces difficultés ?
Je trouve que les trois quarts d’entre nous sont souvent trop dispersés. Nous ne sommes pas toujours tous ensemble. Mais cela vient aussi de moi, en tant que numéro 10. De ma communication. Je dois essayer de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde. Et avec ça, je ne suis pas très content de moi.
Pourtant, au moins en première mi-temps, vous avez essayé, bien plus que jusqu’à présent, de faire bouger le ballon…
Ça s’est amélioré, oui. Mais c’est une de mes qualités ainsi qu’un de mes défauts. Je suis toujours un peu trop négatif (sourire). Sur ce match, je dois aussi remercier Mathieu [Smaïli] et Antoine [Frisch]. Ils ont fait un excellent travail en m’aidant à communiquer. Ce sont deux joueurs de ballon et c’est plus facile de jouer avec des profils comme eux. Alors oui, on a encore du mal à se retrouver mais dès qu’on y arrive, ça marche.
Votre initiative sur l’essai aux 80 m de Jiuta Wainiqolo est décisive. Qu’est-ce qui vous passe par la tête lorsque vous jouez ce penalty rapidement ? Avez-vous ciblé le remplaçant lyonnais en vidéo ?
Nous n’avons rien vu en vidéo à ce sujet, mais nous voulons être une équipe imprévisible. Et pour cela, il faut rester vigilant sur toutes les opportunités. Souvent dans des situations comme celle-là, les équipes sont déjà prêtes car on va rentrer en touche. Parce que nous faisons toujours la même chose ! Essayez ceci, vous le faites rarement. Une seule fois par match… et parfois même pas. Là, j’ai vu qu’il y avait tous les attaquants du même côté, alors j’ai essayé. Et franchement, Jiuta [Wainiqolo] ça fait trois mille heures, alors autant lui donner le ballon (rires)!
Comment prenez-vous la décision ? Y a-t-il un jeu de regard fixe avec votre ailier ?
Dès qu’il y a un penalty, j’essaie avant tout de récupérer le ballon rapidement. Sans le ballon, je ne peux rien faire. Après, je vois s’il y a de la place et surtout si l’ailier me regarde. S’il me regarde et que j’ai l’impression qu’il va bien, j’y vais. Sinon, on entre en contact. Cela arrive peut-être une fois sur quinze mais quand il y a une opportunité, il faut la saisir.
A ce stade, vous ne menez que 14-10 et êtes à quinze mètres de votre ligne. C’est une décision audacieuse. Preuve que la confiance était là, non ?
(Il rit) Oui… En fait, cette saison, il aurait pu m’arriver de ne tenter aucun tir. Je me suis dit que je ne voulais plus avoir de regrets en me disant : « Paolo tu aurais pu essayer ceci, ou cela ». Après, si la prochaine fois que je le fais il y a une interception et un essai, j’aurai certainement envie de me cacher (sourire). Mais si vous commencez à vous dire : « La prochaine fois je le ferai, la prochaine fois je le ferai », vous perdez confiance en vous et vous n’essayez jamais rien.
Pierre Mignoni a pu dire qu’il faut réussir à se « détendre ». Comment faire ?
C’est difficile parce que lorsque vous essayez d’être parfait, sachant que vous ne le serez jamais, vous n’acceptez pas les erreurs. Et pour ne pas échouer, on se retrouve à moins oser, à moins essayer. Vous restez dans le système classique. Mais parfois, il faut faire des choses décisives. Alors j’essaye.
Vous venez de remporter une victoire 21-10 contre Lyon. Comment voyez-vous ce succès ? Quatre points gagnés ? Un point restant en route ?
Je pense qu’honnêtement, c’est quatre points gagnés. On s’est enlevé le droit de penser au bonus dès les dix premières minutes de la seconde mi-temps. Parce que nous sommes partis à l’opposé de ce que nous nous disions. On savait que ça allait être un moment clé. Si Lyon marquait tout de suite, ils allaient nous déranger tout le match. Et finalement, c’était tout.
Si de votre côté, vous revenez en sélection avec l’Italie, le Top 14 fait une pause. Quel bilan faites-vous de la trêve ?
Sachant que nous avons voyagé cinq fois, je pense que si vous êtes dans les quatre, d’un point de vue comptable c’est bien. Mais honnêtement, nous avons de plus grandes inquiétudes que ce que disent les classements. Il est meilleur que ce que nous avons montré en équipe. Le classement est même plutôt flatteur. J’attends plus. Et je pense qu’avec l’équipe et les joueurs que nous avons, nous pouvons certainement faire mieux.