jeIls sont nés à La Rochelle, ont été cadres de deux générations de Bleuets sacrés champions du monde des moins de 20 ans et comptent parmi les plus gros potentiels français en 3e ligne. Pourtant, Matthias Haddad-Victor, 23 ans, et Oscar Jegou, de deux ans son cadet, ne devraient connaître leur deuxième titularisation commune que ce samedi, face au Stade Français (21h05). La faute aux problèmes physiques du premier la saison dernière et aux problèmes extra-sportifs du second qui, quatre mois après une sélection avec les Bleus et une plainte pour viol en compagnie d’Hugo Auradou en Argentine, attend l’examen de sa demande de licenciement –, reprendra le fil de sa carrière.
Leur présence commune n’est pas anodine pour le groupe. Privé de Levani Botia (avant-bras) depuis des mois, touché par les blessures légères de Haddad-Victor et du polyvalent Ultan Dillane, le troisième ligne rochelais n’a pas fait grand-chose et a varié les profils. Les puissants Grégory Alldritt et Paul Boudehent (sélectionnés pour les tests de novembre) en sont déjà à 466 et 509 minutes, contre 483 pour Judicaël Cancoriet, suspendu pour les quatre prochains matches. Seuls le 2e trio Kane Douglas et l’espoir Édouard Richer les ont remplacés. De quoi générer une fatigue ressentie sur le terrain détrempé et extrêmement gras de Montpellier le 26 octobre (16-0).
Le premier s’est terminé court
Ces conditions ne les auraient pas favorisés, mais l’absence de ces deux joueurs d’évasion était évidente. Face à un MHR dense et défendant avec rage sa survie et son but, les Rochelais ont frappé à la porte sans la faire tomber. Une réminiscence des 24 premiers jours de la saison dernière. Pourtant, Haddad-Victor et Jegou avaient débuté la 25e à Toulouse. Si l’expérience avait tourné court, en raison d’un KO prématuré du « MHV », la caravelle avait retrouvé un certain élan dans le sillage de son cadet. Cela s’est confirmé en barrage à Toulon (29-34) et a valu au flanc de 1,90 m et 90 kg une première sélection remarquée face aux Pumas (13-28).
«Ils apportent de la vitesse, avec un bon QI rugby et une grande capacité à lire les espaces»
Avec l’aérien Dillane, le troisième ligne de La Rochelle aura donc un nouveau visage face aux Parisiens de Yoan Tanga. « Ce sera d’abord une bagarre au premier rideau avant de penser au jeu dans les couloirs ou à la reprise », précise Brice Dulin. Sans vitesse, nous aurons très peu d’espaces, il sera difficile de les contourner ou de les manœuvrer. Mais ce sont des joueurs dont l’instinct peut contribuer à faire la différence. » « Ils apportent de la vitesse, avec un bon QI rugby et une grande capacité à lire les espaces », ajoute Will Skelton. Ils savent où mettre la tête, ce qu’ils peuvent faire avec le ballon tout en étant très forts en défense. »
« Oscar, c’est avant tout un 3e ligne sans poumons qui colle au ballon, apporte toujours du soutien et qui pallie un peu le manque de mouvement de certains », estime Dulin. « Depuis le début de la saison, les autres ont montré leurs qualités. Mais surtout, nous avons hâte que chacun puisse « matcher » pour combiner différents profils en fonction des compositions et du jeu que l’on veut jouer », analyse Rémi Talès, responsable des trois-quarts maritimes. Il faudra probablement attendre encore un mois pour cela.