Mannequin avant de devenir photographe de guerre, la réputation de Lee Miller – reporter mondialement connu – n’est plus à faire. En adaptant sa vie en film, la réalisatrice Ellen Kuras aborde donc un hommage plus qu’une biographie.
Ce film est le portrait d’une femme qui se bat. Pendant trop longtemps, l’effort de guerre a été attribué aux hommes. Nous les avons comblés de remerciements et avons sciemment oublié ceux qui restaient. Pourtant, derrière le front, les femmes se battent au quotidien. Certains pour soutenir leurs proches en première ligne, d’autres, avec la seule motivation de leur courage. Ce fut le cas de Lee Miller, comme nous le présente Ellen Kuras.
Ancien mannequin de Vogue, Lee aurait pu subir la guerre en attendant, comme beaucoup ont choisi de le faire. Mais pour elle, c’était impensable. Après avoir déclaré : “Je préfère prendre une photo plutôt que d’en être une. »elle s’est mobilisée pour aller au front et photographier les horreurs de la guerre pour le magazine Vogue UK. Avec son acolyte David Scherman (incarné par Andy Samberg), Kate Winslet voyage pendant des années à travers les scènes d’une humanité déchirée.
Le réalisateur entreprend une reconstitution historique des plus fidèles. On y retrouve la célèbre photo de Lee dans la baignoire d’Hitler, mais aussi les portraits qu’elle a réalisés sur les champs de bataille, ainsi que les photos de la Shoah qui l’ont rendue célèbre.
Pourtant, même si l’aspect sanglant est devant la caméra, le spectateur n’oublie pas qui se cache derrière : une femme. Avec ce film, Ellen Kuras montre que les femmes peuvent tout faire, et qu’elles ont tout fait. Si la féminité de Lee n’est pas oubliée, elle n’est jamais présentée comme une faiblesse dans ce domaine du metal. Loin de nous offrir une douceur maternelle, les yeux bleus de Kate Winslet nous montrent une détermination farouche : Lee Miller est une femme en pleine guerre, et comme tout le monde, elle s’est battue.
Aglaé Girard
