Le Premier ministre a annoncé ce mardi 1er octobre vouloir une prolongation exceptionnelle de la détention des étrangers en situation irrégulière, et ne s’est pas empêché d’ouvrir une “discussion” sur l’accord migratoire de 1968 entre la France et l’Algérie.
Le drame se mêle parfois à la politique. La mort cruelle des Philippines a relancé le débat sur l’immigration et les obligations de quitter le territoire (OQTF). Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a occupé l’espace médiatique ces derniers jours pour dire que « L’immigration n’est pas une opportunité pour la France ». Des associations de gauche et des hommes politiques ont exprimé leur désaccord. Ils ont également demandé au Premier ministre de réagir pour recentrer son ministre, applaudi par le Rassemblement national. DONC ? Michel Barnier est resté entre les lignes ; pas de grande annonce derrière son bureau à l’Assemblée nationale, mais une direction. « Nous avons également besoin d’une politique de contrôle de l’immigration, a-t-il déclaré lors de sa déclaration de politique générale ce mardi 1er octobre. Il est urgent de sortir de l’impasse idéologique dans laquelle tout le monde l’a mis. Ce sujet qui ne laisse personne indifférent doit être traité avec le sérieux et l’humanité qu’il mérite plutôt que d’être utilisé dans des polémiques. L’immigration est une question qu’il faut aborder avec lucidité et affronter avec pragmatisme.»
Le Premier ministre promet – comme ses prédécesseurs – de travailler à « un traitement plus efficace et local des demandes d’asile afin que les demandeurs obtiennent une décision rapidement ». Elle entend également proposer la prolongation exceptionnelle de la détention des étrangers en situation irrégulière, pour mieux exécuter les OQTF – 10 % sont exécutées en moyenne. Une manière de répondre à la polémique après la mort de Philippine. Le suspect, qui venait de sortir d’un centre de rétention administrative, faisait l’objet d’une OQTF. Une réunion est prévue avec les préfets la semaine prochaine pour évoquer le sujet.
Des « accords bilatéraux » de longue date
Michel Barnier, qui répète que la France continuera, “aussi longtemps que nécessaire”, rétablir les contrôles sur ses « propres frontières », comme vient de le faire l’Allemagne, regardez aussi au niveau de l’Europe. Cela donne : « Le récent Pacte européen sur la migration et l’asile prévoit de contrôler les flux en opérant des contrôles aux frontières extérieures de l’UE. C’est à ces frontières que nous déciderons qui est autorisé à entrer sur le territoire de l’UE au nom du droit d’asile et qui ne l’est pas.»
Enfin, comme Bruno Retailleau, le Premier ministre ne s’interdit pas d’ouvrir un « discussion avec les pays concernés par des accords bilatéraux conclus il y a longtemps alors qu’ils ne correspondent plus aux réalités d’aujourd’hui ». De quoi parle-t-il ? L’accord entre la France et l’Algérie, signé en 1968, qui réglemente la circulation, l’emploi et le séjour des ressortissants algériens en France. Un accord dénoncé depuis des années par une partie de la droite et de l’extrême droite.