Le soutien-gorge impliqué dans le cancer du sein, vraiment ?

Le soutien-gorge impliqué dans le cancer du sein, vraiment ?
Le soutien-gorge impliqué dans le cancer du sein, vraiment ?

Photo by Kristen Plastique on Unsplash

C’est une rumeur qui circule depuis une vingtaine d’années et qui revient régulièrement sur le devant de la scène : porter un soutien-gorge augmente le risque de développer un cancer du sein. Même si les études sérieuses sur le sujet sont rares, on peut néanmoins affirmer que tel n’est pas le cas. A l’occasion d’Octobre Rose et du lancement d’une nouvelle série de Canal Détox sur la santé des femmes, on revient sur cette idée reçue, dont il semble encore difficile de se débarrasser.

Entre octobre et décembre 2024, l’Inserm publiera pour sa rubrique Canal Détox une série de six textes dont les différentes thématiques ont toutes en commun d’aborder la santé des femmes. L’idée : montrer comment la recherche scientifique, notamment celle de l’Inserm, aborde ces questions pour mieux comprendre les inégalités de santé et améliorer la prise en charge pour tous, mais aussi lutter contre la désinformation.

C’est le travail Habillé pour tuerpublié en 1995 par le médecin américain Sydney Singer, qui fut l’un des premiers à semer le trouble et à accuser le soutien-gorge d’être responsable du cancer du sein. Dans son « étude », qui n’a jamais été examinée par des experts ni publiée dans une revue à comité de lecture, Singer affirme que les femmes qui ne portent pas de soutien-gorge ont « 1 chance sur 168 » de développer un cancer. du sein contre « 3 à 4 chances » pour celles qui portent un soutien-gorge 24 heures sur 24 (c’est-à-dire aussi la nuit). Son hypothèse est alors la suivante : le port d’un soutien-gorge avec armatures gênerait la circulation lymphatique, empêcherait l’évacuation des « toxines » et constituerait un terrain idéal pour la formation de tumeurs.

Mais aucune étude scientifique rigoureuse n’a jamais confirmé ces observations. A l’inverse, une étude américaine de 2014 a par exemple réfuté catégoriquement cette « rumeur » selon laquelle le port d’un soutien-gorge serait un facteur de risque de cancer. Pour les auteurs, qui ont comparé un groupe de 1 044 femmes ménopausées atteintes de carcinomes mammaires invasifs avec un groupe de 469 femmes en bonne santé, le risque serait le même, quelle que soit la taille du bonnet du soutien-gorge, la présence ou l’absence d’armatures, le nombre moyen d’armatures. du nombre d’heures portées par jour ou encore de l’âge à partir duquel ces femmes ont commencé à porter un soutien-gorge régulièrement.

Dernier constat : l’augmentation du nombre de cancers du sein n’est absolument pas corrélée à l’apparence du soutien-gorge (un brevet pour le premier soutien-gorge « moderne » fut déposé en 1889). On observe en effet une augmentation des cancers du sein depuis 1920 en France, celle-ci étant particulièrement marquée surtout depuis la fin du XXe siècle. Un doublement du nombre de cas a notamment été recensé entre 1990 et 2018.

L’origine de cette hausse serait plutôt à chercher dans l’évolution du comportement des femmes. De plus en plus d’études mettent en avant le rôle délétère de la consommation d’alcool et du tabac. D’autres facteurs sont également étudiés : avoir des enfants plus tard et en moins grand nombre, mais aussi être en surpoids ou ne pas pratiquer d’activité physique augmenterait le risque de cancer. Par exemple, on estime que 10 % des cancers du sein survenant après 50 ans sont liés au surpoids.

Texte extrait du livre Fake News Santé de l’Inserm, publié aux Editions du Cherche-Midi

 
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