L’opposition de Baudouin à l’avortement, un plus pour sa béatification ?

L’opposition de Baudouin à l’avortement, un plus pour sa béatification ?
L’opposition de Baudouin à l’avortement, un plus pour sa béatification ?

En rendant hommage au roi Baudouin (1930-1993) qui a refusé de contresigner une loi légalisant l’avortement en Belgique, et en souhaitant ouvertement sa béatification, le pape François a soulevé de nombreuses critiques. Il ne s’agit cependant pas d’une position nouvelle de la part du pontife argentin.

La visite du pape François à la crypte royale de l’église Notre-Dame de Laeken n’a pas été rendue publique. Mais un communiqué officiel du Vatican l’a révélé, et a provoqué de vives réactions dans le pays. Samedi, en fin de matinée, le pape de 87 ans a rejoint l’église néo-gothique située à moins de cinq kilomètres de l’immense basilique de Koekelberg où il venait de s’adresser aux responsables de l’Église catholique belge. Construite à l’initiative de Léopold Ier pour recevoir la dépouille de son épouse, la crypte sert depuis de nécropole à la famille royale belge. Le pape François y a rencontré le roi Philippe et la reine Mathilde qui l’avaient accueilli sur le tarmac de l’aéroport battu par la pluie à son arrivée en Belgique jeudi soir. Le lendemain, ils se sont réunis au château de Laeken où le pape, dans un discours aux autorités, a évoqué la honte de l’Église pour les abus sexuels commis par des clercs, un drame que le roi lui-même avait évoqué dans son discours.

Mais ce samedi matin, c’est dans une ambiance intimiste et familiale que le pontife et une partie de la famille royale se sont retrouvés. Dans la crypte accessible par un double escalier et qui rassemble les tombeaux de tous les monarques belges, ils rendirent hommage au roi Baudouin. Sur une photo publiée par le Vatican, on peut voir le pontife, assis dans son fauteuil roulant, recueilli devant le tombeau du souverain qui a régné 42 ans, de 1951 jusqu’à sa mort subite d’une crise cardiaque en 1993, alors qu’il était seulement 63 ans. Aux côtés du pape, le roi Philippe et la reine Mathilde mais aussi l’ancien roi Albert II, qui avait succédé à son frère Baudouin car mort sans descendance, et son épouse la reine Paola. Le jeune archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Luc Terlinden, était également présent.

“Courage” de Baudouin

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais une note explicative du Vatican envoyée aux journalistes va bousculer la donne : le pape salue « le courage » de Baudouin, ce roi qui avait quitté son poste « pour ne pas signer une loi meurtrière ». Une allusion à un épisode étonnant de l’histoire de la monarchie belge. Pendant 36 heures, en 1990, le roi avait en effet utilisé une formule juridique établissant son propre « empêchement » pour ne pas associer sa signature à cette loi qu’il ne pouvait ni approuver ni rejeter, sauf si elle provoquait une crise de régime. . Cette approche avait divisé les spécialistes du droit constitutionnel et les dirigeants politiques, mais elle n’avait pas diminué l’attachement du peuple belge à son roi.

Le Saint-Siège indique également, avec une franchise tout à fait inhabituelle, que le Pape souhaite la béatification de l’ancien souverain, et invite « les Belges à se tourner vers lui en ce moment où s’élaborent les lois pénales ». Une allusion probable à l’extension progressive des possibilités de recours à l’euthanasie. Dès que la nouvelle s’est répandue, un communiqué ferme du Centre d’action laïque a dénoncé des « propos ahurissants », y voyant une « provocation » au jour même de la journée internationale pour le droit à l’avortement. Gêné par la diffusion de la nouvelle, qui risque d’affaiblir la position d’arbitre constitutionnel que est censé jouer le roi des Belges, le Palais Royal a à son tour adressé un communiqué pour rappeler le caractère “strictement privé” de ce voyage.

La piste argentine

Certaines sources se réjouissent de voir le pape exprimer une position claire et libre, sans se laisser freiner par les conditionnements politiques locaux. Le pape François a souvent eu des propos durs à propos de l’avortement, qualifiant les médecins qui le pratiquent de « tueurs à gages ». Dès le début de son pontificat, il a défié les attentes de ceux qui espéraient un changement dans la doctrine de l’Église catholique sur l’avortement : pour François, il s’agit d’un point non négociable, et il est possible que sa légalisation dans son propre pays , Argentine, a peut-être joué un rôle dans son refus de s’y rendre ces dernières années.

Mais c’est peut-être aussi en Argentine que se situe l’une des raisons de l’affection personnelle du pape pour l’ancien roi des Belges. Dans les années 1970, en tant que provincial des jésuites d’Argentine, le père Jorge Mario Bergoglio se rendait fréquemment en Belgique pour remercier les bienfaiteurs de l’Université de Cordoue, dont il était chancelier. Cependant, depuis 1961, la clinique de cette université jésuite s’appelle « Clinica Reina Fabiola », du nom de l’épouse du roi Baudouin. L’année suivante, le père du roi, l’ancien souverain déchu Léopold III, s’y rendit discrètement, avant que Baudouin et Fabiola ne s’y rendent eux-mêmes en 1964. L’affection personnelle du pape pour l’ancien monarque trouve donc en partie son origine dans son soutien à cette institution jésuite.

Un autre monarque

En tout cas, en se prononçant ouvertement en faveur de la béatification du roi Baudouin, le pape François a franchi une étape que son prédécesseur Benoît XVI n’avait pas osé franchir, même s’il avait avoué y être personnellement favorable en recevant en privé des visiteurs belges. Si le dossier aboutit, le roi Baudouin serait le premier monarque européen proposé à la vénération des fidèles depuis le dernier empereur d’Autriche-Hongrie, Charles Ier (1916-1918), décédé en 1922 et béatifié par Jean-Paul II en 2004. Son épouse Zita, décédée seulement en 1989 après un très long veuvage de près de sept décennies, fait également actuellement l’objet d’une procédure de béatification.

 
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