Les inondations dues aux pluies torrentielles sont de plus en plus coûteuses pour les assureurs, qui couvrent de moins en moins de propriétés pour les dommages causés par l’eau.
Publié à 5h00

Combien de bâtiments ne sont plus assurables pour cette raison? le Canada Insurance Office (BAC) dit qu’il n’a aucune information à ce sujet. Desjardins, l’assureur le plus important du Québec, a refusé de nous donner une interview sur cette question.
En 2023, 75% des contrats d’assurance habitation au Canada comprenaient un addendum pour couvrir l’infiltration d’eau par la fondation et la réprimation des eaux usées, contre 78% en 2020, indique le réservoir. Mais nous ne savons pas si cette diminution est attribuable à une décision des clients ou de l’assureur.
“En cas de plusieurs réclamations sur une courte période, il est possible qu’un assureur abaisse la quantité de couverture de l’addendum, qu’elle augmente la prime, ou les deux. Il est également possible qu’il ne renouvelle pas l’addendum ou qu’il nécessite certains travaux pour rendre le risque assurable”, explique un représentant de l’ACB, dans une réponse envoyée par e-mail.
Au Québec, le programme gouvernemental d’aide financière en cas de réclamation est réservé aux inondations causées par le débordement d’un cours d’eau. Les dommages causés par la pluie ne sont pas inclus car ils peuvent être couverts par un assureur privé, explique le gouvernement pour justifier cette distinction.
Mais de moins en moins de propriétaires ont accès à cette protection.
Conseiller les victimes
Après une inondation, les assureurs auraient un intérêt à conseiller leurs clients sur les mesures de protection à établir à la maison, afin de réduire les plaintes futures, de souligner les experts.
“La meilleure chose pour un assureur est de réduire le risque”, a déclaré Anabela Bonada, directrice du Centre intact sur l’adaptation climatique (CIAC).
Certaines entreprises se sont retirées des secteurs des risques au Québec en raison des inondations ces dernières années. S’ils n’aident pas les propriétaires à se protéger, ils perdront toujours des clients.
Anabela Bonada, Directrice du Ciac
Certains assureurs ont commencé à fournir des services de prévention des inondations. Chez Assurances Desjardins, nous «regardons comment accompagner les clients à mieux reconstruire», a déclaré un porte-parole, Véronique Breton, dans une réponse envoyée par e-mail.
Par exemple, les personnes assurées peuvent obtenir jusqu’à 1000 $ pour installer une pompe de séchage ou une vanne anti-route.
Prévention et financement
Le nerf de la guerre est la prévention et le financement, selon Mathieu Gillet, expert en développement urbain durable, responsable du développement commercial chez Ecohabitation.
De nombreux propriétaires ne sont pas si riches. Ils n’ont pas 40 000 $ pour rénover et risquer plus de dégâts et une baisse de la valeur de leur propriété. Pour que les gens adoptent ces mesures, un programme de financement est nécessaire.
Mathieu Gillet, expert en développement urbain durable, directeur du développement commercial chez Ecohabitation
L’écohabitation a participé à des tests de portes de garage imperméables à Montréal l’année dernière, une solution qui s’est avérée efficace pour les contre-compétences. Mais ces produits sont encore peu disponibles, coûteux et nécessitent également des travaux de plomberie.
«Il n’y a pas de solution unique. Chaque cas est différent, selon les chemins de l’eau. Et à chaque nouvel événement extrême, nous pouvons découvrir de nouvelles vulnérabilités», souligne Élène Levasseur, d’architecture sans frontières.
Il donne l’exemple des vannes, obligatoires dans les réglementations municipales: il existe plusieurs types, et si vous installez le mauvais, ou au mauvais endroit, les problèmes peuvent empirer.

Photo fournie par le CNRC
Le CNRC a construit une maison dans une énorme piscine, dans ses laboratoires à Ottawa, pour tester les mesures de protection contre les inondations.
Protections temporaires
Lorsque l’eau entre par les portes et les fenêtres plutôt qu’en sauvegarde, il est parfois nécessaire de se tourner vers des mesures de protection temporaires.
Le National Center for Research of Canada (CNRC) en a testé plusieurs, récemment, en construisant une maison dans un énorme bassin, dans ses laboratoires d’Ottawa.
Résultat: les batancies gonflables qui bloquent les ouvertures sont beaucoup plus efficaces et pratiques que les sacs de sable traditionnels.
«Une grande partie du problème est la disponibilité», explique Louis Poirier, du CNRC. «Mais les distributeurs commencent à offrir des produits européens ici, et nous encourageons le développement de solutions locales, telles que les portes et les fenêtres imperméables.» »

Photo Nicolas Seguin, fournie par le CNRC
Louis Poirier, chercheur en ingénierie océanique, côtière et rivière au National Research Center of Canada
Nous devons également favoriser les matériaux résistants aux moisissures, tels que le gypse conçu pour les salles de bains et les planchers en béton poli, selon Louis Poirier.
L’idéal est de pouvoir «accueillir l’eau», c’est-à-dire qu’il n’y a que des dommages minimes en cas d’inondation, explique Mathieu Gillet,
tout comme les concepteurs de villes éponges, chaque citoyen devrait développer leur «propriété éponge», pour aider à réduire les inondations, ajoute-t-il, notant que les terres privées occupent 70% du territoire de Montréal.
«Des mesures pour absorber et conserver l’eau sur chaque terrain privé seraient plus efficaces et moins chères que tout ce que la ville peut faire pour augmenter la capacité de son infrastructure», explique Jean-Luc Martel, professeur à l’École de technologie supérieure (ETS), qui a mené des études sur ce sujet.