
le Premier ministre polonais Donald Tusk (G) et le président français Emmanuel Macron servent la main après avoir signé un traité à la fin de leur réunion à Nancy, le 9 mai 2025 (Pool / Christophe Petit Tesson)
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk ont signé vendredi à Nancy, dans l’est de la France, un traité, entre autres, renforçant la coopération de la défense entre les deux pays face à la Russie jugée de plus en plus menaçante après trois ans de guerre en Ukraine.
Le chef polonais a déclaré que c’était «un événement historique». “Je suis profondément convaincu (…) que la France et la Pologne pourront compter les unes sur les autres en toutes circonstances, le bien et le difficile”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse lorsque le texte comprend une clause d’assistance mutuelle en cas d’attaque armée.
Ce traité marque «une nouvelle page», a déclaré Emmanuel Macron, évoquant «une solidarité irréversible».
Il a notamment assuré que s’il devait décider d’utiliser des armes nucléaires, il s’intègre dans sa réflexion sur les «intérêts» des «principaux partenaires» de la France.
“Depuis les années 1960, avec les commentaires du général de Gaulle, la dimension européenne de cette dissuasion a été confirmée et elle a été constamment réaffirmée par tous mes prédécesseurs”, a rappelé le président français.
La France est le seul pays d’Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, doté d’armes nucléaires.

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk à Nancy, le 9 mai 2025, pour la signature d’un traité renforçant les liens de défense entre les deux pays (Pool / Christophe Petit Tesson)
Les autres membres européens des membres de l’OTAN sont jusqu’à présent sous le parapluie nucléaire américain.
La signature de ce traité intervient tandis que la Pologne est devenue un acteur clé du côté oriental de l’OTAN et se sent menacé par Moscou.
Les retrouvailles à Nancy ont eu lieu lorsque, à Moscou, Vladimir Poutine a défié les Occidentaux avec une imposante défilé militaire pour le 80e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie.
“Le président Poutine est du côté de la guerre, pas du côté de la paix (…) et ceux qui ont peut-être pensé qu’il avait un soupçon de paix est en leur nom”, a déclaré Emmanuel Macron lorsque la guerre en Ukraine ne s’affaiblit pas malgré la promesse de Donald Trump.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi un sommet des dirigeants européens soutenant Kiev contre l’invasion russe prévue, selon lui, samedi en Ukraine.
-– Clause de défense mutuelle –
Avant de voler en France, Donald Tusk a annoncé que le traité comprendrait une clause de défense mutuelle, qui «ouvre la possibilité de coopération» en matière de dissuasion nucléaire.
“La dissuasion nucléaire française a une composante européenne, et dans ce traité, c’est une solidarité encore plus forte que nous scellées, ce qui permet de rendre opérationnel ce qui est déjà à l’article 5 de l’OTAN”, a déclaré Emmanuel Macron sur la place Stanislas de Nancy.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk (G) et le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse conjointe après la signature d’un traité de coopération entre les deux pays, le 9 mai 2025 à Nancy (Pool / Christophe Petit Tesson)
“Cette clause de soutien mutuel en cas d’agression contre l’un de nos pays est l’essence même de ce traité”, a déclaré le chef polonais. “En cas de menace, d’attaque contre la Pologne et la France, les deux pays s’engagent à fournir une assistance mutuelle, y compris l’armée”, a-t-il déclaré.
Interrogé sur l’aide au béton en cas d’agression de la Pologne par la Russie, Emmanuel Macron a assuré que «le déploiement serait possible face à une agression et si le pire devrait se produire». “Je veux comme preuve que lorsque la Russie a décidé de cette guerre d’agression contre l’Ukraine en février 2022, nous avons pu en cinq jours pour déployer des troupes en Roumanie”, a-t-il déclaré.
Dans le cadre des mesures de réassurance sur le Flan oriental de l’OTAN, Emmanuel Macron n’a pas non plus exclu des chèvres des chasseurs de rafale français en Pologne, comme c’est le cas dans les États baltes. “Il y a une disponibilité du gouvernement de France à marcher sur cette voie”, a-t-il déclaré dans une interview avec la chaîne polonaise Telewizja Polska.
Paris et Varsovie avaient déjà conclu un traité en 1991, tandis que la Pologne est sortie des Glacis soviétiques, après la chute du rideau en fer, mais moins ambitieux.
– Garanties mutuelles –
En plus de la défense, la coopération franco-polonaise sera renforcée dans les secteurs clés de l’infrastructure et de l’énergie nucléaire, tandis que Varsovie prévoit la construction de plusieurs centrales électriques.
Donald Tusk a proposé des «garanties de sécurité mutuelle», son pays de quelque 38 millions d’habitants ayant lancé dans un programme de modernisation accéléré de son armée et est devenu un acteur politique et militaire majeur en Europe.
Jusqu’à présent, très dépendant des États-Unis pour sa défense, il est profondément ébranlé par le climat de l’incertitude généré par les ambivalences de Donald Trump à l’Europe.
«Nous allons organiser des exercices communs entre nos armées dans les prochains mois», a déclaré Emmanuel Macron.
Paris espère renforcer la coordination militaire et diplomatique dans la région et ne laisse plus les États-Unis dominer le dialogue avec les Polonais.
Le chef d’État français a appelé à une «manière médiane», «celle de l’autonomie stratégique, ce qui signifie que sur tout ce qui est essentiel, nous voulons que ce soit européen» tout en coopérant avec les «alliés américains».