

Chaque hiver, la grippe saisonnière revient avec sa part de complications, en particulier parmi les plus jeunes. Les enfants, les adolescents, avec ou sans comorbidités, représentent une population particulièrement concernée par la transmission du virus. Et souvent un vecteur essentiel dans la propagation d’une grande maladie à l’échelle.
Cependant, un vaccin antigrippal pédiatrique administré nasal, simple et sans aiguille, n’est toujours pas accessible en France… Bien qu’il soit utilisé depuis plus de 20 ans dans plusieurs pays européens tels que le Royaume-Uni et la Finlande. Face à cette situation, de nombreuses voix augmentent pour demander son déploiement rapide.
Un vaccin nasal, plus facile à accepter pour les enfants
Le vaccin en question est un vaccin nasal trivalent, vivant atténué. Il est administré sans morsure, ce qui le rend particulièrement adapté aux enfants de 2 à 17 ans, souvent réticents aux injections.
Selon la haute autorité de la santé (HAD), ce vaccin devrait même être utilisé «préférentiellement» pour ce groupe d’âge, en raison de sa meilleure acceptabilité. Une recommandation adoptée dans un avis du 12 décembre 2024, qui souligne également son efficacité démontrée.
Un vaccin déjà utilisé à l’international
Efficacité éprouvée
Utilisé dans 34 pays, en particulier au Royaume-Uni et en Finlande, ce vaccin présente un taux d’efficacité de 78% contre la grippe confirmée en laboratoire (source: données internationales relayées par la France de la santé publique). Plus de 199 millions de doses ont été administrées dans le monde sans problème de sécurité majeur.
En France, la haute autorité pour la santé (HAS) a également recommandé en décembre 2024 l’utilisation préférentielle de ce vaccin chez les enfants, pour sa capacité à améliorer la couverture de la vaccination.
Un feu vert… qui ne change rien?
La Commission de transparence (CT), qui évalue l’intérêt des médicaments pour le remboursement, vient de rendre une opinion favorable au remboursement du vaccin nasal. Mais, paradoxalement, elle pense qu’il ne fournit pas de bénéfice médical supplémentaire d’autres vaccins injectables existants.
Résultat: sans reconnaissance d’un «Amélioration du service médical rendu»Le vaccin ne peut pas être mis sur le marché français l’hiver prochain. Une décision mal comprise par de nombreux professionnels.
Un collectif de médecins et d’associations monte à la niche
Ainsi, un collectif rassemblant 20 entreprises savantes pédiatriques et 91 associations de patients sonne l’alarme. Parmi eux, l’Association française de la pédiatrie ambulatoire, la Société française de pédiatrie ou même la santé respiratoire de la France.
Tous plaident en tenant compte de l’impact sur la santé publique. Les enfants sont souvent les premiers vecteurs de la transmission de la grippe à leur entourage, en particulier aux plus fragiles (âgés, nourrissons, patients chroniques). L’amélioration de la couverture de la vaccination chez les enfants est donc de protéger l’ensemble de la population.
Alors, ce vaccin antigrippal a-t-il un avenir?
Un obstacle à l’innovation de prévention?
Au-delà de la grippe, ce rejet envoie, selon les signataires, un mauvais signal à la recherche sur les vaccins non injectables.
Cependant, des innovations sont en cours, notamment contre d’autres virus respiratoires tels que le VRS, le principal responsable de la bronchiolite chez les bébés. La commercialisation de Beyfortus a notamment permis de réduire singulièrement l’étendue de l’épidémie l’hiver dernier au plus grand plaisir des parents.
Quel suivi pour la saison 2025-2026?
Dans ce contexte, les pédiatres appellent les autorités sanitaires à ré-examiner leur position afin de garantir l’accès au vaccin nasal avant la prochaine grippe. Pour soutenir leurs affirmations, ils se réfèrent aux conséquences récentes d’une épidémie peu attendue. La saison 2024-2025 était beaucoup plus virulente que les trois précédents, selon Public Health France.
«Ce vaccin est un outil efficace, sûr et surtout mieux accepté par les enfants. Ne pas offrir, c’est manquer une chance de mieux les protéger, eux et leur entourage»conclut le Dr Andreas Werner, président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire.
À SAVOIR
En France, moins de 10% des enfants âgés de 2 à 17 ans sont vaccinés contre la grippe (Source: Santé publique France). Cependant, le a recommande l’utilisation préférentielle du vaccin nasal, plus facile à accepter et déjà utilisé dans 34 pays. Malgré cette recommandation, elle ne reste pas disponible en raison d’une opinion défavorable de la Commission de transparence.
