L’avocat de la «Made in Italie», mais pressé par Bruxelles pour parler au nom de ses partenaires européens, Giorgia Meloni doit rencontrer Donald Trump jeudi à Washington. Une mission délicate sur les tâches de douane l’attend.
17.04.2025, 12:5017.04.2025, 12:50
le seul leader de l’Union européenne (UE) invitée à l’inauguration du président américain le 20 janvier, le Premier ministre italien Giorgia Meloni est également le premier chef du bloc à le rencontrer depuis que la guerre des droits de douane a éclaté. Arrivée mercredi soir à Washington mercredi soir, elle doit lui parler jeudi lors d’un déjeuner de travail puis au bureau ovale.
L’Italien a les faveurs du locataire de la Maison Blanche, qui l’a décrite comme «leader fantastique». Elle «chuchote dans l’oreille» de Trump, a écrit jeudi le quotidien italien La Stampa. Les deux partagent une grande base idéologique, les restrictions sur l’accès à l’avortement aux obstacles d’immigration, du Credo chrétien à la lutte contre les «wokistes».
Néanmoins, les sépare du dossier ukrainien: Giorgia Meloni, gardien d’une tradition anti-communiste ancrée dans le fascisme qui a forgé son atlanticisme, a inclus parmi les partisans les plus fervents de Kyiv depuis l’invasion russe. Alors qu’elle a fustigé la «barbarie» en cours en Ukraine dimanche après la grève russe sur la ville de Soumy qui a fait 35 morts, Donald Trump, tout en déplaçant «une chose horrible», a récupéré l’argument du Kremlin qui a invoqué une «erreur».
Patriotisme économique
Surtout, avec les tâches de coutumes punitives annoncées par le président conservateur, a saisi une certaine idée du patriotisme économique qui se défend dans un contexte d’échanges mondialisés.
Alors que l’Italie dépend des exportations de son industrie, qui pèse près d’un quart du produit intérieur brut (PIB), Mme Meloni a critiqué ces tâches de coutumes tout en jouant le dialogue et en exhortant Bruxelles à ne pas prendre de mesures de représailles. Son pas de deux et sa proximité avec Donald Trump inquiètent ses partenaires européens, comme le ministre français de l’industrie, Marc Ferracci, qui a dit qu’ils craignaient, lors de la visite de Mme Meloni à Washington, qu’elle n’ira pas seule.
“Si nous commençons à avoir des discussions bilatérales, il est évident qu’il brisera la dynamique actuelle”, a-t-il averti la semaine dernière. “Je ne ressens aucune pression”, a plaisanté mardi soir Giorgia Meloni en marge d’une cérémonie devant les chefs d’entreprise.
«Je suis conscient de ce que je représente et je suis conscient de ce que je défends»
Giorgia meloni
L’Italie atteint plus de 10% de ses exportations vers les États-Unis, le troisième partenaire commercial dans la péninsule. 10% des exportations allemandes sont également effectuées aux États-Unis et 7% des exportations françaises. Ensuite, le mot d’ordre, à Rome, est à l’apaisement.
«Nous devons absolument éviter une guerre tarifaire», a fait valoir le ministre de l’Industrie, Adolfo Urso, ajoutant que Giorgia Meloni chercherait Washington pour «convaincre tout le monde de la nécessité de discuter».
Messager des Européens
La Commission européenne voulait également se rassurer. Son président, Ursula von der Leyen, et le chef italien «sont en contact régulier», a déclaré lundi un porte-parole de Bruxelles. «Ils ont été en contact avec cette mission ces derniers jours, et ils seront en contact avant la mission.»
Rappelant que la Commission est uniquement compétente en termes d’accords commerciaux, il a insisté sur le fait que «toute approche avec les États-Unis est la bienvenue» et «étroitement coordonnée». Selon un diplomate européen interrogé par l’AFP, «il n’y a pas de problème» dès que tout chef du bloc allant à l’étranger «porte le message des Européens» pour «renforcer l’unité européenne».
Selon la presse italienne, la médiation de Giorgia Meloni vise en particulier à préparer une réunion entre M. Trump et Mme Von Der Leyen. Outre Forza Italia, une formation de droite libérale créée par Silvio Berlusconi, les deux autres partis de la Coalition gouvernementale à Rome, Fratelli d’Italia par Mme Meloni et la Ligue Matteo Salvini sont de culture eurosceptique.
Giorgia Meloni a néanmoins mis de l’eau dans son vin depuis son arrivée aux affaires à la fin de 2022, l’Italie étant le principal pays bénéficiaire du plan de récupération post-pandémique de l’UE, avec près de 200 milliards d’euros de subventions et de prêts en échange de réformes d’ici 2026. Sur son droit, son vice-prim ministre, Matteo Salvini, ne finit pas par le fait que Donald Trump “le Von Von Von Von. “Aucune controverse pendant mon voyage”, a averti le chef italien.
(ATS)