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Les récits officiels de la Maison Blanche ont partagé des mèmes et des publications satiriques sous toutes leurs formes depuis le 20 janvier. Selon des experts consultés par Le devoirEn diffusant un contenu humoristique sur des sujets sérieux, les modérateurs de ces pages font partie de la nouvelle politique de communication du président américain: outrage.
«Il n’y a pas de limite», commente Camille Alloing, professeur au Département de communication sociale et public de l’UQAM. La semaine dernière, la Maison Blanche a republié une image créée par l’intelligence artificielle où Donald Trump est présenté comme le prochain pape. «Je voudrais être pape. Ce serait mon choix numéro un», a-t-il déclaré aux journalistes quelques jours auparavant.
Plus tôt cette année, les comptes officiels diffusent une vidéo de personnes probablement sur le point d’être expulsée qui suggère la célèbre chanson Que ça hey hey embrasse bonde. «Il n’y a rien qui se passe», poursuit l’expert.
Mais les publications humoristiques sont non seulement créées pour faire rire les gens. En fait, ils servent une stratégie de communication politique assez précise. Afin d’attirer l’intérêt de certains «jeunes hommes», les modérateurs «utilisent les codes culturels de l’extrême droite», juge M. Alloing. «Et cela fonctionne très bien.»
-Ce que la Maison Blanche cherche à faire, en plus de participer au «discours masculin qui fonctionne avec les jeunes», c’est d’attirer la réaction. «Plus nous serons provocateurs, plus nous serons partagés», explique le professeur. Ainsi, lorsque les groupes se présentent à des publications pour les dénoncer, ils aident à l’engagement sur les réseaux sociaux. «C’est le paradoxe des algorithmes.» »
Pas de limite
De plus, M. Alloing souligne que les plateformes n’offrent pas de garanties pour limiter l’ardeur de l’équipe de communication du président. “Mark Zuckerberg a prêté allégeance à Donald Trump”, a-t-il déclaré. Les chances que les publications du président soient masquées ou censurées soient donc très minces, selon lui.
C’est surtout la rupture du ton qui doit être reconnu, selon Elie Serge Banyongen, professeur d’études politiques à l’Université d’Ottawa. Ces publications ne sont pas faites sur le compte personnel du président, mais plutôt sur le compte officiel de la Maison Blanche. Ce dernier, essentiellement censé relayer les annonces officielles du président ou de son entourage, offre un contenu similaire à celui que le président publie sur son propre compte. «Il n’y a plus de différence», ajoute le spécialiste. Ainsi, «le public ne sait plus ce qui est vrai ou non». La «source fiable» qui était le récit de la Maison Blanche n’est plus, selon lui.
Bien que les comptes officiels du président et de la Maison Blanche soient rénovés lors d’un changement de présidence, la National Archives and Records Administration des États-Unis conserve une copie. Tout est disponible pour la consultation en ligne.
En retour, nous pouvons également trouver un contenu humoristique publié sur la page de l’ancien président américain. Le fait demeure que la rupture de votre entre les deux fois du compte reste évidente, selon M. Banyongen.