le Danemark a annoncé qu’il serait en mesure d’éradiquer le cancer du col de l’utérus d’ici 2040.
La France est-elle sur le point de réaliser le même exploit?
Le professeur Claude Linassier a répondu aux questions de TF1Info.
Le cancer du col de l’utérus sera-t-il bientôt de l’histoire ancienne? Le lundi 14 avril, le Danemark a annoncé qu’il pourrait probablement éradiquer le cancer du col de l’utérus d’ici 2040, grâce à l’adhésion au programme de vaccination en papillomavirus (HPV) et au dépistage, a déclaré lundi la ligue danoise du cancer. «Même avant 2040, donc peu de femmes pourraient être affectées par la maladie qu’elle pourrait être considérée comme éliminée»a accueilli la ligue danoise pour lutter contre le cancer dans un communiqué.
Actuellement, le taux de récidive de ce type de cancer est inférieur à 10 sur 100 000 au Danemark, selon une étude publiée dans le Journal of Danish Doctors. Mais pour qu’une maladie soit considérée comme éradiquée, son taux de récidive doit être inférieur à 4 sur 100 000, selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Si l’espoir d’une fin du cancer du col de l’utérus est enthousiaste dans ce pays nordique, où est la France? Le professeur Claude Linassier, directeur des cours de prévention, d’organisation et de soins au National Cancer Institute, répond à TF1Info.
La couverture de vaccination par le VPH augmente constamment depuis 2016, mais elle reste en dessous de l’objectif
Le professeur Claude Linassier, directeur du cours de prévention des pôles, de l’organisation et des soins au National Cancer Institute
Où la France est-elle sur la vaccination du cancer du col de l’utérus?
La couverture de la vaccination par le VPH augmente constamment depuis 2016, mais elle reste inférieure à l’objectif de 80% fixé par la stratégie de cancer de dix ans. Au cours de l’année scolaire de 2023-2024, en tenant compte des vaccinations faites en ville et au collège, la couverture de vaccination d’au moins une dose de garçons née en 2011 a été estimée à 48% et celle des filles à 62%. Nous avons ainsi observé une augmentation de 24 points chez les filles et 22 points chez les garçons, selon la France de la santé publique. Sur ce point, le Danemark est plus efficace que les Français. Leur taux de vaccination est de 89% pour les garçons et les filles de 12 ans aux premières doses du vaccin. C’est un peu moins que l’objectif de 90%. Depuis le début de l’année scolaire de 2024, la France a offert une vaccination gratuite contre Papillomavirus dans les collèges, de la cinquième classe.
Nous avons mis en œuvre un dépistage systématique depuis 2018, ce qui fait des diagnostics à un stade précoce, souvent avant le cancer
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Le professeur Claude Linassier, directeur du cours de prévention des pôles, de l’organisation et des soins au National Cancer Institute
La France est-elle en retard par rapport au Danemark sur les diagnostics de ce cancer?
Nous avons des chiffres similaires au Danemark. En France, 59,5% des femmes concernées participent au dépistage organisé tandis que le Danemark affiche un taux de participation de 60%. Nous avons mis en œuvre un dépistage systématique depuis 2018, ce qui fait des diagnostics à un stade précoce, souvent avant le cancer. Ce programme de dépistage permet d’identifier les lésions précancéreuses ou le cancer à un stade précoce. Dans ce cas, les patients bénéficieront de traitements moins lourds, avec moins de conséquences et de meilleures chances de guérison.
En France, le dépistage se compose d’un échantillon simple au niveau du col, dont l’analyse dépend de l’âge. Entre 25 et 29 ans, il vise à identifier les cellules anormales dès que possible. Entre 30 et 65 ans, la présence du papillomavirus humain ou HPV est recherchée. Pour être efficace, le dépistage doit être effectué régulièrement dans les intervalles recommandés: tous les 3 ans pour l’examen cytologique entre 25 et 29 ans, puis tous les 5 ans pour la recherche de virus entre 30 et 65 ans.
En ce qui concerne le nombre de cas, le taux d’incidence standardisé sur la population mondiale de ce cancer est inférieur à 10 sur 100 000 au Danemark. En France, il est de 6,3 pour 100 000. Mais nous sommes toujours en dessous des recommandations européennes sur le dépistage qui considèrent que l’objectif à atteindre est de 70%.
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Pourquoi un tel retard par rapport au Danemark?
Les campagnes de vaccination et de cancer ont été déclenchées à peu près à la même période dans les deux pays. Pour le jeune danois, le vaccin a été recommandé chez les filles de 2008 à 2009 et en 2019 chez les garçons. En France, les recommandations ont commencé en 2007 pour les filles et 2021 pour les garçons. Si les périodes sont similaires, l’aspect financier peut avoir joué. Le Danemark a d’abord offert une vaccination gratuite. En France, le remboursement est de 65% par assurance maladie, le montant restant est généralement remboursé par les mutuels. Cela peut être un frein pour les familles. La création d’une campagne de vaccination gratuite dans les collèges depuis 2023 permet de réduire les inégalités, car dans ce contexte, il est couvert à 100% par l’assurance maladie. Cependant, la France reste dans la moyenne européenne concernant la gestion de cette maladie. Nous avons une politique très proactive. En février dernier, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé qu’une stratégie globale pour éliminer le cancer du col de l’utérus avait été lancée.