Et pour une bonne raison, les différends commerciaux entre Pékin et Washington ont atteint un niveau critique. La semaine dernière, les États-Unis ont porté ses droits de douane aux produits chinois à 145% (à l’exception des produits électroniques), à laquelle la Chine a répondu par un supplément atteignant 125%.
Selon M. Xin et un certain nombre d’analystes chinois, cette escalade tarifaire marque un tournant décisif dans le découplage sino-américain initié à la fin de 2017, et dont l’évolution tend vers une réduction des interdépendances économiques et technologiques entre les deux nations.
Motivé par les défis de la sécurité nationale, de la concurrence technologique et de la rivalité géopolitique, ce processus a commencé sous la première administration du président américain Donald Trump et a continué à gagner de l’intensité depuis.
Cela a notamment entraîné une augmentation des tarifs des douanes américains et des restrictions sur les technologies et les investissements dans des secteurs stratégiques tels que les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les télécommunications.
La Chine s’est répandue avec une grimpe tarifaire, une diversification économique visant à réduire sa dépendance aux États-Unis et à cibler les mesures réglementaires et technologiques.
Selon Dan Wang, responsable du dossier chinois dans la société de conseil en groupe Eurasia, le niveau actuellement atteint par des augmentations de prix entre la Chine et les États-Unis est suffisant pour entraver le commerce bilatéral.
«La marge bénéficiaire du secteur des exportations chinoises se situe entre 30% et 40%. Les droits américains supérieurs à 35% élimineraient la plupart des avantages des exportateurs chinois. Au-delà de ce seuil, que ce soit 70% ou 1000%, l’effet est le même: le commerce direct devient impossible», dit-elle.
La Commission chinoise du Conseil des droits aux douanes (gouvernement central) a corroboré cette analyse la semaine dernière, spécifiant dans un communiqué que «même si les États-Unis augmentent les droits de douane à des niveaux encore plus élevés, cela serait économiquement non significatif».
Zhao Minghao, directrice adjointe du Centre américain des études américaines, considère que cette confrontation va bien au-delà du cadre commercial pour devenir «un jeu de détermination stratégique».
À l’étranger, le secrétaire américain du Trésor Scott Bessent, pour sa part, a estimé que le découplage économique avec la Chine n’était pas inévitable.
“Un accord majeur reste réalisable à long terme”, a-t-il déclaré dans une interview avec Bloomberg TV lundi, reconnaissant néanmoins la «complexité singulière» des relations avec la Chine, qu’il décrit comme «principal concurrent économique et adversaire militaire», nécessitant «une formule quelque peu spéciale».
Cette divergence des perspectives se manifeste dans la rhétorique adoptée par les deux capitales. À Washington, le président Trump a déclaré qu’il était prêt pour le dialogue mais exige d’abord une solution au déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine, évalué à «des centaines de milliards de dollars». Du côté de Pékin, les autorités conditionnent le début des négociations à l’établissement d’un cadre basé sur «l’équité» et le «respect mutuel», tout en se disant décidé de «se battre jusqu’à la fin» si nécessaire.
Le week-end dernier, les États-Unis ont esquissé un geste d’apaisement en annonçant une exemption de supplément sur les produits technologiques chinois, y compris les smartphones, les ordinateurs et les semi-conducteurs. Cette initiative a reçu une réception mesurée du ministère chinois du commerce, qui a exhorté les États-Unis à «faire un grand pas pour rectifier leurs erreurs».
Face à une confrontation selon laquelle les risques de continuation, la Chine a développé une stratégie de deux parties visant à atténuer les répercussions économiques de cette situation.
Tout d’abord, le géant asiatique cherche à stimuler sa consommation intérieure secouée par une crise immobilière persistante depuis 2021.
Dans cette perspective, le Premier ministre chinois Li Qiang a appelé mardi à «répondre calmement aux chocs et aux défis externes» en renforçant la consommation intérieure et en exploitant davantage le potentiel du marché chinois. Il a promis un soutien accru au secteur immobilier, anciennement un moteur clé de la croissance économique.
Selon les données publiées ce mercredi par le Bureau chinois des statistiques (SNB), les ventes au détail, baromètre de consommation intérieure ont affiché une augmentation de 4,6% à 12,470 milliards de yuans (1 701 milliards USD) au premier trimestre de 2025.
La stratégie de Pékin est également basée sur l’accélération de la diversification de ses marchés d’exportation, la part des exportations chinoises vers les États-Unis ayant augmenté de 21,6% en 2017 à 13,4% en 2024, principalement au profit de l’association des nations du sud-est (Asean).
Au premier trimestre de cette année, l’ANASE a conservé sa position de principal partenaire commercial chinois, les bourses atteignant 1,71 billion de yuan (234,17 milliards de dollars), ce qui représente une augmentation de 7,1% sur un an.
Cette réorientation fait partie d’une politique plus large de renforcement des liens avec les pays voisins de la Chine, illustrés par la tournée diplomatique menant actuellement le président chinois Xi Jinping dans trois pays d’Asie du Sud-Est (Vietnam, Malaisie, Cambodge).
Carte / Al Mustapha Sguenfle