La présidente-directrice du musée du Louvre, Laurence Des Cars, s’est exprimée dans une note confidentielle au ministre de la Culture au sujet d’une nouvelle présentation de la Joconde. Sa situation actuelle liée à sa popularité mondiale est décevante.
Victime de son succès mondial, la Joconde provoque des embouteillages dans la salle des Domaines du Louvre et déçoit souvent les visiteurs qui ne peuvent pas profiter du tableau le plus célèbre de Léonard de Vinci.
Dans une note confidentielle datée du 13 janvier adressée à Rachida Dati, ministre de la Culture, révélée par Le Parisien et que l’AFP a pu consulter, Laurence Des Cars, présidente et directrice du plus grand musée du monde, s’interroge sur sa localisation.
« Élevée au rang d’icône, Monna Lisa exerce une fascination qui ne s’est pas atténuée au fil des décennies. Conséquence de cette ferveur populaire, le public se presse en grand nombre à la salle des Etats sans disposer des clés de compréhension de l’œuvre et de l’artiste ; remettant ainsi en question la mission de service public du musée», écrit celui qui a été nommé en 2021 à la tête du Louvre.
Une cohérence à trouver
Pour Laure Fagnart, enseignante-chercheuse au FNRS (Université de Liège) et spécialiste de Da Vinci, il serait intéressant de mettre en scène Monna Lisa aux côtés d’autres œuvres du génie italien. “Les experts peuvent argumenter que la Grande Galerie serait plus intéressante pour faire dialoguer la Joconde avec d’autres tableaux, pour pouvoir les comparer d’un seul coup d’oeil puisqu’aujourd’hui, elle est isolée”, explique-t-elle à BFMTV.com.
Venu récemment visiter le musée avec des étudiants, l’universitaire a été déçu de l’expérience. « C’est l’enfer, on a vraiment du mal à profiter du moment tellement on est pressés. Les visiteurs ne regardent pas vraiment. Il est difficile de s’en approcher, ou de rester très longtemps. Ce ne sont pas des conditions idéales», poursuit-elle.
Laure Fagnart reconnaît cependant l’aspect pratique de l’emplacement actuel. « Si nous voulons le déplacer, nous devons tout repenser. La States Room a l’avantage d’être très grande pour pouvoir accueillir un plus grand nombre de personnes. »
-Une table déjà déplacée
Si la Joconde devait être déplacée, ce ne serait pas une première, rappelle Laure Fagnart, alors que le tableau peint au début du XVIe siècle n’a pas toujours été exposé au Louvre.
« On peut suivre le parcours du tableau à travers différents châteaux, il est resté longtemps à Versailles avant d’entrer au Louvre. Il était conservé au Salon Carré, un espace restreint où étaient conservés les chefs-d’œuvre. la renommée justifiait déjà sa place dans un lieu réservé. Puis elle naviguait entre la Grande Galerie et la Salle des Etats », résume-t-elle.
En 2019, le tableau a été déplacé temporairement pour la première fois depuis une quinzaine d’années afin de repeindre la salle avant l’ouverture de la dernière grande exposition autour des œuvres du génie toscan.
Au-delà de la question de la Joconde, la présidente du Louvre Laurence des Cars a également alerté, dans sa note à Rachida Dati, sur la vétusté du musée parisien, espérant obtenir un soutien financier adéquat.
Le directeur déplore, entre autres, « la multiplication des dégâts dans des espaces parfois très dégradés », « la vétusté (des) équipements techniques », ainsi que « des variations de température inquiétantes mettant en danger l’état de conservation des œuvres ».
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