Des artisans de la scène culturelle québécoise ont tenu une troisième grande manifestation, mercredi après-midi, à Montréal, pour demander au gouvernement Legault d’augmenter le budget du Conseil des Arts et des lettres du Québec (CALQ) à 200 millions de dollars.
Cette somme représente le double des fonds annoncés en juillet 2024 par le CALQqui a fourni un soutien financier de 104 millions de dollars pour 2024-2025.
Le CALQ attribue des bourses et des subventions aux projets jugés les meilleurs par un jury. Clément de Gaulejac, l’un des membres fondateurs de la Grande Mobilisation des artistes du Québec, a souligné que plusieurs des demandes rejetées, bien que jugées excellentes, ne verront pas le jour faute de budget.
Selon M. de Gaulejac, l’augmentation des fonds servirait à revaloriser les conditions de vie des artistes et de leur travail
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Conservation de la culture québécoise
Mon travail n’existe que parce qu’il y a des subventions
a déclaré la réalisatrice Alix Dufresne à -, quelques heures avant de participer à la manifestation. L’artiste, qui a notamment été invitée à deux reprises au Festival d’Avignon pour présenter ses pièces, n’aurait pas pu assister à cet événement prestigieux si elle n’avait pas reçu l’aide du CALQ.
J’ai bénéficié de subventions, j’ai de la chance. Nous avons créé des pièces comme Paradis cachée ou Mécontentements dans la civilisation qui a tourné au Québec et à l’international
dit Mme Dufresne. Malgré un cadre restreint, elle constate l’ampleur des coûts pour donner des performances et promouvoir son projet à l’international.
Nous sommes validés à l’international, nous sommes invités à aller à un festival prestigieux, mais notre gouvernement ne nous soutient pas suffisamment pour que nous puissions y aller sans nous endetter.
Maxime Carbonneau, directeur et codirecteur de la compagnie de création La Messe Basse, peine à comprendre les intentions du gouvernement. Je trouve étrange de voir le gouvernement dire qu’il défend la langue française alors que l’argent ne suit pas pour la culture, qui est le principal véhicule de la défense de la langue française.
M. de Gaulejac fait le même constat. Ce que nous souhaitons souligner à travers notre mouvement, c’est l’écart entre ce discours de soutien et la réalité du soutien financier qui est minime.
Alix Dufresne et Maxime Carbonneau ont participé au 3e Grand Événement des Arts.
Photo : - / Naomie Duckett Zamor
Le monde de la culture n’est pas épargné par l’inflation, qui accroît les coûts de production. En ce moment, si on veut faire une tournée, juste déplacer un décor, ça coûte beaucoup plus cher qu’avant, notamment parce que les frais de transport sont énormes, constate M. Carbonneau. Ensuite, on espère en revanche des salles combles, mais les spectateurs mettent peut-être moins le théâtre au centre de leurs priorités financières.
Même constat pour les artistes, qui peinent à faire face à la précarité du métier. La plupart des artistes ne vivent pas de ces subventions et tous ont du travail en parallèle, rappelle M. de Gaulejac. Si l’on pouvait supporter cette relative précarité les années précédentes, aujourd’hui, avec l’inflation et la crise du logement, on constate un déclin et de nombreux artistes arrêtent leur pratique.
C’est une réalité qui n’échappe pas à Alix Dufresne, qui s’est tournée vers l’enseignement faute de pouvoir vivre de son art.
Une pression qui se fait sentir
Interrogé sur la manifestation qui a eu lieu devant le bureau montréalais du premier ministre François Legault, le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, a dit ressentir la pression des groupes. Le processus budgétaire se poursuit. Je leur ai donné ma parole que nous allions travailler ensemble, nous verrons donc les conclusions dans quelques mois.
Quelques heures avant le début de l’événement, le cabinet du ministre des Finances a invité les membres organisateurs de la Grande Mobilisation des artistes québécois à présenter leurs propositions dans le cadre des consultations prébudgétaires 2025-2026. Une réunion aura lieu prochainement.
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