Joëlle Gagnon et sa collègue Isabelle Gasse, sculpteure montréalaise, ont tenté leur chance en avril dernier lors du lancement d’appels de projets par l’Icehotel de Jukkasjärvi, pour son 35e anniversaire.
« Cet hôtel de glace en Suède est le plus ancien du monde. C’est aussi l’un des plus prestigieux, si ce n’est le plus prestigieux de la planète. La discipline de la sculpture sur glace a pris racine, entre autres, grâce à cette institution. Par exemple, l’hôtel de glace de Québec s’est inspiré de celui de Jukkasjärvi», raconte Joëlle au bout du fil, jointe par Le Quotidien.
En mai, un mois après avoir déposé leur projet, le duo de sculpteurs québécois reçoit enfin la bonne nouvelle tant attendue. « La direction artistique de l’hôtel nous a contacté. On nous a dit que nous faisions partie des 12 équipes sélectionnées. Au total, il y a eu 130 candidatures. Nous étions très fiers. Nous étions la seule équipe du Canada dans le groupe des participants», précise la Saguenéenne.
Fin novembre, les deux artistes se sont envolés pour la Suède où ils ont été accueillis chaleureusement et avec une grande hospitalité. « Ce furent 13 jours de création fous. Les équipes là-bas étaient phénoménales. Tout était prévu comme sur des roulettes avant même notre arrivée. Sur place, le travail était si simple. Si j’avais besoin d’une tronçonneuse pour travailler sur une partie de la pièce que nous faisions, je prenais mon téléphone et ils venaient m’apporter le matériel dans la minute », assure Joëlle Gagnon.
« Un cocon protecteur »
Venons-en maintenant à ce que les deux Québécois ont créé une fois arrivés là-bas. A sélectionner d’emblée, le duo a proposé d’aménager une chambre réconfortante et tout à fait unique.
« Nous sommes partis de l’idée que nous voulions quelque chose de rond. On a eu l’idée de faire un nid, un cocon chaleureux”, explique le sculpteur de 39 ans.
Dans le but de faire un clin d’œil à la nature, les créateurs ont forgé deux mésanges, un oiseau qui, pour eux, avait une grande signification.
« Les mésanges sont de très petits oiseaux que l’on retrouve au Canada, mais aussi en Suède. Ils vivent dans des pays où le climat est froid en hiver. Leur nid est leur lieu de répit. Nous voulions que notre chambre reflète cet esprit de confort », partage la femme originaire de Ferland-et-Boileau.
C’est donc avec beaucoup de finesse que le duo a travaillé la glace mise à leur disposition pour aboutir à un résultat final très réussi. « La glace avec laquelle nous avons travaillé provient de la rivière Torne, une rivière emblématique et historique de Suède. Là, au printemps, la glace est retirée des eaux et stockée jusqu’à l’hiver suivant. Il y avait quelque chose de très particulier à travailler avec une matière naturelle datant de plusieurs mois. C’était un peu surréaliste», avoue le sculpteur saguenayais.
Promouvoir l’art de la sculpture
Tout juste revenue de son expérience en Suède, Joëlle Gagnon était presque prête à partir pour la capitale nationale, avec six ou sept autres confrères sculpteurs de la région, pour travailler au 25e hôtel de glace au Québec. « Nous avons vraiment un savoir-faire en matière de sculpture peu connu dans la région. Il existe une multitude de personnes qui débordent de talent. Il gagnerait à être mieux connu », estime-t-elle.
Quand des artistes locaux comme Joëlle se font un nom ailleurs dans le monde, c’est la région qui finit par en sortir, atteste le trentenaire. « À l’échelle internationale, Saguenay a fait ses preuves dans le monde de la sculpture. Plus tard cet hiver, par exemple, je pars avec mon collègue défendre notre titre de champion du monde au Minnesota, aux États-Unis. Ce savoir-faire que nous possédons est unique et il est très apprécié partout où nous allons.
Afin de reconnaître et de promouvoir l’art de la sculpture éphémère dans la région, mais aussi à travers le monde, Joëlle Gagnon et Isabelle Gasse ont mis sur pied un organisme, Sculpture Nature, qui a pour but de mettre en valeur les talents régionaux. « Au fond, ce que je souhaite, c’est pouvoir faire rayonner la région, faire rayonner le Québec à travers mon art », conclut La Ferboillienne.
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