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Chiharu Shiota tisse magnifiquement les fils de l’émotion

La Biennale de Venise 2015

Au Grand Palais, on retrouve ses grandes installations sur place, immersif, à chaque fois fait de dizaines et de dizaines de kilomètres de fils de laine blancs, rouges ou noirs entrelacés et noués formant des cocons du sol au plafond à la fois très séduisants et inquiétants.

Chiharu Shiota, « Où allons-nous ? », 2024. Dans l’escalier monumental du Grand Palais. ©Photo : DR

Son exposition s’intitule L’âme tremble (les frémissements de l’âme). S’élevant au-dessus de l’escalier d’entrée monumental, le visiteur aperçoit telles des ailes d’ange faites de fil blanc, des nuages ​​vaporeux réalisés par un magicien.

Dans la première salle, plusieurs grands bateaux restaurés dans leur squelette métallique sont immergés dans des milliers de ces fils rouges. Comme s’ils avaient été abandonnés depuis longtemps et emprisonnés dans des toiles d’araignées monumentales.

Piano brûlé

La beauté et la fragilité, la vie et la mort se rencontrent chez elle. D’emblée, elle rappelle au visiteur le cancer qui l’a frappée en 2005 et qui a récidivé en 2017. Aujourd’hui, sa santé est bonne, mais elle écrit : « Mon âme est avec mon corps. Si mon corps disparaît, mon âme disparaît-elle avec lui ? Combien de - peut-il rester près de mon cœur ? Condamné à supporter ma maladie pendant deux ans, j’ai préparé mon exposition en essayant tant bien que mal de vivre et de survivre.

La beauté visuelle de ses œuvres semble être l’antidote à la douleur qu’elle ressentait.

Dans une installation mouvante, elle a posé au sol des morceaux de son corps coulés en bronze avec au-dessus, flottant dans l’espace, des morceaux de cuir rouge comme de la chair crue, retenus eux aussi par des fils rouges, reprenant l’idée du corps séparé de l’âme. . La vie ne tient qu’à un fil !

De petites sculptures représentent ces cellules vivantes qui deviennent parfois folles du cancer. Ils ressemblent ici à des objets précieux.

Chiharu Shiota : En silence 2024 ©Photo : DR

Dans une autre pièce, plongée dans le noir, des chaises et un piano brûlé sont pris dans un immense filet de fils noirs. Le souvenir d’un incendie près de sa maison qui l’avait traumatisée lorsqu’elle avait neuf ans.

Deux robes de mariée nous sont inaccessibles dans leur entrelacs de fils, sortis d’une boîte. Plus loin, elle accrochait avec ses fils rouges un « escalier » de valises, celle des exilés, celle des réfugiés encore en déplacement. Elle a également installé un grand mur circulaire composé de dizaines de fenêtres usagées trouvées à Berlin-Est.

Chiharu Shiota : Accumulation – À la recherche de la destination 2024 ©Photo : DR

L’exposition montre toujours ses dessins et peintures. Elle rappelle, avec des vidéos, les performances très physiques qu’elle a apprises de Marina Abramovic et Rebecca Horn, évoquant également Ana Mendieta, avec son corps immergé dans la terre et la boue. Dans une performance qui n’est pas sans rappeler celles des actionnistes viennois, elle se couvre de peinture rouge comme du sang.

L’exposition, accompagnée de vidéos, présente ses productions d’opéra, dont celle du Ring de Wagner.

Chiharu Shiota est “la présence de l’absence », des drames traduits en espoir, en ombre et en lumière, en beauté de la vie, mais aussi en anxiété face à la mort.

Michaël Borremans, le peintre de l’énigme

Le choix d’ouvrir l’art contemporain au Grand Palais avec Chiharu Shiota est révélateur de la volonté d’ouvrir le lieu au grand public tout en choisissant des artistes reconnus par les amateurs d’art contemporain. Le Grand Palais proposera donc une double exposition fin 2025 avec Eva Jospin et Claire Tabouret. Deux grands artistes qui touchent également un large public.

Nous reviendrons, dans Le Libresur le chantier du Grand Palais et son programme très riche.

  • Chiharu Shiota, Grand Palais, Paris, jusqu’au 19 mars. Rens.: Grandpalais.fr/fr/evenement/chiharu-shiota. Catalogue disponible chez Skira.
 
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