La villa Savoye à Poissy (Yvelines), parallélépipède blanc perché sur pilotis dans son écrin de verdure, vaut à elle seule le détour. Autre raison de visiter cette pépite de l’architecture moderniste – livrée en 1931 par Le Corbusier (1887-1965) et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016 –, la trentaine d’œuvres de design de « Natures intérieures », l’exposition orchestrée au sein de son murs jusqu’au 2 mars 2025 par le Centre des monuments nationaux (CMN) et le Centre national des Arts plastiques (CNAP).
Rideau d’algues des frères Bouroullec, banc en bois reconstitué à la manière d’un tronc d’arbre de Mathieu Lehanneur – le concepteur de la flamme olympique de Paris 2024 –, ou encore étagères cachées sous une cabane en raphia des frères Campana : les œuvres résonnent ici avec le paysage. encadrés dans les longues baies vitrées de la villa, d’une pièce à l’autre. « De l’extérieur, votre œuvre architecturale s’ajoutera au site. Mais de l’intérieur, elle l’intègre”Le Corbusier l’a dit à ses étudiants.
Dès l’entrée, au pied de l’escalier hélicoïdal et de la rampe inclinée de la villa – que Le Corbusier avait conçu comme une promenade architecturale – trône le célèbre fauteuil Miss Blanche (1988), de Shiro Kuramata (1934- 1991). « Cette pièce, avec ses roses rouges capturées dans l’épaisseur du plexiglas, résume la combinaison magistrale entre nature et artifice si présente dans l’architecture de la villa »s’enthousiasme la conservatrice Céline Saraiva, responsable de la collection Arts décoratifs, design et métiers d’art au CNAP. L’idée de l’exposition s’inspire de la collection de galets, d’écorces et de coquillages que Le Corbusier glanait au cours de ses promenades, comme Charlotte Perriand (1903-1999).
De ces humbles fragments de nature – une centaine de pièces conservées à la Fondation Le Corbusier à Paris –, nous pouvons voir pour la première fois des exemples dans une vitrine au premier étage. Certains d’entre eux, que l’architecte chérissait comme « des objets à réaction poétique » ou « des compagnons évocateurs »a inspiré ses constructions, comme le plafond du Palais des Soviets, pour Moscou, semblable à une conque, un projet de 1930 qui n’a pas vu le jour. Ou encore celle de la chapelle Notre-Dame du Haut à Ronchamp (1953-1955, Haute-Saône), qui tient sa forme d’une carapace de crabe ramassée sur la plage.
Tronc de citronnier et aluminium gravé
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