Dans les quartiers parisiens de Belleville et Ménilmontant, les murs racontent des histoires, et nous invitent à réfléchir sur le monde qui nous entoure. « Regardez, il y a des dégradés dans les couleurs ! »
Siegfried exerce ses talents de guide pour l’agence Paris Antoinette. Durant une heure et demie, il dévoile des œuvres éphémères d’art urbain, réalisées avec différentes techniques : pochoir, graffiti, collage, display. “C’est un territoire riche en diversité culturelle, il y a une tradition d’art urbain à Belleville et Ménilmontant.” Et comme le dit le street artiste anglais Bansky, dans ce musée à ciel ouvert “personne n’hésite à payer le billet d’entrée.”
Cachées ou exposées, plusieurs dizaines d’œuvres sauvages ornent les murs et les trottoirs de la rue du Retrait. Et pour cause : une association de riverains, Le Ratrait, regroupe depuis 2001 des dizaines d’artistes qui ont réalisé des fresques à sa demande. Comme celle monumentale représentant une petite fille perchée dans un arbre, aux branches bleues, roses et jaunes, elle semble méditer et sortie tout droit d’un conte de fée imaginé par l’artiste Anis.
« Elle est calme. On pourrait dire qu’elle prend de la hauteur, elle est dans son monde. Anis travaille les lettres du graffiti, et trouve peu à peu son style, mi-abstrait, mi-figuratif. Avec les couleurs réalisées en bombe aérosol et les contours en noir, exactement comme nous le faisons pour le lettrage. C’est aussi le trait clair d’Hergé, ça facilite la lecture du dessin.
Rue de la Mare, on croise soudain Leonard… Cet éléphant multicolore est peint de formes géométriques et d’une palette de couleurs vives, à la manière d’un impressionniste de Long. Un artiste engagé qui rappelle ici que la ville est une jungle sauvage.
Le Long donne une dimension onirique à ses créations, où il évoque la liberté et l’interaction entre l’homme et la nature. « Cet artiste, originaire de Nice, se promène avec son livre, il vient frapper à votre porte, il vous présente ses œuvres et il vous dit : alors tu as un beau mur, je peux peindre ici ? Et ça marche ! C’est comme ça qu’il a des murs « illégalement autorisés ».
Puis le guide interpelle ses promeneurs. « Regardez cette petite rue avec ses petits pavillons ! C’est vraiment trop mignon, et la petite herbe qui pousse au milieu des pavés, c’est vraiment le vieux Belleville.
On y croise également « les hommes en blanc », personnages emblématiques de François Mesnager, l’un des artistes de street art les plus influents en France. Ces silhouettes humaines aux lignes épurées symbolisent l’espoir, la liberté et la quête d’identité. Ici, leurs poses semblent indiquer qu’ils font un trapèze. Un reflet de l’équilibre délicat entre l’individu et la société. « Alors, que ressentent les trapézistes les uns envers les autres ? La confiance, et c’est peut-être aussi l’idée de solidarité.
Direction ensuite le Belvédère de Belleville (appelé Willy Ronis du nom du photographe humaniste), avec sa vue imprenable sur Paris, et son ambiance poétique, distillée par les œuvres de l’artiste Seth. Il peint des silhouettes d’enfants traversant les murs, à la manière d’un passage mural. “Je trouve qu’il donne beaucoup de voix aux enfants, et c’est important car on ne leur donne pas assez de place dans notre société.”
“C’était très intéressant, j’ai beaucoup appris sur le street art, on peut voir les différentes manières de peindre sur les murs, donc j’ai beaucoup aimé. confie un jeune visiteur de 12 ans. Une autre participante explique qu’elle a même “J’ai découvert les dessins d’un ami qui habite à Ménilmontant.”
Cette balade street-art dans les quartiers parisiens de Ménilmontant et Belleville est proposée toute l’année. Pour réserver : [email protected]
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