Nous comparons d’abord les écrits de Nougé avec les affiches électorales, toutes deux possédant la même force verbale. Puis le parcours évoque les « coquettes » et l’influence du monde de la mode et de sa publicité. Magritte a dessiné pour la maison Norine et la peintre Jane Graverol, l’une des stars de cette exposition, a réalisé son autoportrait en tant que modèle.
On évoque ensuite l’intérêt des surréalistes pour les « forains », les forains,divertissement ce qui nourrira également leur imaginaire. Enfin, nous montrons l’impact sur les surréalistes d’une publicité commerciale comme celle d’une moto Soroléa qui décolle dans un ciel bleu déjà magritteien.
Si la publicité a influencé les surréalistes, ce fut alors le contraire, les créateurs de publicité s’appuyant largement sur l’imagination des surréalistes, souvent au grand désarroi de ces derniers.
La grande plongée dans l’histoire centenaire du surréalisme
La marque Jésus
Place ensuite à l’objet surréaliste en vitrine aux côtés d’objets de Man Ray comme le fer à clous, une version du célèbre objet de Marcel Mariën. L’introuvable (1937) : des lunettes à branches, pour un seul œil ! Marien (1920-1993), le plus jeune des grands surréalistes belges à l’œuvre vaste et cohérente, un rebelle aimant avant tout la liberté. Xavier Canonne, spécialiste du surréalisme belge, y voit un « fils putatif de Magritte et Nougé ».
Si Magritte est bien sûr très présent à l’exposition, ce sont les objets drôles et iconoclastes de Marcel Mariën qui ressortent comme Le vicieux où un fouet de cuisine enferme un œuf ou Marque déposée, un buste de Jésus montrant « son » crucifix.
Deux artistes féminines surréalistes sont particulièrement à l’honneur : Jane Graverol dont les peintures sont, dit-elle, comme «rêves conscients » et Rachel Baes qui exprime si fortement les traumatismes de l’enfance.
L’objet surréaliste, ce sont aussi les masques mortuaires de Magritte de Napoléon et (avec photo de l’objet manquant) de Pascal servant de cible aux fléchettes !
L’exposition entend montrer que si, en France, André Breton préfère les objets étranges et inexplicables, Paul Nougé et le surréalisme belge privilégient la subversion des objets du quotidien.
Les années de guerre furent très difficiles pour le surréalisme. A l’exposition, vous pourrez voir le film de 1942 de Magritte et Nougé, « Rencontre avec René Magritte ». En pleine guerre, les deux artistes se déchaînent un peu et on voit un journal avec un article sur un camp sexiste prendre feu, une statue se mettre à saigner, un masque à gaz côtoie des vieux masques, et cette étonnante scène de Magritte ouvrir un four où l’on cuit un crâne. Certes, on ne connaissait pas encore les fours crématoires des camps d’extermination, mais cette image apparaît comme une prémonition involontaire et glaçante.
Après la guerre, le surréalisme est en crise mais en même temps il s’étend à de nombreux artistes que les surréalistes « purs » refusent souvent. Le mot même de surréalisme s’est répandu en Belgique dans l’ensemble de la société. L’exposition présente comme héritiers possibles du surréalisme, des artistes du Nouveau Réalisme, mais aussi du Pop art (avec Evelyne Axell), Folon et Broodthaers. Les artistes intègrent des références à Magritte dans leurs œuvres et ses objets personnels comme son chapeau melon sont vendus aux enchères.
L’exposition se termine par un dernier rappel de ce que peut rester un objet véritablement émouvant : Graverol peint La prise de la Bastille avec un mur de prison où un bar est devenu un dossier, un détail qui chamboule tout, et, à côté, ce slogan de Tom Gutt : « Votez dit ».
« Le surréalisme, bouleversement du réel », Musée des Beaux-Arts de Mons, jusqu’au 16 février
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