Pour la cinquième contribution à BredaPhoto, nous aimerions présenter deux projets spéciaux. Le premier s’inscrit dans la tradition de la photographie classique de reportage/documentaire, le second est une production vidéo particulière.
Claudia Gordillo The Nicaraguan Caribbean – Les Caraïbes nicaraguayennes (1982-1991) (Galerie Ecker)
Claudia Gordillo (1954) (images 1-4) part étudier en Italie au moment où les révolutionnaires sandinistes prennent le pouvoir dans son pays, le Nicaragua. A son arrivée en Italie, toutes les places de l’Académie étaient occupées et elle ne put s’inscrire qu’au cours de photographie, son choix étant purement fortuit.
De retour au Nicaragua, elle commence à travailler pour le quotidien Barricada, l’organe du mouvement sandiniste. Très vite, Gordillo entre en conflit avec les autorités qui veulent imposer une vision politique à travers le reportage, et qui veulent aussi imposer leur propre esthétique. Gordillo a réussi non seulement à ignorer ces obligations, mais aussi à développer son propre langage visuel et narratif. Elle a toujours photographié principalement la population civile et les évolutions socioculturelles.
Puis après 1984, elle a l’opportunité de travailler pour le bureau d’études chargé des relevés de la côte atlantique. Influencée par le directeur de ce bureau de l’époque, elle développe de plus en plus une approche anthropologique, décrivant les groupes, les coutumes et les rituels. Les habitants de l’Atlantique nicaraguayen ou des Caraïbes aspirent toujours à l’indépendance, ou du moins à rompre avec les régimes centraux.
Le travail de Claudia Gordillo en général, et les images des Caraïbes nicaraguayennes en particulier, sont pratiquement inconnus en Europe – d’où une raison particulière de voir cette exposition.
Galerie Ecker Markendaalseweg 18 Breda
Du mardi au dimanche : 10h00 à 17h00
Salle de bain
Peut être visité sans billet
Emplacement accessible aux personnes en fauteuil roulant
Tina Farifteh, Quand j’ai vu le soleil et la lune en même temps (2024) (Backer + Rueb Hall)
Tina Farifteh (1982) (images 5-12) a fui l’Iran à l’âge de 13 ans. Elle s’est retrouvée aux Pays-Bas, sa fuite lui rappelant des souvenirs de déplacement, de déracinement, d’empathie et de xénophobie. Elle a suivi avec succès des cours de commerce, mais a finalement tourné son attention vers les arts, produisant une présentation multimédia primée et fascinante après l’autre. Régulièrement invitée à BredaPhoto, elle a été sélectionnée une première fois dans le cadre de l’ITP (voir la première contribution) en 2018, puis de nouveau en 2023 et 2024.
Le point de départ de sa dernière production vidéo, Quand j’ai vu le soleil et la lune en même temps, est simple : à la fin de ses études, tous ses camarades de classe sont rentrés « chez eux », mais ELLE n’en avait pas vraiment. Elle est donc partie à la recherche d’un nouvel endroit qu’elle pourrait enfin appeler chez elle. C’est Sexbierum, un simple petit village de Frise, qu’elle a choisi, et ça a dû être un choc : Amsterdam compte 1 million d’habitants, soit une densité de population de 5 000 habitants au km2.2 (sans parler des nombreux touristes), Sexbierum compte quant à elle 1700 habitants, soit 170 personnes au km2 ET beaucoup… de moutons.
L’amour des lieux et d’une maison n’était pas vraiment ça au début. Tina se demande où est sa place, et pour trouver la réponse, elle lance un nouveau projet multimédia « Tina in Sexbierum », dont la vidéo « Quand j’ai vu la Lune… » est une première étape.
Elle habite près du « Sedyk » (digue de la mer) et c’est sur cette haute digue qu’elle escalade le plus souvent possible pour regarder et photographier la mer. Elle décide de faire un voyage de 24 heures à travers Sexbierum, pour le filmer et le réduire à une production de 24 minutes. Comme on peut le constater, elle est attachée au paysage frison. Et elle l’admet, mais précise qu’en même temps, sa nostalgie de l’Iran grandit, des déserts, des montagnes, de la mer. Et ce sont justement ces deux éléments opposés qu’elle intègre avec brio dans sa mise en scène.
«Quand j’ai vu le soleil et la lune…» est une production obsessionnelle qui répond en partie à la question de savoir si elle considère Sexbierum comme sa maison. Et surtout, c’est l’un des temps forts de BredaPhoto 2024, dont on se souviendra longtemps.
Au même endroit nous présentons également le travail de Ioana Cîrlig
Bailleur de fonds + Salle Rueb
Speelhuislaan 173, Breda Backer et Rueb Park se trouve à Breda Belcrum.
Du mardi au dimanche, de 10h00 à 17h00
Point d’information et billetterie sur place.
Autres services : Pier15 Café à proximité, Veilingkade 12, 4815 HC Breda.
Emplacement accessible aux personnes en fauteuil roulant
John Devos
[email protected]
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