ZAïna ben Laden a épousé Omar ben Laden en 2006 et a ensuite déménagé avec lui en France dix ans plus tard. Tout se passait parfaitement bien jusqu’au 6 juillet 2023. Ce jour-là, au petit matin, le GIGN fait irruption dans la maison du couple à Domfront-en-Poireie, en Normandie. « Les gendarmes sont arrivés vers 7 heures du matin, ils ont pointé leurs armes sur moi ! A 69 ans, je peux vous dire que c’est très impressionnant d’avoir un fusil sur la poitrine ! Je n’avais jamais vécu ça», raconte le presque septuagénaire, encore secoué par cette intervention, plus d’un an après.
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La cible ? Son mari, Omar, quatrième fils d’Oussama ben Laden, avec qui il avait rompu tout lien depuis la fin des années 1990. Il lui est reproché un tweet publié deux mois plus tôt, le 2 mai 2023, avec le compte @omarbinladin1, dans lequel l’auteur rend hommage à l’ancien chef d’Al-Qaïda. Problème, l’auteur en question ne serait pas le véritable Omar ben Laden, indique d’emblée celui devenu peintre, mais un individu usant de son identité originaire du Yémen.
À Domfront-en-Poirie, ce 6 juillet 2023, les troubles s’apaisent rapidement, laissant même un sentiment de doute, selon Zaina. « La police n’arrêtait pas de dire que c’était très bizarre ! Ils n’ont même pas fouillé la maison, ils n’ont rien cherché. La seule chose qu’ils ont fait a été d’emmener Omar. »
Dans le passeport d’Omar ben Laden, aucune trace d’une visite au Yémen
Dans le calme, il récupère alors quelques affaires et ses médicaments. Sujet à de fréquentes crises de panique, on lui a prescrit du Xanax pour traiter « des problèmes de santé mentale importants », selon sa femme. Il n’a opposé aucune résistance lorsqu’on lui a passé les menottes et il s’est rendu au commissariat de Caen pour être interrogé.
« Là, il a pu s’expliquer et a même communiqué le nom du type qui a tweeté depuis le Yémen, précisant qu’il ne l’avait jamais rencontré de sa vie. Moi-même, lorsque je l’ai rejoint, j’ai apporté aux enquêteurs son passeport qui prouvait qu’il n’était jamais allé au Yémen. Je leur ai également montré les échanges que nous avions eu avec cet individu via des messages et dans lesquels il assumait l’entière responsabilité de son tweet, disait qu’il l’avait fait sans l’autorisation d’Omar et qu’il n’était pas là. pour rien. Quatre ou cinq heures plus tard, Omar a pu sortir. Les policiers lui ont dit qu’il pouvait rentrer chez lui, ils lui ont même serré la main et c’est tout. Ils n’ont pris aucune photo ni empreinte digitale. »
Laissé libre, Omar ben Laden, 43 ans aujourd’hui, a cependant été mis en examen pour « apologie du terrorisme » puis placé sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), en octobre 2023. « Le juge n’a pas été convaincu par ses explications, affirme-t-il. les proches du ministre de l’Intérieur. Il n’a pas réussi à prouver les démarches entreprises pour supprimer ce fameux compte. »
Pourtant, les époux Ben Laden n’auraient pas ménagé leurs efforts dans cette affaire. « Lorsque le fameux tweet est sorti, Omar a demandé par message à son auteur de le supprimer immédiatement, ce qu’il n’a pas fait », rétorque Zaina. Nous avons contacté Twitter, mais ils ont refusé de bloquer ce compte car il n’était pas lié à l’adresse email d’Omar. »
Un OQTF fantôme ?
Il n’en demeure pas moins que cette OQTF n’aurait jamais été notifiée à l’intéressé, au point que le peintre, titulaire d’un titre de séjour valable depuis plusieurs années et qui entretient des liens avec le Qatar, a effectué depuis plusieurs voyages sans rencontrer le moindre difficultés lors de ses retours en France. « Il ne savait même pas qu’il avait cette obligation », assure un de ses proches. Autrement, il n’aurait jamais pris le risque de quitter la France. »
Ce serait donc en toute naïveté qu’Omar ben Laden s’est à nouveau envolé pour Doha en tout début d’année, en envisageant de revenir en Normandie d’ici quelques semaines. Sauf que Bruno Retailleau en a décidé autrement, au grand désarroi de Zaina. « Omar n’a jamais rien fait de mal, il n’a aucune sympathie pour les terroristes. Il a quitté l’Afghanistan et son père à l’âge de 18 ans et a été persécuté toute sa vie à cause de son nom. » Son avocat, qui n’a pas souhaité apparaître publiquement, devrait faire appel dans les prochains jours.
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