À la fois casse-tête organisationnel pour le personnel scolaire et mine d’or pour les photographes, les séances photos scolaires traditionnelles sont un incontournable de la rentrée. Et de nombreux parents y tiennent catégoriquement, malgré l’usage répandu de la prise de photos au quotidien.
Publié à 2h00
Mis à jour à 7h30
Attachée à la tradition des photos scolaires, Caroline Robert, maman de deux garçons âgés de 9 et 10 ans, planifie les tenues de ses fils pour le jour J et achète les photos chaque année. «C’est un beau souvenir de chaque étape importante», dit-elle. Même si je prends toujours la photo classique de leur premier jour d’école, devant la porte d’entrée de la maison, j’adore les photos prises à l’école. Je les offre à mes proches, je les encadre, les expose. »
Geneviève Clavet pense tout le contraire. La maman de deux enfants de 8 et 11 ans préfère de loin ses propres photos, plus spontanées, moins figées. « Les photos scolaires sont souvent bâclées et les poses sont toujours les mêmes, corps à moitié tourné, visage droit devant, bras croisés… Et que dire du choix des fonds ! On a eu la même chose à mon époque et je suis né en 1979 ! », dit-elle en riant.
« Pourquoi payer pour ça ? », demande Dominique Bouchard, mère de deux filles âgées de 10 et 13 ans, qui estime que cette tradition est terminée.
Qui veut ces petites photos au format portefeuille ? Et qu’en est-il des produits dérivés, comme les gobelets… Je trouve ça inutile. Je m’en suis débarrassé il y a quelques années et je me suis libéré de la pression de devoir les acheter.
Dominique Bouchard, mère de deux filles de 10 et 13 ans
La photo parfaite
Une grande majorité de parents sont fidèles à l’usage et achètent des photos scolaires, selon les photographes, enseignants et membres de la direction de l’école interrogés. «Certains parents ont de la difficulté à payer les frais de garde ou à fournir toutes les fournitures scolaires, mais ils achètent les photos», raconte Mélanie*, directrice d’une école primaire dans la région de Québec depuis 15 ans.
Les parents d’aujourd’hui sont plus pointilleux sur le résultat. « L’enfant ne doit surtout pas participer à son cours d’éducation physique avant la photo », observe-t-elle. Et il faut prévoir une journée de reprise pour ceux qui ne sont pas contents. »
Cette tendance à la recherche de la photo parfaite est confirmée par la photographe Isabelle Théroux.
« Avant, si l’enfant avait une touffe de cheveux tordus, cela ne le dérangeait pas. Le parent a quand même acheté”, explique M.moi Théroux, propriétaire du Studio Iziimage, qui exerce le métier depuis 24 ans. « Maintenant, nous devons superviser un peu plus et faire plus attention aux détails. »
Des séances photos ont également lieu dans les garderies, les garderies et les garderies familiales. Maddalela Borrega, directrice adjointe de la garderie Les Chatouilleux à Anjou, confirme que les parents sont exigeants… et fiers. «Ils achètent autant qu’il y a dix ans», dit-elle. Ils demandent parfois que des photos entre frères et sœurs ou entre cousins soient prises. Cela demande beaucoup d’organisation et de travail… mais nous aimons ça. »
Des défis… et du plaisir
À la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), la vice-présidente Elizabeth Joyal rappelle que pour certains enfants, ceux qui ont des défis ou des troubles particuliers, poser devant un inconnu représente un défi. « Regarder la caméra, sourire sur demande, faire la queue… Pour certains enfants, cela ne se fait pas sans difficulté », souligne-t-elle.
Un autre défi, administratif cette fois, se pose en matière de photos scolaires : la loi 25, entrée en vigueur il y a un an, impose une gestion rigoureuse des informations personnelles de chaque enfant. « Il faut veiller à préserver la confidentialité des données », estime M.moi Joyal. C’est une étape de plus. »
Isabelle Théroux estime que les choses ont changé depuis la pandémie.
Depuis la crise du COVID-19, les enfants semblent plus craintifs, plus timides ou introvertis. La plupart d’entre eux sont difficiles à approcher. On développe des choses.
Isabelle Théroux, photographer
Le photographe Simon Ménard couvre près de 185 écoles des régions de Montréal et de Québec avec son équipe. Il aime profiter des séances photos scolaires pour parler du métier de photographe avec les enfants, jouer avec eux, les faire rire. «Je vois cela comme un échange», explique le propriétaire de Photo Repensée. Des photos massives, six secondes par enfant, ça ne m’intéresse pas. Nous prenons des photos à la lumière naturelle, le plus souvent à l’extérieur ou dans une salle de classe. Le flash crée de la tension, du stress. Je veux que les enfants se sentent bien. »
Nella Sammartino a pris des photos d’école pendant quelques années. Elle en garde de bons souvenirs. «Je me suis mouché beaucoup et j’ai reçu beaucoup de câlins», dit-elle. J’ai passé de très bons moments ! »
*Mélanie a témoigné sous couvert d’anonymat, craignant les représailles du centre de services scolaire, et les jugements de ses collègues et parents.
Ce qu’en pensent les parents…
J’ai toujours dit à mes enfants que j’achetais les photos, peu importe à quoi elles ressemblent.
Nancy Beaupré, mère de trois enfants maintenant âgés de 20, 27 et 30 ans
Sur la photo de groupe, j’écris les noms de leurs amis et le métier qu’ils disent vouloir exercer quand ils seront grands. Je fais ça depuis la maternelle.
Anne Julie Bouchard, mère de deux enfants âgés de 7 et 9 ans
Les photos sont souvent ordinaires. Il y a un manque d’effort de la part des photographes. Un exemple : la chemise de l’enfant est de travers ou une mèche de cheveux lui tombe sur le visage.
Émilie Desnoyers, maman d’une fille de 12 ans et d’un garçon de 14 ans
Même si les poses sont nulles et que les photos sont prises avec un fond vert, et même si ça coûte cher, je les achète. J’aime voir les progrès des enfants d’une année sur l’autre.
Chantal Vertefeuille, mère de trois enfants âgés de 5, 8 et 10 ans
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