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Dans l’œil d’Ivanoh : quand les imperfections dépassent l’esthétique

Il est courant, lors du tri de nos images, d’éliminer de notre sélection finale les photos techniquement faibles. En général, c’est la décision à prendre. Mais lorsque la situation est volatile et que tout ne se passe pas comme prévu, une photo techniquement faible peut nous surprendre.

Au nord du Maroc, des migrants tentent de franchir la frontière en direction de l’enclave espagnole de Ceuta. La scène est chaotique. Plusieurs personnes sautent par-dessus les barbelés. Le mouvement de foule est omniprésent, on perçoit qu’il y a beaucoup d’agitation.

La photo a été prise d’un point de vue élevé, loin de la scène. D’habitude, j’aime les images très proches de l’événement. Malgré la distance et le fait de ne pas être physiquement dans l’action, l’image captée montre l’instabilité générale de la situation.

La photo souffre de plusieurs problèmes techniques. À l’exception de la petite cabine blanche au centre, il n’y a aucune zone de mise au point sur cette image. Tous les sujets de l’image bougent !

Ce flou de mouvement est une erreur technique importante provoquée par la combinaison de deux éléments : une vitesse d’obturation trop faible lors de la prise de vue, combinée au mouvement très rapide des migrants.

Ironiquement, ces imperfections nous déstabilisent et illustrent parfaitement la situation chaotique.

Autre version, plus nette, de la photo montrant des migrants tentant de franchir la frontière située dans l’enclave africaine espagnole de Ceuta, au nord du Maroc. Photo prise dans la région de Fnideq, le 15 septembre 2024.

Photo : Getty Images / AFP

Voici une deuxième photo de cet événement, cette fois sans bougé d’appareil photo. La vitesse d’obturation a été augmentée, tous les sujets sont figés. Notre œil se déplace vers le centre de l’image. Cette version bien cadrée est plus esthétique, c’est une excellente photo.

Malgré tout, je préfère la première variante, plus surprenante. Elle dégage plus d’émotion.

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Des milliers de Libanais ont quitté le sud du Liban pour éviter les frappes israéliennes. Photo prise le 24 septembre 2024.

Photo : Getty Images / AFP / Ibrahim Amro

La dernière semaine a été marquée par l’intensification des frappes israéliennes au Liban, où plus de 550 personnes ont été tuées rien que lundi 23 septembre. Selon les autorités libanaises, cette guerre a fait plus de 1 500 morts en un an.

Les bombardements dans le sud du pays ont contraint des centaines de milliers de Libanais à prendre les routes pour échapper aux bombardements.

Cette photo de circulation routière a été prise à Damour, au sud de Beyrouth. En un clin d’œil, on comprend l’exode des Libanais pour protéger leurs proches et leurs familles.

Une photo simple et explicative, qui ajoute un peu de contexte à cette crise.

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Un manifestant lance un pétard en direction du bâtiment du Sénat mexicain à Mexico. Photo prise le 24 septembre 2024.

Photo : Getty Images / AFP / Rodrigo Oropeza

La disparition et la mort probable de 43 élèves de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, le 26 septembre 2014, restent à ce jour un mystère. Des manifestations ont eu lieu cette semaine pour marquer le 10e anniversaire de ce triste événement au Mexique. La lenteur des procédures judiciaires dans cette affaire a été dénoncée par les manifestants.

Nous voyons fréquemment des images de manifestants lançant des projectiles, mais j’ai rarement vu une image de protestation aussi bien exécutée.

L’approche du photographe Rodrigo Oropeza est sans faille. Le pétard est allumé. Notre regard est attiré par la mèche brûlante qui jette des étincelles. Le tout est accentué par un fond de fumée bleue.

La mise au point sur la main et le projectile en feu est parfaite. N’oublions pas que ce moment s’est produit en une fraction de seconde.

Le photographe a utilisé un objectif grand angle. Il s’est littéralement serré le plus près possible du manifestant. C’est le seul moyen d’obtenir une telle image !

Je soupçonne que nous avons assombri le contour de la main en post-production, afin que nous puissions clairement voir les étincelles et la fumée.

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Izabela, 27 ans, dont le sous-sol a été endommagé après le débordement de la rivière Stronie Slaskie en Pologne. Photo prise le 22 septembre 2024.

Photo : Reuters / Kacper Pempel

Le débordement de la rivière Stronie Slaskie a causé d’importants dégâts en Pologne. Un photographe a pris cette image dans le sous-sol d’une résidence endommagée par l’inondation.

J’adore la composition de l’image. Le cadre de la porte est situé au tiers de l’image. La destruction de la zone inondée est clairement visible. Les gestes de la victime entrant dans la pièce sont naturels.

Mais le photographe Kacper Pempel avait repéré un autre élément, qu’il a astucieusement inclus dans sa photo…

On peut en effet apercevoir, à droite sur l’image, un cadre subtilement éclairé par la lumière naturelle.

Le cadre est intact. Joseph, Marie et le petit Jésus ont été épargnés.

La tempête dévastatrice Boris a fait de nombreuses victimes en Europe centrale et orientale. Malheureusement, la photo est aussi un dur rappel des conséquences des inondations pour des milliers de Québécois qui ont récemment subi des dommages similaires à leur sous-sol.

Mon clin d’oeil de la semaine

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Rencontre avec un véhicule de la GRC patrouillant à la frontière canado-américaine. Photo prise à Hemmingford, Québec, le 24 septembre 2024.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Revenons au sujet des frontières. Accompagné du journaliste Romain Schué, j’ai documenté cette semaine différents passages clandestins empruntés par des migrants qui franchissent illégalement la frontière canado-américaine, dans le sud du Québec.

Des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) patrouillent et surveillent plusieurs de ces petites routes de la région de Lacolle.

Evidemment, lorsque l’on circule sur un chemin de terre ou au milieu d’un champ en bordure de frontière, il n’est pas rare d’être rapidement intercepté par le GRC.

Après avoir expliqué la raison de notre présence, j’ai continué mon travail et terminé mes photos. Nous étions sur un petit chemin improvisé sur un terrain agricole ; Je voulais illustrer que nous étions dans un champ. La présence d’herbes hautes et vertes était essentielle.

J’ai inclus ma voiture sur la photo, pour fermer le cadre. L’angle des pneus de la voiture se dirigeant vers nous ajoutait un peu d’action à l’image. En inclinant la ligne d’horizon vers le haut, j’ai créé un peu de mouvement sur la photo.

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