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la grande histoire de la petite bombe se déroule sur les murs de Didam

La galerie Didam, sur la rive droite de l’Adour, à Bayonne, consacre sa nouvelle exposition à une forme d’art pas toujours considérée par les esthètes : le graffiti. « The Way out », nom de cette rétrospective présentée du 27 septembre au 10 novembre, dans le cadre du festival Points de vue (1), revient sur les codes et les origines de ce pilier du street art. De son apparition dans les années 1960, aux Etats-Unis, jusqu’à son arrivée dans les friches de la banlieue parisienne, vingt ans plus tard. La grande histoire de la petite bombe est ici retracée à travers le travail de dix artistes emblématiques du mouvement : Blade, T-Kid 170, Sect (Blaise), Sino, Maxime Drouet, Ulysse Genet, Rap, Dem 189, Lutes et Feito.

Certains d’entre eux se sont rendus à Bayonne, vendredi 27 septembre, pour assister au vernissage. Parmi le lot, il y a Maxime Drouet et son sourire malade. La première salle de l’exposition est consacrée à son œuvre, qui a connu un sérieux ralentissement en 2011. Après avoir passé dix ans à prendre comme toile de fond les voitures du métro parisien (celles de la ligne H, plus précisément), l’artiste a vu la brigade « tags » de la police des transports arrive à son domicile. Convoqué au commissariat. Sanctions. C’est la fin de son aventure dans les couloirs de la RATP.

De l’ombre à la lumière

Depuis, le jeune quadragénaire s’est reconverti dans les pièces détachées : il peint directement sur les vitres de la casse et les portes des wagons de métro abandonnés à la rouille. « Je prends mon temps, mais je reste sur mes gardes car le problème est le même : on n’a pas le droit de faire ça. » « Délinquant » aux yeux de la justice il y a quelques années, sa réussite force aujourd’hui le respect. Au point d’affoler les galeries. « J’ai été condamné pour graffiti et aujourd’hui, mon travail est présenté dans les musées. J’ai aussi eu une affiche sponsorisée par le ministère de la Culture, et une de mes œuvres achetée par un très grand musée français… »


« Blade » est considéré dans l’histoire du graffiti comme le « roi des rois du graffiti ».

Bertrand Lapègue / « Sud Ouest »

Entre insurrection et vantardise, Maxime Drouet hésite encore. Pour le galeriste Amine Bouziane, qui a accompagné Didam pour monter cette exposition, l’expérience du graffeur pourrait résumer à elle seule le paradoxe de ce mouvement culturel underground. « Son cas répond à quarante années de questionnement sur la transition du graffiti dans le monde de l’art. Vous avez des artistes qui vont faire des graffitis sur toile, qui vont faire des peintures, mais on oublie totalement le contexte du graffiti. Au fond, cela reste du vandalisme et de l’illégalité. Aujourd’hui, le véritable défi du graffiti est de perdurer. »

Exposition dans l’exposition, la galerie Kaxu, au 35, rue Sainte-Catherine, présente une série d’œuvres permettant de pénétrer plus profondément dans l’univers et le processus créatif des artistes invités à Didam. Une importante rétrospective consacrée au graffiti à laquelle il faut ajouter la création d’une nouvelle fresque au lieu-dit le MUR, au 7, rue des Lisses, au Petit Bayonne.

(1) Le festival du street art investit les murs de Bayonne, du 16 au 20 octobre.


Blaise, « Secte » selon son nom de rue, a découvert le graffiti à l’adolescence.

Bertrand Lapègue / « Sud Ouest »

 
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