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Au Louvre-Lens, une vaste exposition explore les liens entre exilés et création : Actualités

Un tableau de l’Arche de Noé fuyant le déluge, des ballots dans une charrette tirée par un vélo : le musée du Louvre-Lens présente jusqu’au 20 janvier une vaste exposition qui explore les liens immémoriaux entre exilés et création.

Intitulée « Exils, regards d’artistes », elle fait résonner quelque 200 œuvres d’artistes classiques et contemporains sur la fuite, l’hospitalité, la traversée et les différentes formes d’exil : intérieur, enfermé.

Adam et Ève expulsés du Paradis, Ulysse et son retour sans cesse retardé, les guerres des XXe et XXIe siècles… l’exposition « traverse 5 000 ans d’humanité, et de civilisations », explique à l’AFP le commissaire de l’exposition Dominique de Font-Réaulx.

Créé à la demande du Louvre, « Exils » s’appuie sur les textes fondateurs, la Bible, le Coran, les mythologies antiques ou le Ramayana (hindouisme), rappelle le conservateur. « À distance de l’actualité » elle fait néanmoins écho aux problématiques actuelles.

Devant le musée, un bateau sur lequel s’entassent des silhouettes sans tête en bois calciné, en référence aux embarcations de fortune utilisées quotidiennement par les migrants sur les routes maritimes : cette œuvre de l’artiste ivoirien Jems Koko Bi évoque « la question du déplacement forcé et exil, violent et souvent dangereux.

Gustave Courbet réfugié en Suisse, Victor Hugo à Jersey, Edouard Manet peignant la fuite par mer du journaliste Henri Rochefort, condamné au bagne pour son rôle dans la Commune, mais aussi Chagall, Picasso, Matisse… « Cette exposition permet de découvrir des artistes majeurs sous un angle différent, souligne le commissaire.

« Les humains se déplacent, et l’exil est parfois une condamnation, mais toujours aussi une aspiration », ajoute Mme de Font-Réaulx, citant le philosophe Etienne Tassin.

Dans l’Arche de Noé de Bassano (XVIe siècle), hommes et femmes rassemblent des animaux et emballent leurs biens.

“C’est le premier exil climatique, et on peut y être sensible avec ce qui s’est passé l’hiver dernier dans le département” du Pas-de-Calais, où des inondations ont contraint des centaines de familles à quitter leur domicile, explique Mme de Font-Réaulx.

– « Entre deux cultures » –

La maquette géante d’une rue dévastée, œuvre du Syrien Khaled Dawwa prêtée par le Mucem de Marseille, raconte le sort de la Ghouta, un quartier de Damas repris par le régime en 2018 après des années de combats contre les insurgés, qui ont entraîné des exodes massifs. .

« C’est une rue résidentielle, ça pourrait être à Kharkiv, à Gaza, au Liban », explique le conservateur.

Le musée présente également une installation de Gazan Taysir Batniji, une valise ouverte avec deux monticules de sable, représentant cet artiste vivant en France « entre deux cultures ».

« Exilés » évoque les drames liés aux migrations clandestines contemporaines. A l’entrée, un bateau enfantin en origami réalisé avec un dépliant d’ONG met en avant les dangers de la traversée de la Méditerranée vers l’Europe.

Au moins 1 116 candidats à l’exil y sont morts ou ont disparu depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui a recensé plus de 17 000 décès et disparitions depuis 2014.

Le poète et vidéaste Frank Smith plante des objets sur une plage de Calais et filme le vent, symbole du “souffle qu’est la vie”, sur cette frontière où 46 personnes sont également mortes cette année en tentant de rejoindre l’Angleterre.

« Le nouveau point culminant du monde III », du Camerounais Barthélémy Toguo (2001), montre des bustes géants, en réalité des cachets administratifs – « transit non-stop », « annulé », « visas ».

L’exposition met également à l’honneur les immigrés du bassin minier : une galerie présente de la vaisselle, des sets de table ou des maillots de football de leur pays d’origine, prêtés par les habitants, dont certains parlent français, arabe, wolof ou ukrainien. .

Côté scénographie, chacun est invité à choisir son propre itinéraire. Au centre, une île offre aux visiteurs « un espace de liberté, de repos » face aux « multiples chemins de l’exil ».

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, 117 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde en 2023 en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits de l’homme ou d’événements troublant l’ordre public.

 
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