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La mort d’Eikoh Hosoe, pionnier de la photographie japonaise

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Eikoh Hosoe, in Arles (Bouches-du-Rhône), in 1976. JEAN DIEUZAIDE / AKG-IMAGES

Avec la mort d’Eikoh Hosoe, une figure tutélaire de la photographie japonaise disparaît. Auteur, dans l’après-guerre, d’une œuvre pionnière à la subjectivité expressionniste, proche de la performance, il a longtemps été un vecteur de la photographie dans son pays, grâce à ses nombreux échanges avec des artistes étrangers et son rôle de directeur du Musée de Photographie (KMoPA) à Kiyosato, près de Tokyo, depuis sa création en 1995. Il est décédé le 16 septembre, à l’âge de 91 ans, après avoir marqué son époque par des photographies tourmentées à la sensualité troublée.

Lorsqu’Eikoh Hosoe débute sa carrière au début des années 1950, il adhère au style du documentaire social alors très répandu dans le Japon d’après-guerre. Ses premières images témoignent de la présence américaine dans le pays et de la vie quotidienne dans les quartiers populaires. Le photographe, qui parle très bien anglais, est déjà ouvert sur l’Occident, et décide de changer son prénom de Toshihiro en Eikoh, qu’il juge plus moderne et qui signifie « le grand Anglais ».

Avec cinq autres photographes, dont Shomei Tomatsu (1930-2012) et Akira Tanno (1925-2015), il crée un collectif phare, inspiré du modèle de l’agence Magnum. Il l’a baptisé Vivo – « la vie » en espéranto – avec l’idée de dépasser les limites du documentaire et de s’adresser à un public qui ne serait pas uniquement japonais. Une expérience fondatrice, même si elle se termine au bout de quatre ans.

Esthétique unique

C’est sa découverte du monde de la danse qui marque pour lui un tournant radical, et notamment sa rencontre avec le danseur Tatsumi Hijikata (1928-1986), son ami et complice de toujours. En 1959, Eikoh Hosoe le voit jouer dans l’adaptation d’un texte de l’écrivain Yukio Mishima (1925-1970), Kinjiki (1951) (Amours interditsGallimard, 1989), qui raconte les amours homosexuelles.

Ce spectacle restera dans l’histoire comme le moment fondateur du buto, ce théâtre dansé avant-gardiste, lent et minimal, en rupture totale avec les arts du spectacle traditionnels japonais. Totalement captivé par la performance, Eikoh Hosoe collaborera avec Tatsumi Hijikata et Kazuo Ohno (1906-2010), co-fondateur du buto, dans plusieurs œuvres à l’esthétique unique.

Lire aussi (2000) | Article réservé à nos abonnés Buto, danse extrême

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La série Homme et Femme, qui fera l’objet d’un livre en 1961, met ainsi en scène un homme et une femme nus dans des images hallucinatoires, consumées par une noirceur à la fois sensuelle et inquiétante. Chez Eikoh Hosoe, l’image sera désormais le support d’une subjectivité exacerbée. Le tout, accompagné de poèmes de Taro Yamamoto (1925-1988), fait sensation.

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